Par Catherine D'Amours - catherinedamours@journaldelevis.ca
Racontant l’histoire d’Albertine, 70 ans, qui vient d’entrer au CHSLD, la pièce présente les souvenirs de cette dernière qui la font repasser à travers ses blessures, sa culpabilité et tente de recoller les morceaux pour faire face à une paix intérieure avec l’aide de sa sœur Madeleine.
«Michel Tremblay est quelqu’un qui écrit déjà avec musicalité. C’est un grand amateur d’opéra et de comédie musicale. J’avais aussi l’envie de parler d’une femme ordinaire, une femme qui pourrait être notre mère et qui pourrait être un humain par sa culpabilité», explique Nathalie Deschamps sur l’initiation du projet.
Ce qui a aussi amené à tourner la pièce en un opéra est sa vision de cet art et de cet opéra «pour et par la femme».
«Dans le monde artistique, vieillir pour une femme, ce n’est pas facile, surtout pour les chanteuses lyriques. On se fait demander de se réinventer, on se fait indiquer la retraite. Alors dans cette pièce, nous faisons chanter une femme de 60 ans, de 50 et de 65 ans. C’est un pari que j’avais envie de faire et de démontrer que comme dans d’autres métiers, plus tu acquiers de l’expérience, plus c’est une richesse sur scène», raconte la metteure en scène.
Pensant à réaliser ce projet depuis un certain temps, c’est le début de la pandémie qui a incité Nathalie Deschamps à passer à l’action. «Nous nous sommes retrouvés à gérer notre travail, nos enfants à la maison et c’était des conditions qui ressemblaient beaucoup aux années 50-60. Beaucoup de personnes autour de moi ont aussi dû se réinventer et tout ça a accéléré le projet», souligne-t-elle.
Une musicalité au service de l’émotion
Attirée par le projet et l’histoire de Michel Tremblay dès le début, Catherine Major a décidé de relevé de défi de composer la musique de son premier opéra. Ayant une formation en musique classique, elle connaissait bien le style sans avoir déjà composé dans ce langage. Elle souligne avoir utilisé une approche «hybride qui combine le classique, plus élaboré ainsi qu’un clin d’œil à la forme populaire».
Ce travail pour elle en a été un d’échange avec les librettistes et avec les chanteuses afin de créer «des airs qui viennent chercher les gens et qui appuient l’histoire» tout en collant aux voix.
Catherine Major raconte qu’elle sent que le public est très «surpris» après avoir vu la pièce surtout par rapport au style opératique «qui peut faire peur, qui est niché et que les gens ne connaissent pas». Elle croit que cette pièce est accessible et que le public est «charmé par les interprètes» et par le fait que le texte est dans «notre langue, en joual».
Catherine Major et Nathalie Deschamps croient toutes les deux qu’Albertine en cinq temps, l’opéra vient toucher profondément les gens. Elles racontent avoir vu plusieurs spectateurs pleurer lors des différentes prestations.
«La musique de Catherine Major est au service de l’émotion. Le fait que ce soit dans une langue qu’on connaît vient nous toucher. Le public peut se reconnaître dans les différentes histoires de la pièce», conclut Nathalie Deschamps.
Présentement dans sa deuxième tournée, le spectacle continue de se promener un peu partout au Québec. Pour plus d’information, consultez le www.espacedcl.ca.