De la page blanche au livre imprimé entre leurs mains, les élèves de quatrième secondaire de l’École secondaire les Etchemins (ESLE) ont vécu toutes les étapes de la création d’un texte et d’un recueil. Un projet pas comme les autres, où sortir du cadre et être imaginatif faisait partie du défi.
Une idée, la leur. Ils l’ont choisie, puis l’ont racontée. À leur façon et hors de toutes contraintes scolaires. Ils ont décidé du genre du texte, d’un fil conducteur et se sont mis à écrire.
Accompagnés par l’écrivaine professionnelle, Mélissa Verreault, les élèves de quatrième secondaire de l’ESLE se sont glissés dans la peau d’un auteur et ont découvert toutes les ficelles de la profession.
«Être écrivain, c’est un métier. Ça s’apprend, il y a des techniques. Ce n’est pas juste de l’inspiration et un feeling. Il y a une méthode et une expertise qui se développent au fil du temps», partage Mélissa Verreault, qui souhaite sensibiliser les jeunes à la réalité des écrivains.
«On vit dans une société où c’est souvent incompris, on pense que ce sont des gens qui vivent de leur hobby, qu’ils sont bien chanceux, que leur passe-temps leur rapporte de l’argent», ajoute-t-elle.
Et, si les jeunes se sont confrontés aux étapes de l’écriture et au travail nécessaire pour mettre leurs idées en mots, ils ont aussi découvert le plaisir de la création.
Hors du cadre scolaire, les jeunes découvrent «à quel point ils sont capables, ils ont des idées, ils sont imaginatifs et créatifs», souligne l’écrivaine, qui a observé qu’en sortant des obligations, des devoirs et de la pression des bonnes notes pour passer à la prochaine étape, certains élèves se sont mis à aimer ça, écrire.
«L’idée, c’est de se réaliser soi, comme individu créateur. Il y en a plusieurs qui ont eu des flashes et ont réalisé qu’ils avaient eu du fun. Ce qui est une aberration pour un ado de découvrir qu’il a du fun en faisant du français», s’amuse l’écrivaine.
Pour la deuxième année, le projet lancé par l’enseignante de français, danse et art dramatique à l’ESLE, Marie-Mai Tardif, s’est déroulé de novembre à avril. C’est à la suite d’un atelier d’écriture avec Mélissa Verreault, que l’enseignante a imaginé pousser l’idée plus loin.
Écrire sur la génération Z
À partir de la thématique de la génération Z, seule contrainte à leur créativité, les jeunes ont écrit un texte qu’ils pouvaient raconter à leur façon. Une fois la rédaction terminée, ils ont utilisé une méthode d’autorévision pour élaborer une deuxième version.
«Est-ce qu’ils ont utilisé le bon système verbal, le bon narrateur ? Est-ce que le genre du texte correspond à l’idée ?», illustre Marie-Mai Tardif.
Après cette première révision, les textes des 87 élèves de la cohorte ont été lus par Mélissa Verreault qui les a aussi rencontrés un à un pour leur partager ses commentaires et ajuster le texte avec eux. C’est qu’en faisant parler les élèves de leur texte, ils sont capables de donner plus de précisions, constate l’enseignante. L’objectif : améliorer la clarté et en finir avec les phrases ainsi que les termes flous.
«Quand j’ai écrit ma première version, pour moi, c’était clair, tout était parfait, parce que dans ma tête ça marchait. Mais après avoir rencontré Mélissa, j’ai vu ce qu’il y avait à retravailler et qu’il n’y a rien de parfait quand on écrit une première fois», explique Lydia Louis-Seize, qui s’est rendu compte des multiples étapes «pour arriver à faire un texte qui a beaucoup de sens et qui est clair».
La création de trois recueils
Une fois les textes achevés et corrigés, les jeunes sont passés à l’étape de la conception du livre et ont travaillé en groupe sur la première de couverture, l’ordre des textes ou encore la table des matières. Une étape d’apprentissage de la collaboration qui a donné naissance à trois recueils imprimés et présentés lors d’un grand lancement à l’ESLE, le 7 juin, en présence des jeunes auteurs et de leur famille.
«Ça devient un projet personnel. Les élèves le font pour eux, parce qu’ils savent que ça va laisser une trace. Un devoir ou un examen, on le fait, on a la note. Mais là, le livre imprimé, ils vont le garder longtemps. Dans cinq, dix ou vingt ans, ils vont retomber dessus et ça va leur rappeler des bons souvenirs. Comme un album de finissants, ça va les replonger dans cette époque de leur vie», souligne Mélissa Verreault.
Fières du travail accompli, Lydia Louis-Seize et Marine Boisvert trouvent que publier leur texte dans un recueil est «une expérience que chaque élève devrait vivre. Ça donne de l’importance à ce qu’on a écrit». Et de conclure, «ça m’a fait chaud au cœur. Le voir, le prendre dans ses mains, le feuilleter. C’est vraiment beau».