Par Josyanne Prescott - josyanneprescott@journaldelevis.ca
D’emblée, les intervenants ont déploré les fonds prévus pour la construction du troisième lien empêcheraient la réalisation d’autres projets encore plus bénéfiques, selon la coalition. Les groupes sont tous d’accord pour affirmer que c’est un «gaspillage de fonds publics» qui pourraient être utilisés pour le transport collectif ou l’entretien du réseau routier par exemple.
Avec les 10 G$, Québec «pourrait construire 978 nouvelles écoles à travers la province, 39 hôpitaux comme à Baie-Saint-Paul ou 84 000 logements communautaires subventionnés par AccèsLogis», a illustré Sarah D-Voyon directrice générale chez Trajectoire Québec.
Selon le gouvernement, environ 50 000 usagers utiliseront le tunnel chaque jour, ce qui équivaut à 200 000 $ par véhicule pour un projet de 10 G$, a calculé Étienne Grandmont, directeur général d’Accès transports viables. Il soutient que les données de la plus récente étude Origine-Destination contredisent les chiffres du gouvernement. Selon ce dernier, ce serait plutôt 18 000 véhicules par jour qui circulerait le tunnel.
«Si le gouvernement souhaitait améliorer la mobilité durable de la région avec un projet à long terme, le même montant pourrait permettre d’offrir l’accès au transport collectif gratuitement à tous les usagers de Québec et Lévis pendant les 100 prochaines années.»
Projet injustifié
Marc-André Viau, responsable des relations gouvernementales chez Équiterre, mentionne aussi qu’aucune démonstration de la nécessité du troisième lien n’a été faite lors de l’annonce. Aucune étude des besoins et du coût d’opportunités n’a été présentée, ajoute Étienne Grandmont.
De plus, ils affirment que l’enquête Origine-Destination démontre que les déplacements se font de l’ouest vers l’ouest. Citant des données de l’étude, ils ont rappelé que 76 % des résidents de Lévis qui utilisent les ponts sur l’heure de pointe proviennent de l’ouest de Lévis, donc à l’opposé de l’axe où sera situé le tunnel, et que moins de 3 % des automobilistes vont vers l’est de l’autoroute Robert-Bourassa.
Aussi, sur l’heure de pointe, les deux ponts ne sont utilisés qu’aux deux tiers de leur capacité maximale, argue le directeur général du Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale, Alexandre Turgeon. 20 000 véhicules traversent les ponts à l’heure de pointe matinale alors que ceux-ci pourraient en accueillir 30 000. De plus, avec une baisse de 10 % de la population active de la Rive-Sud d’ici les 10 à 20 prochaines années, les membres de la coalition croient qu’il y aura moins de véhicules qui traverseront à Québec.
Fausse mobilité durable
La coalition critique également que le projet aura un impact sur l’émission de gaz à effet de serre (GES) et sur l’écosystème marin dû au trafic et à la pollution sonore. L’aménagement du territoire sera aussi impacté en favorisant l’étalement urbain. Pour atteindre ladite balance verte, l’investissement devrait aller dans le développement et le maintien des infrastructures de mobilité durable, affirme Charles Bonhome de la Fondation David Suzuki.
Enfin, il y aura uniquement un terminus à Lévis et la sortie du tunnel se trouvera près de l’autoroute 20 et de la route Monseigneur-Bourget, ce qui signifie que les usagers devront faire un détour pour y avoir accès. «Si ça avait été connecté au centre-ville, peut-être qu’il y aurait eu des choses intéressantes, mais c’est encore pire que ce que l’on pensait», s’est attristé le directeur général de Vivre en Ville, Christian Savard.
Pétition pour bloquer le projet
En plus de leur sortie publique, la coalition Non au troisième lien a mis en ligne une pétition pour permettre aux citoyens de manifester leur opposition au tunnel Québec-Lévis. La pétition se trouve sur leur site Web au www.nonautroisiemelien.quebec.