«Une chance que j’ai la microbrasserie. Si j’avais juste le pub, je ne sais pas comment je ferais. On est en bonne position à cause des ventes à l’export», souligne Martin Vaillancourt. CRÉDIT : MAUDE CHENETTE

Les propriétaires de restaurants et de cinémas du coin sont unanimes, la nouvelle fermeture des salles à manger et de cinéma qui est en vigueur depuis le 31 décembre est un coup très dur pour les ressources financières, humaines et matérielles de leurs entreprises.

Plusieurs propriétaires de restaurants, cafés, microbrasseries et salles de cinéma lévisiens ont accepté de partager avec le Journal les conséquences de ce nouvel arrêt imposé de leurs activités. D’emblée, certains d’entre eux ont déploré que la mise en place du passeport vaccinal cet automne n’a pas empêché la fermeture de leurs établissements, alors qu’ils s’étaient fait promettre que cette mesure allait éviter un nouvel arrêt de leurs activités.

«Depuis le début, on sert de bouc émissaire pour ça. Ah, c’est facile fermer un restaurant. Ça n’a pas marché l’an passé et on recommence cette année. C’est nous, les restaurateurs et propriétaires de gym qui ont implanté le passeport vaccinal. C’est nous qui avons eu la patate chaude. Ils disaient qu’on n’allait pas refermer avec le passeport et c’est ça qu’on voit là», a relaté Martin Vaillancourt, propriétaire de la microbrasserie le Corsaire.

«Moi, je suis débarqué un peu de ça et je n’ai jamais cru que le passeport vaccinal les empêcherait de nous faire refermer. Je ne crois plus à ce qu’ils disent», a quant à lui avoué Sylvain Gilbert, propriétaire du Cinéma Lido de Lévis et du Cinéma des Chutes de Saint-Nicolas.

Endettés par Québec

Même que plusieurs des propriétaires interrogés par le Journal disent ne plus avoir d’attentes et même d’avoir perdu espoir envers le gouvernement provincial «qui peine à aider les entreprises dans cette situation de merde».

Rappelons que le gouvernement fédéral offre des subventions pour venir en aide aux restaurateurs et autres entreprises qui font face à une telle situation. Quant au gouvernement provincial, il offre plutôt des prêts avec la possibilité, mais non la certitude, que cette aide soit transformée en subvention selon les besoins de l’organisation. De plus, tous sont d’accord pour dire que les documents à remplir pour obtenir ce coup de pouce financier sont complexes.

«Lorsque tu es un petit restaurant, souvent tu fais ton administration. Les demandes de subvention sont faites pour ne pas les demander tellement c’est compliqué. Et pour y avoir accès, tu dois faire faire des états financiers. Pour un petit restaurant et avec de petits revenus comme le mien, ça coûte aussi cher de faire produire les états financiers que la subvention elle-même», a expliqué Claudine Hasty, propriétaire du restaurant Au grain de folie.

De son côté, le propriétaire du Corsaire critique également que le gouvernement provincial offre des «prêts à taux d’intérêt vraiment élevé pas possible à avoir et avec beaucoup de paperasse». «Ce soutien ne fait qu’augmenter notre endettement. C’est se pendre carrément», a-t-il illustré.

Pour sa part, M. Gilbert dit ne pas avoir l’impression d’avoir été soutenu par Québec. «Une fois qu’on a remis toute la paperasse, qui nous demande des documents à l’infini, ce qui nous enlève l’envie de le faire, ils évaluent la demande et nous donnent une aide. Celle-ci va peut-être être offerte en subvention, mais au départ c’est un emprunt et tu dois le rembourser.»

Take-out ou burn out

Malgré tout, les entreprises veulent continuer d’offrir leurs services à leur clientèle et du travail à leurs employés. C’est donc même à perte ou aux dépens de devoir reconfigurer leurs installations et leur menu que certains restaurateurs ont mis en place une offre de repas pour emporter. Les restaurants le Corsaire, Au grain de folie et L’Intimiste ont réalisé ces changements.

«Des clients, ils nous en restent en repas pour emporter, mais ce n’est pas aussi fort qu’avant. À la première vague, les gens étaient plus présents, mais ça fait deux ans qu’on paye pour travailler. Le restaurant a rapporté moins 22 000 $ en 2020. On a dépensé pour rester en vie, acheté des choses pour rester à la hauteur des normes et standards des assurances, agrandir la cuisine, perdre des tables et des revenus, a souligné Mme Hasty. C’est notre gagne-pain et notre vie au grand complet. Deux ans plus tard, on se dit qu’on ne survivra pas une troisième année comme cela. Avant la COVID, on avait des économies, mais si ça continue on n’aura pas le choix de fermer.»

Les repas pour emporter n’étaient pas non plus offerts à L’Intimiste avant la pandémie. «Ce n’est pas le type de restaurant idéal pour ça, mais on s’en tire bien quand même», a mentionné Martin Patry, propriétaire de l’établissement.

C’est également une façon pour ces entrepreneurs de continuer d’offrir un salaire et une stabilité à leurs employés. Plusieurs ont mentionné avoir eu des employés qui ont souffert de troubles de santé mentale ou qui ont quitté leur établissement pour changer de carrière, en raison de la situation instable provoquée par les changements apportés aux mesures sanitaires.

«Nous avons ajouté du take-out au Pub la Traverse, mais ce n’est vraiment pas une mesure qui est rentable. On a roulé à perte tout le temps qu’on l’a fait l’année passée. C’est plutôt une mesure qu’on fait pour garder les employés occupés, garder le moral aussi et la place vivante. On a eu des cas de dépression avec la fermeture l’an passé. Le gouvernement ne pense pas à la dépression», s’est désolé Martin Vaillancourt.

Du côté du ES Café, bannière qui a quatre succursales à Lévis, ses propriétaires s’inquiètent plutôt des conséquences de la fermeture pour leur clientèle. «Nous sommes déçues pour notre clientèle. Ce sont beaucoup des personnes seules ou à deux qui venaient prendre leur petit café. C’est pour le moral des clients que cette nouvelle fermeture me déçoit. C’est le côté humain, les gens qui venaient chaque jour juste chercher leur petit sourire», a ajouté Stéphanie Fortin, la présidente et fondatrice de la chaîne.

Enfin, certains aimeraient que leurs commerces puissent accueillir les clients par bulle familiale de nouveau ou que les prêts aux petites entreprises soient pardonnés. Malgré tout, si certains d’entre eux sont encore en bonne posture, ce n’est pas une situation qu’ils souhaitent voir perdurer.

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