Jusqu’à l’annonce du Tricolore mardi après-midi, rien ne laissait présager qu’Evans et la Sainte-Flanelle allait poursuivre leur collaboration. Même que le centre de 28 ans, qui allait devenir joueur autonome le 1er juillet prochain, était le principal candidat du CH pour être cédé à une autre équipe et obtenir d’autres actifs avant la date limite des transactions dans la Ligue nationale de hockey (LNH), ce vendredi.

Selon Tony Marinaro, de BPM Sports, le clan Evans réclamait un contrat de quatre ans avec un salaire annuel moyen de 4 M$. L’attaquant ontarien, qui gagne actuellement 1,7 M$ par saison, réclamait cette importante augmentation salariale comme il connaît la meilleure saison de sa vie dans le circuit Bettman. Jusqu’à maintenant en 2024-2025, Jake Evans a récolté 28 points en 61 rencontres.

Le club montréalais était prêt à consentir une augmentation salariale de l’ampleur finalement acceptée par son général de l’infériorité numérique (2,85 M$ par année). Obtenant la stabilité qu’il désirait avec un contrat d’une durée de quatre ans et désirant demeurer à Montréal, Evans a accepté de mettre de l’eau dans son vin concernant la question salariale et de rejoindre la position du CH quant au coût monétaire.

Une profondeur à ne pas perdre

Pour les lecteurs réguliers de cette chronique, vous savez déjà qu’il était primordial, selon moi, pour les Canadiens de Montréal de conserver les services de Jake Evans.

Avec d’autres acteurs, dont Joel Armia, le centre ontarien a permis au Bleu Blanc Rouge de miser sur l’une des meilleures unités de désavantage numérique dans la LNH cette saison. Cette réussite est l’un des facteurs qui permettent au Canadien d’être toujours dans la course aux séries au moment où l’on se parle.

Si Hughes n’en était pas arrivé à une entente avec Jake Evans et qui l’avait transféré, cela aurait assurément affaibli son équipe et il n’aurait pas récompensé ses protégés qui connaissent toute une progression cette saison.

Christian Dvorak, le centre du troisième trio du Tricolore, aurait pu pallier en partie au départ d’Evans si lui-même n’était pas échangé, mais l’organisation montréalaise aurait sûrement dû alourdir la charge de travail déjà imposante de son centre numéro un, Nick Suzuki, pour compenser les minutes jouées par Jake Evans en désavantage numérique.

Oui, le CH a des centres prometteurs dans ses filiales ou même au sein du grand club, Owen Beck, Oliver Kapanen, Florian Xhekaj ou Michael Hage. Toutefois, ces joueurs ne pourront pas pour le moment remplacer l’apport actuel de Jake Evans.

On n’a qu’à voir ce que fait actuellement Owen Beck avec les Canadiens depuis son rappel il y a quelques matchs, après que Kirby Dach ait vu sa saison prendre abruptement fin en raison d’une blessure au genou droit.

Beck a une belle vision du jeu et un bon coup de patin. Toutefois, il a la manie actuelle de demeurer stationnaire lors de plusieurs phases de jeu, la fameuse importance de «bouger ses pieds». Le jeune centre sera un bel atout dans le «bottom 6» de la Sainte-Flanelle au cours des prochaines années. Et il pourra compter sur Jake Evans comme mentor pour bien apprendre le métier de centre défensif dans le circuit Bettman.

Une dernière pièce au casse-tête

En s’assurant des services de son général de ses trios défensifs, Kent Hughes n’a plus qu’un gros dossier à régler au cours des prochains jours ou des prochains mois : mettre la main sur un deuxième centre offensif qui pourra épauler Nick Suzuki et redynamiser le deuxième trio.

Le CH peut compter sur un premier trio élite, mise sur un duo de gardiens qui donne régulièrement des chances de gagner aux Montréalais et a une belle profondeur en défensive ainsi que pour ses attaquants de profondeur.

Toutefois, à long terme, les Canadiens ne peuvent pas miser sur Owen Beck à la position névralgique de deuxième centre offensif. Et Kirby Dach a confirmé cette saison qu’il sera au mieux un centre ou un ailier de troisième trio quand Montréal atteindra son apogée dans quelques saisons. Ça, c’est si Hughes ne l’échange pas avant.

Je crois que le directeur général du Canadien réglera plutôt cette question pendant la saison estivale. Pour se qualifier pour les séries, le CH ne doit subir que quelques défaites d’ici la fin de la saison régulière. Par contre, si l’état-major du Bleu Blanc Rouge croit que son équipe peut poursuivre sur sa lancée post-Confrontation des quatre nations et réussir l’exploit de se qualifier pour les séries, quelles seraient les options actuelles sur le marché pour combler ce besoin?

Pour moi, il y aurait quatre options intéressantes pour le Tricolore, si l’on se base sur la liste des joueurs sur le marché des transactions dans la LNH établie par RDS/TSN.

Si Hughes veut se tourner vers un jeune centre déjà établi dans le circuit Bettman, il pourrait discuter avec ses homologues de Buffalo et Anaheim, soit pour mettre la main sur Dylan Cozens (Buffalo) ou Trevor Zegras (Anaheim).

Les deux jeunes centres ont déjà presque cinq saisons sous la cravate dans le circuit Bettman et ils sont très rapides. Cela serait un beau complément à Patrik Laine et possiblement Ivan Demidov s’il rejoint le grand club la saison prochaine. Ces deux attaquants sont très prolifiques, mais ils ne sont pas reconnus pour l’excellence de leur coup de patin. Patrik Laine a particulièrement besoin d’un joueur de centre très rapide qui peut récupérer la rondelle en zone adverse pour ensuite l’alimenter.

Dans ce scénario, ma préférence irait pour Cozens. Malgré son important contrat qui lui donne 7,1 M$ par saison, la fierté du Yukon a une plus grande combativité et est moins abonnée aux conflits avec son organisation comme Zegras. Toutefois, le centre américain est également tout un joueur de hockey qui améliorerait assurément les performances du deuxième trio s’il devenait un Hab.

Sinon, Hughes pourrait toujours reproduire l’expérience Sean Monahan et se tourner vers Brayden Schenn (St-Louis) ou Yanni Gourde (Seattle), soit le scénario du centre d’expérience. Ces deux attaquants ont remporté la coupe Stanley et sont tout autant efficaces offensivement que défensivement.

Gourde amènerait l’élément de vitesse qui aiderait Laine, mais Schenn n’est pas un marchand de vitesse. Et si Hughes mettait la main sur Yanni Gourde, il faudrait s’assurer de pouvoir prolonger son contrat si le Tricolore payait un prix très important, comme le centre originaire de Saint-Narcisse-de-Beaurivage pourra se prévaloir de son autonomie cet été.

La réponse à cette question dictera d’ailleurs la conduite de Kent Hughes au cours des prochains jours. Est-il prêt à se départir de plusieurs actifs d’importance, soit des choix bien placés au prochain repêchage et d’un Logan Mailloux, pour accélérer la reconstruction et dénicher le dernier morceau du casse-tête qui fera passer un palier au CH? Ou préfère-t-il ne pas précipiter les choses, suivre le plan établi et acquérir cette pièce au moment qui coûtera le moins cher au Tricolore? Les deux chemins sont tous bons. Réponse d’ici vendredi après-midi.