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Regart veut sauver sa galerie dans l’ancienne gare fluviale

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L’Autre Gare permet au centre d’artistes d’accueillir de grandes installations. Photo : Jean-François Gravel Photographe

08 mai 2023 09:13

Si aucune solution n’est trouvée avec le service du développement économique de la Ville de Lévis, le centre d’artistes en art actuel, Regart, devra quitter son lieu d’exposition situé dans l’ancienne gare fluviale de Lévis à la fin de son bail, le 6 juillet prochain.

Par Aude Malaret - audemalaret@journaldelevis.ca

En 2020, Regart s’est installé pour trois ans dans la verrière de l’ancienne gare fluviale à la suite d’un appel de dossiers lancé par la Ville pour animer le lieu. Dans ce cadre, Regart a signé avec le service du développement économique de la Ville de Lévis un bail de trois ans, assorti d’une clause de non-renouvellement automatique, mais avec une priorité de renouvellement pour l’occupant du local.

Avertie de l’échéance à venir, la directrice générale de Regart, Claire Goutier, s’apprêtait à faire une demande pour reconduire le bail, quand elle a appris que le service du développement économique de la Ville de Lévis n’avait pas l’intention de procéder au renouvellement et lui demandait de s’adresser au service de la culture pour trouver une solution.

«Actuellement, un de nos espaces, l’Autre Gare, est en danger de disparaître, parce que la Ville a décidé, sans nous en parler, de ne pas renouveler le bail», déplore la directrice général du centre d’artistes en art actuel, qui reproche à l’administration municipale dans une lettre publiée sur le site de Regart d’avoir «promis» l’espace «à quelqu’un d’autre sans considération pour l’organisme qui y est déjà établi».

«Ma demande, c’est que la Ville honore son propre cadre en nous donnant la priorité de renouvellement et fasse preuve de respect. On veut des discussions franches», souhaite Claire Cloutier, qui regrette le manque de transparence et remet en cause la décision du service du développement économique. «Il y en a des locaux vacants, ce n’est pas ça qui manque. Pourquoi ils veulent celui qu’on occupe, questionne la directrice. On ne pensait pas qu’on serait mis dehors.» D’ailleurs, une programmation avait été prévue pour l’année à venir.

De son côté, la Ville de Lévis, contactée par le Journal, a indiqué par l’intermédiaire de son service des communications que le dossier suit son cours et qu’aucune décision n’a pour l’instant été prise. «On est en pourparlers avec les parties prenantes et les discussions se poursuivent», a répondu Michel Thisdel, conseiller en gestion des relations médias à la Ville.

Un nouveau coup dur

Pour la directrice de l’organisme culturel, perdre l’Autre Gare serait un nouveau coup dur pour Regart, qui occupe trois espaces, dont deux galeries. «On est parti d’un seul. On a été exproprié en 2019, mais on n’a pas été capable de trouver un local pour être à une seule place. Donc, on est divisé en trois espaces, rappelle-t-elle. On a perdu beaucoup, pas juste un lieu. Ça nous a déracinés, ça nous a déstabilisés. Et quand on rajoute par-dessus ça les difficultés auxquelles font face les centres d’artistes et la culture, à Lévis en particulier.»

Surtout, que l’espace d’exposition disponible dans la galerie principale reste très limité du fait de sa petite taille. «On peut y faire certains types de projet, mais pas tous. Et, on n’a pas la même hauteur de plafond qu’à l’Autre Gare, souligne Claire Cloutier. L’avantage de l’Autre Gare, c’est qu’on peut recevoir des projets qu’avant on n’avait pas, des projets d’envergure qui ne seraient pas rentrés dans la galerie. En général, c’est aussi là que se passent toutes nos résidences d’artistes, c’est un espace d’expérimentation».

Être présent dans l’ancienne gare fluvial, dans le même bâtiment que l’office de tourisme, permet aussi à Regart d’être en contact avec les gens qui passent. «On a acheté un abreuvoir, on leur offre de l’eau, on leur parle et on leur fait voir de l’art. Ça permet d’engager le dialogue», souligne-t-elle.

Et d’ajouter que la perte de cet espace aura aussi un effet sur la professionnalisation des artistes. «Comme centre d’artistes, on leur offre des services. Dans la région, il y a très peu de lieux où un artiste peut aller exposer, le mettre dans son CV et dire qu’il a exposé dans un lieu professionnel. Si ici, on commence à restreindre nos espaces, ça va plomber les artistes qui veulent devenir professionnels. C’est quoi le message qu’on envoie à nos jeunes? On veut appuyer la culture, mais qu’est-ce qu’on fait?», lance la directrice.

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