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Dans la peaud’Isidore Bakanja : nouvelle expositionà Regart

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L’artiste Nkembo Moswala dans la galerie l’Autre Gare du centre d’artistes Regart.� Photo : Marie-Ève Groleau

13 déc. 2022 09:43

Le centre d’artistes en art actuel, Regart, présente, dans son espace galerie L’Autre Gare, l’exposition Dans la peau d’Isidore Bakanja. Il s’agit du travail de Nkembo Moswala, un artiste originaire de la République démocratique du Congo qui a élu domicile à Lévis. Les œuvres pourront être vues de l’intérieur et de l’extérieur. Il est possible d’entrer dans la galerie jusqu’au 18 décembre et de voir les œuvres de l’extérieur jusqu’au 8 janvier prochain.

L’exposition d’envergure, qui s’est réalisée en collaboration avec le Tremplin, le centre pour personnes immigrantes et leurs familles de Lévis, est une installation qui traduit au visiteur une expérience culturelle. Les gens pourront voir des œuvres de grands formats, des pièces de vêtement imposantes, «qui témoignent d’une souffrance, d’un passage initiatique vers la lumière et la résilience».

Contraint de rester au Canada pendant la pandémie, Nkembo Moswala, qui est un artiste professionnel émergent, a travaillé dans une usine de fabrication de meubles. Après s’être blessé au dos, il s’est fait congédier.

Dans le cadre de ce projet artistique, l’histoire d’Isidore Bakanja, né en 1885, a inspiré Nkembo Moswala, qui a fait des ponts avec son histoire personnelle.

L’histoire de ce migrant de l’époque, converti au catholicisme et vu comme un martyr de l’ère coloniale, est un prétexte pour l’artiste d’aborder les enjeux des immigrants dans leur milieu de travail. L’exposition soulève des questions reliées à l’exploitation, à la main-d’œuvre et aux difficultés de l’expérience migratoire. Nkembo Moswala se demande notamment s’il existe encore aujourd’hui une catégorie de personnes dont la dignité humaine est remise en cause et que si tel est le cas, sont-elles celles qui infligent ou celles qui subissent.

«D’abord, je me suis mis dans la peau d’Isidore Bakanja. Il m’a inspiré parce que je me suis retrouvé un peu dans sa situation. À l’époque de l’État indépendant du Congo, l’actuelle République démocratique du Congo, c’était le roi souverain Léopold II (NDRL : roi de la Belgique, un pays européen qui a pris possession de ce territoire africain à l’époque de la colonisation) qui avait le contrôle du pays. Par contre, Isidore Bakanja n’était pas migrant au Canada comme moi, mais il était au Congo et il vivait comme un étranger. Il est mort à cause de ses convictions et de ses croyances. Il a été fouetté, il s’est meurtri le dos. Par rapport à moi, je suis arrivée au Canada, obligé d’élire domicile ici à cause de la COVID et je me suis ensuite blessé au dos, j’ai été mis à la porte et chassé du travail» , a d’emblée raconté l’artiste titulaire d’un baccalauréat en arts visuels de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa.

Six participants immigrantes et immigrants ont eu la chance de travailler avec l’artiste pendant cinq ateliers. La démarche, au cœur du politique, a été aussi engagée qu’engageante, à l’égard du processus de création.

Le geste créateur a comporté des incisions par brûlures, à l’aide d’outils insérés dans les tissus de grandes tailles. Avec ses collaborateurs, l’artiste a proposé précisément la technique ancestrale d’incision et de marquage qui se dit Nzoloko et qui signifie scarification en lingala. L’incision et la perforation par brûlure «font jaillir la lumière qui se trouve à l’intérieur même du vêtement». Pour l’artiste, cette lumière représente la poursuite d’une quête du bonheur.

Les œuvres sont exposés à l’Autre Gare de Regart, au 5995 rue Saint-Laurent à Lévis, jusqu’au 18 décembre et restera en vitrine jusqu’au 8 janvier.

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