«Lévis est en train de se faire passer un sapin. On savait avant Noël que ce projet se tramait et nous avons découvert pendant le temps des Fêtes que le gouvernement voulait aller de l’avant. Ottawa a mandaté une firme pour établir les plans et les besoins en vue de l’expansion. Le gouvernement fédéral construirait des installations avec l’argent des contribuables pour un compétiteur de Davie alors que ce chantier maritime a déjà les installations et l’expertise pour répondre aux besoins du gouvernement fédéral», a d’emblée lancé M. Blaney, lors d’une conférence de presse virtuelle.
C’est un article publié dans l’Ottawa Citizen le 31 décembre dernier qui a provoqué la colère des deux députés conservateurs. Le journaliste David Pugliese a alors rapporté qu’Ottawa envisageait de transformer le chantier fédéral de réparation navale d’Esquimalt en une installation de construction navale complète, pour la somme de 3 G$.
Selon MM. Blaney et Gourde, ce chantier n’est présentement utilisé qu’à 15% de sa capacité afin de combler les besoins d’organisations fédérales, que ce soit par la Marine royale canadienne ou la Garde côtière canadienne. Le reste du temps, ces installations sont louées à des entreprises privées, comme Seaspan et BC Ferries.
Rappelons qu’actuellement, Seaspan est l’un des deux chantiers maritimes au pays qui ont obtenu des contrats fédéraux dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale. Steven Blaney et Jacques Gourde craignent donc qu’en disposant d’installations modernes, Seaspan soit choisi pour réaliser des contrats fédéraux, comme celui du brise-glace Diefenbaker qui lui a été retiré par Ottawa, au détriment de Davie. Du même souffle, le député de Lévis-Lotbinière estime que des motivations politiques pourraient expliquer l’intention des libéraux d’aller de l’avant avec le projet.
«C’est rendu politique, mais on devrait plutôt attribuer les contrats au mérite. Davie a prouvé qu’il peut réaliser des contrats en respectant les délais et les budgets accordés. Dans le coin de la Colombie-Britannique où est situé le chantier Esquimalt, les comtés sont représentés par des élus néodémocrates ou verts, mais les libéraux ont terminé en deuxième place, très près des gagnants. Je sens qu’il y a un calcul politique derrière le projet. Les libéraux veulent encore acheter des votes en vue des prochaines élections, comme ils l’ont fait lors de la dernière année», a affirmé Jacques Gourde.
Ainsi, les deux députés lévisiens entendent interpeller des ministres libéraux à leur retour à Ottawa, dans deux semaines, afin que le gouvernement fédéral fasse marche arrière. De plus, Steven Blaney a de nouveau demandé au gouvernement libéral d’octroyer le contrat de construction du brise-glace Diefenbaker au Chantier Davie, estimé à 2 G$.
Les libéraux veulent inclure la Davie
Jean-Yves Duclos, président du Conseil du Trésor et député libéral de la circonscription de Québec, a souligné que la Davie était toujours dans les cartes du gouvernement.
«Il ne s’agit pas d’un investissement pour Seaspan, mais plutôt dans des installations fédérales possédées par le gouvernement canadien, a assuré M. Duclos. Depuis 2015, en raison d’un rétablissement entre le Chantier Davie, ses 900 fournisseurs et le gouvernement fédéral, on a fait des progrès remarquables pour redonner à ce chantier et ses 900 fournisseurs la place qui leur revient en matière d’industrie maritime au Québec. On est sur le point de conclure l’inclusion complète comme troisième partenaire de la Stratégie nationale de construction navale de la Davie qui avait été exclue par M. Blaney et ses collègues en 2011.»
Avec la collaboration d'Alexandre Bellemare