«Quand on écoute une bonne chanson, qui fit avec l’émotion qu’on vit, il n’y a pas grand-chose qui fait mieux que ça. J’espère pouvoir transporter cette capacité pour que les gens aient accès à une part d’eux-mêmes à laquelle, des fois, on se refuse le droit d’aller. Mais, par la musique, ça passe», partage Pascale Bourdages.
Depuis deux ans, la chanteuse de Lévis mijote, tout en douceur, son premier album qui sortira finalement l’an prochain. «Comme n’importe quel autre projet artistique actuellement, c’est reporté. Ça me donne le temps de travailler sur mes choses.»
Nature & Vertiges rassemblera dix à douze compositions de l’artiste. Chacune aura un rapport avec la nature. La nature en tant que telle, les arbres, les éléments. Et aussi la nature humaine.
«Ça a été deux années où je me suis remise en question beaucoup, où j’ai navigué à travers les doutes, partage Pascale Bourdages qui confie manquer parfois de confiance en elle. Pourtant artistiquement, j’ai quand même fait mes preuves. Mais, la composition c’est encore nouveau pour moi.»
De poétiques ballades
Alors, elle parle de ce qui nous fait douter de nous et nous fait se questionner : « Est-ce que je suis une bonne personne, est-ce que j’ai raison de vouloir paraître bonne?» Elle raconte la douleur, quand on vit quelque chose d’un peu plus difficile, l’amour, que ce soit l’amour en tant que mère à venir, en tant qu’amante, les temps d’arrêt, si essentiels, le besoin de ralentir, profiter et saisir l’essence même d’un moment de joie.
«Ce sont toutes ces choses-là que j’essaie d’aborder dans un domaine musical où je mélange les techniques classiques, dans le sens où, je chante avec un ensemble acoustique, et j’essaie d’y aller vers un côté très poétique, un peu plus pop dans la ballade», annonce l’autrice-compositrice.
Pascale Bourdages aime parler des «choses qui sont vraies», du quotidien. «On ne peut pas juste se fier au beau qu’on est capable de faire. Des fois il y a du moins beau, du plus cruel, du plus souffrant. Représenter ce qu’on vit en dedans de soi par la nature, c’est une autre image pour en parler d’une belle façon», illustre-t-elle.
L’artiste prend quelque chose qui est là, qui est observable par tout le monde, et le réinterprète à sa façon par des éléments qui, elle croit, peuvent ouvrir des chemins de compréhension.
«La nature, on essaie de vivre intimement avec, même si en tant que société, on essaie de la contrôler. En tant que personne, on est tributaire de ce qu’elle nous offre. On essaie de la contrôler, mais nous-mêmes sommes incontrôlables comme êtres humains.»
Un concours organisé virtuellement
Nature & Vertiges n’est pas encore enregistré, que son autrice a déjà été couronnée pour deux des chansons qui le composeront. Fleur d’âme, que Pascale Bourdages a présentée en demi-finale de Trois-Pistoles en chanson, est une mélodie douce et poétique qui parle d’un couple qui se rencontre et accueille un enfant.
«Le premier couplet, c’est mon ami Steeve Gobeil qui l’avait écrit il y a longtemps. C’est un poème. J’ai eu l’idée d’écrire une chanson dessus, raconte-elle. La douceur transcende le texte. On la ressent et on la vit. J’avais envie de le partager. Il y a des images qui sont très concrètes et d’autres poétiques.»
Puis, lors de la finale du concours, la chanteuse a eu envie de jouer les contrastes avec Partir, une pièce «qui se veut pop, mais sort de l’ordinaire» en utilisant la technique de l’ostinato, qui consiste à répéter une forme musicale, plus fréquente dans la musique classique.
Et ce concours est arrivé à un bon moment, alors que la chanteuse ne savait même pas s’il aurait finalement lieu à cause de l’épidémie de COVID-19. Auditions et prestations ont été organisées à distance et en direct sur Internet.
«Ce qui était le fun de tout ça, d’être dans mon bureau, de réaliser une vidéo live, c’est d’être capable de présenter mes compositions. C’était la première fois que je les lançais officiellement au grand public, après le rodage en novembre dernier. Alors, remporter le premier prix, c’est une très belle reconnaissance.»
«Un méchant temps d’incertitude»
Son calendrier reste désespérément vide. Cet été, pas de concert, de messe en musique, de soirées au Café la Mosaïque à cause de l’annulation de nombreux événements culturels en raison de la pandémie de coronavirus.
«C’est une course contre la montre, alerte Pascale Bourdages. On ne veut pas se faire oublier, alors il faudrait qu’on produise du matériel. Mais en même temps, on ne peut pas le produire gratuitement. Même si on désirait le faire, il faut travailler avec des gens pour produire un album, ça a un coût. Si je veux que ça ne coûte rien, il faut que je le fasse toute seule. Mais alors, c’est la qualité qui va en prendre un coup.»
Alors, les 300 $ de la bourse de Trois-Pistoles en chanson sont les bienvenus.
«Ce n’est pas une grosse bourse, mais ça me donne un coup de main. Comme artiste qui s’autoproduit, si je n’avais pas reçu ces 300 $, ils seraient sortis de ma poche.» Il y a deux ans pour sortir son mini album, la chanteuse n’a reçu aucune subvention. «Ça a coûté environ 7 500 $. Si je veux un album complet et plus travaillé, je sais que c’est au minimum ce dont j’ai besoin dans mon budget.»
Sur la plateforme de micro-mécénat Patreon, l’artiste partage des chansons, des images et des vidéos en contrepartie d’un abonnement mensuel de quelques dollars. Les personnes intéressées peuvent soutenir l’artiste au patreon.com/pascalebourdages.