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Davie : 610 M$ pour convertir trois brise-glaces

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CRÉDIT : AUDE MALARET

11 août 2018 03:28

Le gouvernement canadien a annoncé l’attribution d’un contrat de 610 M$ au chantier Davie pour l’acquisition de trois brise-glaces commerciaux de taille moyenne et le début immédiat des travaux de conversion du premier navire.

Après sept mois de négociations «longues et dures», selon Spencer Fraser, directeur général de Federal Fleet Services, ce ne sont finalement que trois navires, au lieu des quatre espérés par le chantier, qu’a obtenu la Davie. Déjà partis de chez la société Viking en Scandinavie vers Lévis, les trois brise-glaces doivent combler les besoins de la garde côtière pour déglacer les voies navigables pendant l’hiver.

Steven MacKinnon, le secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics, de l’Approvisionnement et de l’Accessibilité, Carla Qualtrough, et le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement et député de Québec, Jean-Yves Duclos, s’étaient déplacés sur le chantier pour faire part de la nouvelle aux travailleurs.

Ce nouveau contrat assurera du travail à 200 travailleurs en moyenne pendant deux ans. Les premiers travaux de mise à niveau sur le premier navire seront effectués à l’automne, afin qu’il soit prêt à briser les glaces du Saint-Laurent, mais aussi dans la région des Grands Lac, au Saguenay et dans la région atlantique, dès l’hiver prochain. Ces travaux permettront aussi de déterminer l’ensemble de l’ouvrage à effectuer et les coûts pour la conversion finale des brise-glaces.

Ce n’est qu’une fois les navires examinés et les travaux à effectuer déterminés, que le gouvernement du Canada sera en mesure de savoir s’il y aura des coûts supplémentaires. Les deuxième et troisième navires seront convertis, remis à neuf et pourront appuyer les programmes de la garde côtière d’ici l’été 2019 et l’hiver 2019 à 2020, respectivement.

Répondre aux besoins

«Nous annonçons que nous donnons à la garde côtière, qui exploite la plus grande flotte civile au pays, les navires d’appoints dont elle a besoin pour continuer d’assurer ses services pendant que de nouveaux navires sont construits dans le cadre de la stratégie nationale de la construction navale», a déclaré Steven MacKinnon, le secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics, de l’Approvisionnement et de l’Accessibilité.

«Les besoins de la garde côtière sont pressants et considérables. Ils doivent être comblés si nous voulons assurer à la fois la sécurité et l’efficacité du transport maritime», a-t-il ajouté, tout en laissant entendre que les opportunités allaient se poursuivre afin de continuer à répondre aux besoins nouveaux ou provisoires. Comme il a été dit, ce n’est pas tous les jours que le gouvernement annonce de nouvelles capacités pour la garde côtière. Le dernier brise-glace remonte en effet à 1993.

Faire partie de la solution

Pour Spencer Fraser du chantier Davie, ces trois bateaux sont le pont vers le futur. «On n’est pas déçus. C’est clair qu’on veut avoir plus, on veut voir tous les gens (du chantier) travailler. Aujourd’hui, c’est une journée de célébration», a-t-il assuré. Il a dit comprendre et respecter les priorités et les besoins établis par la garde côtière et le gouvernement.

«C’est important pour un chantier avec 1 200 employés d’avoir du travail quand on sait qu’il y a un besoin. Ce n’est pas parce qu’on demande des contrats, (qu’on en demande) s’il n’y a pas de besoins dans le pays. La garde côtière doit remplacer une douzaine de brise-glaces dans les 12 ans à venir et on veut que le chantier Davie en fasse partie», a-t-il fait savoir.  

 Une reconnaissance 

Rappelant que le gouvernement Trudeau travaille à l’analyse de la stratégie maritime et annoncera une refonte cet automne, Spencer Fraser a laissé entendre : «Évidemment, on veut que la Davie et tous les fournisseurs du Québec en fasse partie, car on représente 50 % de la capacité de construction navale au Canda. C’est important qu’une partie du renouvellement de la flotte se fasse ici.»

«Nous doublons la valeur des contrats accordée au Québec. On passe à 1,3 G$ sur un total de 8 G$, ce qui représente une augmentation de 10 % à 17 % de la part des contrats dans la stratégie nationale, accordée à des entreprises du Québec. Ce n’est pas un cadeau, c’est une reconnaissance du fait que le Québec, la région de Québec et Lévis en particulier sont capables, et en ont fait la démonstration au cours des derniers mois, d’appuyer de manière rigoureuse, en respectant les échéanciers et les budgets, les besoins en matière navale», a rappelé le ministre Duclos.

Des réactions mitigées

Du côté de la CSDN, cette annonce représente un début, mais n’est pas à la hauteur de ses attentes. Pour la présidente du conseil central de Québec Chaudière-Appalaches, la situation continue à être inquiétante à la fois pour les travailleurs du chantier que pour les emplois créés indirectement. «Environ 250 travailleurs syndiqués s'y activent actuellement afin d'achever le dernier traversier commandé par la Société des traversiers du Québec, alors qu'ils étaient 1 000 à l'arrivée au pouvoir du gouvernement Trudeau, souligne-t-elle. Quand celui-ci sera livré, il ne restera que les contrats pour les trois brise-glace dont il est question aujourd'hui, somme toute assez modestes, car le carnet de commandes est vide. Que seront devenus les travailleurs qui ne se seront pas retrouvé un emploi à la Davie? Déjà, plus de 300 syndiqués ont remis leur démission. Aurons-nous la main-d'œuvre experte nécessaire pour que le chantier puisse se qualifier dans le cadre des appels d'offres à venir?» 

Le député fédéral Steven Blaney a dénoncé dans un communiqué l'annonce tardive d'une fraction du contrat promis au chantier Davie par

les libéraux en début d'année. «Au lieu de n'octroyer que des miettes au plus performant chantier canadien, les libéraux devraient commander sans tarder le second navire de ravitaillement, Obelix et intégrer le chantier Davie dans la stratégie navale canadienne compte tenu de ses excellentes performances et des nouveaux besoins de la marine et de la garde côtière», a-t-il demandé.

Le candidat de Québec solidaire Lévis Georges Goma a lui dénoncé que cette annonce ne permet pas à l’industrie navale québécoise d’obtenir sa juste part.

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