«On a vu qu’il y avait un besoin chez les élèves immigrants qui ne parlent pas français à l’école. Malheureusement, ils ne sont pas assez nombreux pour qu’on crée une classe spéciale pour eux», expose d’emblée Sylvie Pruneau, animatrice de vie spirituelle et d’engagement communautaire de l’École Pointe-Lévy.
Ainsi, ces jeunes allophones se retrouvent dans des classes «ordinaires» et éprouvent plusieurs difficultés au niveau académique et à développer des liens en raison de la barrière de la langue.
C’est pour les aider à s’intégrer dans ce nouveau milieu que les intervenants de l’école secondaire lévisienne ont décidé d’ajouter les Aidants scolaires à leur programmation de la francisation des élèves immigrants. «Je me suis dit que les Aidants scolaires seraient un moyen de leur offrir une occasion de parler en français sans que ce soit menaçant», explique Mme Pruneau.
Une à deux fois par semaine, les élèves allophones de l’École Pointe-Lévy ont une discussion ou des ateliers virtuels avec l’aidant scolaire auquel ils sont jumelés. Comme ces rencontres sont en dehors du cursus scolaire, les élèves immigrants ne se sentent pas évalués, notés ou jugés, partage l’animatrice de vie spirituelle et d’engagement communautaire.
«Ces élèves sont souvent sur le bord du décrochage scolaire comme les défis sont grands. Les activités des Aidants scolaires, ça les raccroche à quelque chose», souligne-t-elle.
Ce contact «très humain» leur permet de développer une relation avec un francophone qui leur vient en aide et ils sont souvent plus enclins à s’ouvrir dans un contexte individuel, constate Sylvie Pruneau.
Une expérience enrichissante
Pour Claudine Lussier, aidante scolaire au programme de francisation de l’École Pointe-Lévy, l’expérience est singulière et intéressante.
«C’est d’établir un lien de confiance avec ces jeunes-là parce qu’ils sont gênés de parler français et avec nous, c’est plus facile. Je tente de rendre ça le plus amusant possible», met en lumière la bibliothécaire retraitée.
Cette dernière s’impliquait déjà avant la pandémie auprès du Mouvement des Aidants scolaires, mais depuis septembre, elle concentre ses actions bénévoles auprès des élèves allophones. Cet automne, elle venait en aide à un jeune Mexicain et cet hiver, elle est jumelée à une jeune Vietnamienne. Selon leur niveau de français, la bénévole adapte ses ateliers et ses discussions.
«Le but, c’est de les aider à se sentir à l’aise à parler français, si on peut participer à ça, c’est tant mieux», mentionne-t-elle.
Mme Lussier tente de tout mettre en place pour que l’élève avec qui elle est jumelée puisse avoir le plus d’outils pour réussir.
«Je me dis que je rends service à quelqu’un qui essaie de s’intégrer. J’essaie de leur faciliter la vie et participer à leur réussite scolaire, ils sont très intelligents et je souhaite qu’ils réussissent, donc je leur donne le plus de chances possible», exprime la bénévole.
«Ces jeunes-là veulent réussir malgré les défis. Je pense au jeune Mexicain qui avait de la difficulté à comprendre ses cours de mathématiques et qui allait sur YouTube pour trouver des explications mathématiques dans sa langue maternelle. Ce n’est pas facile pour eux», ajoute-t-elle.
Pour le futur, l’École Pointe-Lévy souhaite continuer de venir en aide à ces élèves allophones. Déjà, des midis culturels ont été mis sur pied et les élèves immigrants sont invités à présenter leur pays d’origine et partager sur leur culture ainsi qu’en apprendre davantage sur celle des Québécois. De son côté, Claudine Lussier dit avoir eu «la piqûre» depuis qu’elle s’implique à venir en aide à ces élèves.
«C’est sûr qu’on souhaite cultiver et enrichir cette relation-là entre l’école et les Aidants scolaires concernant la francisation. On ne réalise pas tout ce dont ces élèves doivent apprendre et surmonter», conclut Sylvie Pruneau.