Une pétition rassemblant plus de 100 signatures, qui représente l’opinion de plus de 300 personnes selon ce que rapporte le groupe de citoyens, a été remise à Hydro-Québec, en août dernier, accompagnée d’une lettre d’opposition. À la suite de cette lettre, citoyens s’opposant au projet à une rencontre, qui s’est déroulée le 6 novembre dernier, pour présenter le dernier tracé de la ligne optimisée.
L’origine du projet
Au printemps dernier, la société d’État a entamé une consultation citoyenne au sujet d’un projet de ligne de pylônes dans le secteur Charny près de la place Bon-air et des rues des Benoites et des Osmondes, n’envoyant toutefois aucune invitation aux résidents du quartier.
«Nous avons procédé à des invitations, mais la liste d’invitations n’était pas complète. C’était un oubli, en fait, même pas un oubli je dirais, c’est que la liste qui a été créée avait des erreurs. Ce n’est pas quelque chose qui était souhaitable et nous l’avons reconnu lors des séances qu’on a tenues. Effectivement, il y a eu une problématique avec la liste d’envoi», soutient Alexandre Pelletier, conseiller en relation avec le milieu de la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches et directeur des affaires régionales et collectives chez Hydro-Québec.
Le 9 juillet, au moment de la seconde présentation, plusieurs citoyens se sont présentés, mécontents de cet oubli et s’opposant au tracé de la ligne de pylônes. Hydro-Québec a alors pris en compte leurs préoccupations et leur a assuré qu’un nouveau tracé serait étudié.
«Chez tous les résidents de mon quartier, personne n’a eu d’avis au printemps, donc on ne s’est pas présenté. Il n’y a pas eu d’opposition ou de questionnements venant des résidents puisque nous n’avons pas été avisés. On leur reproche de ne pas avoir été bien organisés», explique Claude Houde, résident du quartier depuis plus de 25 ans.
Pour donner suite à la rencontre du mois de juillet, une pétition citoyenne a été mise en branle pour soulever des inquiétudes basées sur le fait que «l’installation de cette infrastructure lourde et visuellement intrusive dans le quartier aura un impact direct sur la qualité de vie et le caractère esthétique de l’environnement», peut-on lire dans une lettre de Sarah Samson, résidente du quartier.
Au mois d’octobre, Hydro-Québec a rendu public le nouveau tracé du projet de ligne de pylônes de Charny. Cette nouvelle proposition d’Hydro-Québec a toutefois déçu les résidents du quartier, qui déplorent que bien que des modifications aient été apportées au tracé original, ce nouveau plan ne répond pas à leurs attentes.
«Ça vient changer complètement le décor. Nous avions déjà une ligne électrique du côté nord avec servitude. Là, on en a une du côté sud et une du côté ouest. Celle du côté nord ne faisait que traverser la terre, mais la nouvelle la traverse et tourne le long de la ligne. Notre terre sera enclavée de trois côtés par la nouvelle ligne électrique», explique Ghislain Morneau, propriétaire et cultivateur qui réside dans le quartier depuis les 25 dernières années.
Revendications citoyennes
Le rassemblement citoyen est d’avis que la construction d’une ligne temporaire permettant de modifier la ligne déjà présente serait la solution optimale puisque le déboisement est déjà fait et que la servitude leur ait été accordée.
«C’est Microsoft qui paie pour la construction de cette nouvelle ligne. Ils l’évaluent à 35 M$. Étant donné qu’il y a déjà une ligne dans ce secteur-là, ils vont démanteler la ligne existante qui a un beau tracé. Elle passe au-dessus d’une cour à ferraille et sur des territoires agricoles où le bois est déjà coupé puisque c’est une ligne existante. Ils nous disent qu’ils ne peuvent pas utiliser celle-ci puisqu’elle a été construite dans les années 60», ajoute Claude Houde.
«Nous l’avons évalué, mais malheureusement c’est une vieille ligne. On arrive avec une ligne qui a une structure plus large. On aurait besoin d’aller chercher un peu plus d’emprise. Ça viendrait impacter des bâtiments qui sont déjà bâtis. On ne voulait pas aller là pour ne pas avoir à démolir des bâtiments qui sont déjà bâtis», rétorque la société d’État
La solution d’Hydro-Québec
Le nouveau tracé optimisé présenté par Hydro-Québec au mois d’octobre propose le retrait de 13 pylônes. Le pylône 3 a été déplacé de 160 mètres afin d’être éloigné du secteur habité de la route Bécar à Saint-Jean-Chrysostome et les pylônes 7, 8 et 9 ont également été déplacés d’environ 140 mètres vers le nord pour être éloignés de la ligne du secteur résidentiel de la Place Bon-air et des rues des Benoites et des Osmondes. Ce déplacement limite le déboisement du secteur au nord du plan.
«On est allé présenter le tracé qui était retenu. Celui qu’on considère de moindre impact. Tous les tracés ont quand même un impact, mais l’objectif, pour avoir le meilleur projet dans une situation comme celle-là, est d’avoir celui qu’on juge de moindre impact. On est allé représenter ce nouveau tracé à tout le monde, à la population, à la Ville de Lévis, aux organismes environnementaux et aux intervenants du milieu agricole. C’est le tracé avec lequel nous sommes confortables d’aller de l’avant», affirme Alexandre Pelletier.
Malgré l’insatisfaction citoyenne face à cette nouvelle proposition de tracé, Hydro-Québec souhaite poursuivre dans cette veine puisqu’elle considère avoir pris en compte toutes les autres options réalisables.
«Nous avons évalué toutes les options. Si on change autre chose, on vient impacter d’autres personnes, un milieu humide, par exemple, ou on déboise davantage. On viendrait créer d’autres impacts ailleurs qu’on juge plus importants. Nous avons reçu beaucoup de préoccupations des quartiers résidentiels et on juge que nous avons apportés de bonnes améliorations dans le tracé avec ce qui a été demandé», ajoute le conseiller en relation avec le milieu.
Pour limiter les répercussions visuelles chez les citoyens dont les lignes passent directement sur les terres, Hydro-Québec s’engage à offrir des mesures supplémentaires.
«On va devoir négocier une servitude pour pouvoir passer la ligne. On s’est montré ouvert. C’est le genre de discussion que l’on peut avoir lorsqu’on passe sur les terres d’un propriétaire. Nous avons proposé de mettre en place des mesures atténuantes. Ça peut être par exemple un écran végétal, nous sommes ouverts à proposer ce genre de mesures là pour réduire l’impact visuel», conclut Alexandre Pelletier.