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Lettre ouverte

Municipalité - Ce n’est pas l’argent qui manque. C’est la rigueur!

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Photo : Courtoisie

22 avr. 2025 10:47

Depuis des années, le même disque tourne dans le monde municipal : «Il nous faut plus d’argent». On doit diversifier les revenus. On blâme les gouvernements supérieurs. On réclame de nouveaux pouvoirs de taxation… C’est assez, arrêtez l’hypocrisie.

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles des auteurs signataires.

Le problème des municipalités, ce ne sont pas les revenus. Ce sont les dépenses. C’est la gestion. Je travaille dans ce milieu depuis longtemps. J’en ai vu des budgets qui explosent, des projets sans queue ni tête, des plans stratégiques qui finissent au fond d’un tiroir. Soyons clairs : si une entreprise était gérée comme bien des villes, elle ferait faillite en six mois. Trop de dépenses inutiles, trop peu de rigueur, trop de décisions prises pour l’image, jamais pour servir.

Et pendant ce temps, l’argent rentre. La taxe foncière bat des records. Les transferts sont stables. Les droits de mutation explosent en raison du marché. Mais il sort encore plus vite. Et c’est là que le bât blesse.

Regardons la masse salariale. On embauche à tour de bras. On invente des postes, on distribue des titres, rarement par besoin. Le réflexe, c’est d’en ajouter et jamais se remettre en question.

Puis viennent les projets dits structurants. Centres culturels à X millions, places publiques redessinées, pistes cyclables par milliers, œuvres d’art à 200 000 $ l’unité, parcs canins à plus d’un demi-million, etc. Photogéniques? Oui. Essentiels? Non. Pensés pour durer? Jamais. Aucune réflexion sur les coûts d’entretien, zéro analyse d’impact réel, mais ça fait une belle photo à l’inauguration pour les réseaux sociaux.

Et que dire des dépenses inutiles: études, consultants, plans stratégiques, comités d'inclusion et firme de communication. Il y a des villes où l’on paie des firmes privées à 300 $ de l’heure pour réfléchir à la place des bacs de compost. Ces mêmes firmes pensent, choisissent, et préparent les règlements et les sorties publiques pour les élus... Les municipalités passent des mois en consultations pour justifier ce que le gros bon sens aurait réglé en deux jours. Des études à 100 000 $ pour apprendre que l'eau c'est mouillé! C’est devenu une industrie : celle de l’inaction camouflée sous des airs de réflexion à plusieurs millions. Il n'y a que deux gagnants : les firmes et les élus qui se déresponsabilisent. Tout ça pour nous redire ce qu’on sait déjà : les routes sont pourries, les infrastructures souterraines abandonnées, les jeunes veulent des logements et la population vieillit. Réclamez 200 $, passez go!

Il est temps de mettre les dépenses sur l’Ozempic. De revoir chaque dollar avec une seule question en tête: Est-ce essentiel à notre mission de service public? Dire non. Refuser des demandes. Restructurer. Geler les embauches. Oui, même mettre à pied quand c’est nécessaire. C’est dur? Oui. Mais c’est le prix de la responsabilité. Parce que si on continue comme ça, ce ne sont pas les taxes qu’on va devoir augmenter, c’est notre tolérance au gaspillage. Et elle, elle est déjà dépassée.

Comme directeur général, je vous le dis sans détour : les municipalités ont les moyens de bien servir les citoyens. Ce qu’il leur manque, trop souvent, c’est le courage. Parce que dans bien des conseils municipaux, on évite la vraie discussion. On se défile. On veut plaire. On est trop émotif et on couve nos votes avec des contrats. Chaque année, le trou se creuse. Le statu quo est impensable. Il faut remettre la gestion au cœur du monde municipal. Arrêter de quémander plus de revenus et commencer à mieux utiliser ce que l’on a. Le contribuable n’est pas un puit sans fond. Il mérite mieux.

D’ailleurs, posons la vraie question : pourquoi un citoyen qui consulte un conseiller financier doit toujours commencer par revoir ses dépenses… mais une ville, elle, en serait exemptée? Municipalités, élus et directions, ouvrez les yeux. Vous n’êtes pas uniques. Vous n’êtes pas différents. Vous faites à grande échelle ce que chaque citoyen doit faire tous les jours.

Renaud Labrecque

Directeur général de la Municipalité de Parisville et chroniqueur à CHOI Radio X 98,1

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