Celui dont la famille possède depuis près de 150 ans les terrains voisins des Scies Mercier a modélisé, selon les barèmes établis par les promoteurs, ce à quoi pourrait ressembler l’immeuble si le projet se concrétisait. Pour Charles-Olivier Roy, qui a une expertise dans le domaine de la modélisation et qui modélisé la statue du chevalier de Lévis qui s’élève sur la terrasse située dans le Vieux-Lévis, le projet de remplacement des Scies Mercier cachera entièrement la vue des voisins et ne s’harmonisera pas au style du vieux quartier lévisien.
«Il y a, oui, notre intérêt personnel dans cet enjeu, mais il se conjugue très facilement avec l’intérêt de tous les citoyens de la ville de Lévis et tous ceux qui visitent le cœur du Vieux-Lévis pour profiter de ce secteur. Si on perd ce combat-là, tout le monde va perdre», expose-t-il.
Le Lévisien souligne que les propriétaires du terrain et du bâtiment qui abritaient autrefois les Scies Mercier ont laissé l’immeuble «tomber en ruines». Selon lui, les plans du projet qui ont été présentés à la Ville sont «trompe-l’œil», c’est ce qui l’a poussé à faire une modélisation de son cru du projet et l’a intégré dans les images satellites de Google Earth pour montrer une tout autre perspective.
Ajoutons que M. Roy comprend que la réfection du bâtiment serait onéreuse, mais il soutient qu’un projet de remplacement public comme un parc serait bien plus approprié.
Une adoption de règlement qui inquiète
Pour le voisin des Scies Mercier, une autre problématique ressort de ce dossier puisqu’un règlement a été adopté par le conseil municipal concernant le règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) – volet patrimonial. Ce règlement en vigueur depuis mars 2020 indique que si un bâtiment de grande valeur patrimoniale est démoli en raison d’un sinistre ou d’une demande de démolition autorisée par la Ville, son terrain perd sa vocation de grande valeur patrimoniale et n’est donc plus soumis aux règlements entourant le volet patrimonial lors de la construction d’un projet de remplacement.
«La Ville ouvre grand la porte à un changement radical dans le Vieux-Lévis. On pourrait voir des choses incroyables apparaître à côté du couvent de Lévis, on pourrait voir des condos ultras modernes à côté de L’Anglicane et ainsi de suite», s’inquiète M. Roy.
La Ville suit les processus établis
Questionné à ce propos lors d’une mêlée de presse, le maire de Lévis, Gilles Lehouillier a souligné qu’il était «un peu prématuré» pour le conseil municipal de prendre position puisqu’il n’a pas encore été «saisi du dossier» comme le comité désigné à ce projet y travaille toujours, conformément au processus à respecter.
De son côté, la direction des communications de la Ville de Lévis a mentionné dans un échange de courriels avec le Journal que «le comité de démolition doit, entre autres, évaluer le projet en fonction des critères énumérés à l’article 13 du règlement, dont l’harmonisation du bâtiment et de l’aménagement dans le voisinage ainsi que l’effet du bâtiment et de l’aménagement sur la qualité de vie du voisinage» et que «les élévations et des simulations visuelles ont été fournies par les requérants dans leur demande».
Concernant la modification à la règlementation, la direction des communications soutient qu’un terrain vacant ne possède pas de valeur patrimoniale en fonction de ce règlement. «Donc, si un bâtiment disparait en fonction d’un sinistre (incendie, effondrement, etc.) ou d’une démolition autorisée, il n’y a plus de valeur patrimoniale puisqu’il n’y a plus de bâtiment. Une valeur patrimoniale d’un bâtiment n’est pas transférable à son terrain», a spécifié la Ville. Cette dernière indique finalement qu’«un terrain peut évidemment avoir une valeur paysagère, une valeur de localisation, une valeur historique et archéologique», mais qu’il ne faut pas le confondre ces éléments avec ceux reliés à la valeur patrimoniale d’un bâtiment.