Par Aude Malaret
«L’idée était de doter le Québec de son propre éditeur-libraire en ligne avec impression papier à la demande, comme il y en avait déjà en Europe et aux États-Unis. On s’est lancé en juin 2003 après une étude de marché qui a duré quelques mois», raconte Serge-André Guay, président éditeur de la Fondation littéraire Fleur de Lys.
En réponse aux demandes des auteurs, le projet a pris la forme d’un organisme sans but lucratif connu au départ sous le nom Manuscrit Dépôt pour devenir ensuite la Fondation littéraire Fleur de Lys. «Ce qui nous distinguait au départ, ce sont les corrections qu’on avait apportées au modèle de l’édition en ligne qui existait ailleurs. Les auteurs se plaignaient qu’ils devaient céder leurs droits pour une édition en ligne. Ils voulaient les conserver et accorder une licence d’édition à l’éditeur en ligne sur une période donnée à l’avance», précise Serge-André Guay.
N’exigeant pas la cession des droits d’auteur de la part de ses auteurs, la Fondation littéraire a aussi limité son contrat d’édition dans le temps à deux ans. Aussi, elle a permis à ses auteurs de poursuivre leur recherche d’un éditeur traditionnel et, le cas échéant, de mettre fin à leurs contrats avec la Fondation littéraire en tout temps au profit de l’édition traditionnelle.
«Au début de l’édition en ligne à la fin des années 1990, les livres étaient uniquement offerts sous forme de fichiers numériques, la plupart du temps en format PDF. Une compagnie a sorti une chaîne de production miniaturisée pour être capable de faire un seul exemplaire à la fois. Alors, le développement a été fulgurant, parce que les gens ne voulaient pas uniquement avoir la version numérique et voulaient la version papier», souligne l’éditeur.
Avec l’arrivée de ce nouveau processus d’impression, il devenait donc possible de commander à l’imprimeur un seul exemplaire à la fois, selon le principe de l’impression à la demande, un service qu’a alors lancé la Fondation littéraire Fleur de Lys. Le projet peut également compter sur une librairie en ligne. L’organisation doit d’ailleurs sa longévité au respect de son modèle d’affaires, qui permet la suppression des coûts d’importants tirages, de leur entreposage, de leur distribution et de la vente en librairies traditionnelles.
«Je suis content qu’on ait survécu pendant 20 ans. Ici, on ne bénéficie pas de subventions d’aide au développement. Il a fallu qu’on s’autofinance et c’est ce qu’on est parvenu à faire en 20 ans. Ce dont je suis le plus fier, c’est qu’on est toujours là 20 ans plus tard et on autofinance toujours la Fondation. On a réussi à attirer des auteurs talentueux et des écrivains professionnels tout comme des amateurs», se réjouit Serge-André Guay.
S’il pensait au début que la Fondation littéraire attirerait davantage de jeunes auteurs, «qui avaient de la misère à trouver un éditeur traditionnel avec une distribution en librairie», ce sont finalement «les préretraités et les retraités qui sont venus».
«Souvent, ils voulaient léguer quelque chose à leurs enfants ou leurs petits-enfants dans une autobiographie ou un récit de vie. On publie aussi beaucoup d’essais d’auteurs qui approfondissent des sujets très sérieux liés à leur carrière, leur domaine d’étude ou de pratique, qui découlent de leur propre expérience de vie.»