Si l’un des mouvements de personnel annoncés dans les derniers jours est signe que Patrik Laine pourra enfin effectuer ses débuts avec la troupe montréalaise, l’autre rétrogradation permet à Michael Pezzetta de continuer son aventure à Montréal.
S’il était un joueur qui pouvait changer le cours d’un match avec le Rocket de Laval, on ne peut en dire autant de l’impact du Pezz chez le CH depuis ses débuts il y a quatre saisons. Pas assez imposant physiquement pour être un facteur intimidant comme Arber Xhekaj, Michael Pezzetta n’a pas non plus les atouts offensifs qui lui permettrait d’occuper une «chaise» régulière.
Mais il est un bon soldat de l’organisation et il ne se plaint pas de passer de longues séquences de matchs sur la passerelle. Même s’il n’est pas capable d’obtenir sur une base régulière une place sur le quatrième trio, l’état-major du CH a préféré ne pas le placer au ballottage afin d’éviter de le perdre, Michael Pezzetta étant désormais un actif en vue de la reconstruction.
Si je salue la constance dans la philosophie de reconstruction de Kent Hughes et Jeff Gorton, cette décision me laisse pantois. Alors que leur club commence à perdre de la combativité, on préfère conserver un joueur qui n’a pas été transcendant avec le CH depuis son arrivée et qui n’a joué que trois parties cette saison.
Joshua Roy n’a malheureusement rien fait pour se distinguer pendant son premier passage avec le grand club cette saison. Cependant, le Tricolore avait l’opportunité de redonner une chance à Rafaël Harvey-Pinard. Cet ailier combatif qui joue toujours la pédale au plancher a même déjà connu une saison de 14 buts avec le CH.
Mais l’état-major pouvait se permettre de céder au ballottage l’attaquant originaire du Saguenay, son contrat garanti de plus de 1 M$ ainsi que sa liste de blessures étant un repoussoir pour les 31 autres formations de la Ligue nationale de hockey. Pour l’état-major du CH, il était plus important de conserver les droits de Pezzetta en vue de, peut-être, obtenir un hypothétique sixième ou septième choix au prochain repêchage.
Le temps d’être plus agressif?
Évidemment, aucun partisan des Canadiens ne veut que la reconstruction de son équipe se transforme en cauchemar comme celles orchestrées par les Sénateurs d’Ottawa et les Sabres de Buffalo, deux formations qui ont voulu accélérer leur retour en puissance en multipliant les transactions.
Je pense que la troupe montréalaise devra orchestrer un coup d’éclat pour aller chercher un centre offensif. Un jeune qui a quelques saisons derrière la cravate dans le circuit Bettman ou un vétéran qui approche la trentaine qui pourra épauler et enlever de la pression à Nick Suzuki, comme je l’abordais dans ma précédente chronique.
Il ne faut pas que le Tricolore devienne une équipe avec une culture perdante, où les jeunes vétérans prometteurs, tels Suzuki, Caufield, Guhle ou Slafkovsky, prennent de mauvais plis. Les Canadiens de Montréal, c’est les Yankees de New York (baseball) ou le FC Barcelone (soccer) du hockey. Une formation qui doit viser l’excellence et poursuivre la tradition gagnante établie par les Vézina, Richard, Béliveau, Lafleur, Savard et Roy.
L’avenir semble prometteur. Mais est-ce qu’Ivan Demidov deviendra le Nikita Kucherov du CH? Est-ce que Michael Hage, qui est tout feu tout flamme à sa première saison dans le hockey universitaire, deviendra le fameux deuxième centre qui soulagera le capitaine Suzuki? C’est le problème avec les encans annuels de la LNH. Ils suscitent des espoirs, sans faire de mauvais jeux de mots, mais aussi des questions dont on ne connaît pas encore la réponse.
Et malheureusement, plusieurs des acquisitions faites par Kent Hughes pour la reconstruction ne rapportent pas pour le moment les fruits espérés. Alex Newhook n’a que 5 points en 24 matchs cette saison et semble vouloir rester ce qu’il était avec l’Avalanche du Colorado, sa première équipe dans le circuit Bettman avant le Tricolore. Un joueur de troisième trio.
Pour Kirby Dach, son début de saison calamiteux, espérons-le provoqué par son retour à la suite d’une terrible blessure au genou, semble faire passer le directeur général des Blackhawks de Chicago pour un génie. Pourtant, les dirigeants du CH avaient bon espoir que le retour du jeune centre allait permettre d’oublier le départ de Sean Monahan. On voit tout l’impact de son absence cette saison!
Kent Hughes aura une panoplie de munitions en vue de la date limite des transactions et pour cette étape charnière de la reconstruction. Mike Matheson, David Savard, Patrik Laine, s’il connaît un bon retour, Joel Armia et même peut-être Brendan Gallagher, le moteur du CH cette saison, ou Christian Dvorak, qui connaît actuellement de bons moments, feront partie des items proposés par le CH aux autres équipes du circuit Bettman. Des choix seront une nouvelle fois intéressants, mais le Tricolore commence à avoir besoin de confirmations plutôt que de points d’interrogation.
Parler des arbitres
Dans un autre ordre d’idées, j’ai été déçu de la sortie de Martin St-Louis samedi, à la suite du revers crève-cœur de son équipe par la marque de 4 à 3 contre les Rangers à New York. Rappelons qu’après avoir nivelé la marque à 3 partout au troisième vingt, la Sainte Flanelle a vu les locaux se sauver avec la victoire, grâce à un but inscrit à 23 secondes de la fin de l’engagement lors d’un avantage numérique de 4 minutes.
L’entraîneur-chef montréalais a répété en point de presse, ad nauseam, qu’il était fier de la performance de ses protégés, mais qu’il ne voulait pas parler de la performance des arbitres lors du match. De l’ironie pour éviter une amende du circuit Bettman et critiquer subtilement les décisions des zèbres.
Les deux arbitres en chef en devoir lors de la rencontre auraient pu appeler une punition à la suite de la chute non accidentelle de Joel Armia, quelques secondes avant le but des Rangers. Mais les Blue Shirts ont aussi profité d’une erreur de Jake Evans, survenue après la chute d’Armia, pour inscrire le but victorieux. D’ailleurs, le CH aurait pu quitter la Grosse Pomme avec peut-être un point en banque si Kirby Dach n’avait pas écopé d’une punition inutile et stupide pour 4 minutes en raison d’un bâton élevé.
Le centre du Tricolore a asséné un coup au visage de Mika Zibanejad alors qu’il était en territoire offensif, après avoir perdu sa bataille contre le centre suédois.
Au lieu de jeter le blâme sur les arbitres pour ses insuccès, Martin St-Louis devrait plutôt se concentrer sur le travail de ses joueurs. Quand une équipe est indisciplinée, c’est souvent parce qu’elle se fait battre de vitesse par ses adversaires ou perd la bataille mentale. Des problèmes qu'un entraîneur-chef peut régler!