Le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, a annoncé, le 18 janvier, une hausse du taux général du salaire minimum de 1,00 $ l'heure, le faisant passer à 15,25 $ l'heure à compter du 1er mai prochain.
De plus, à compter du 1er mai, le salaire minimum payable aux salariés rémunérés au pourboire sera de 12,20 $ l'heure (+ 0,80 $) tandis que le salaire minimum payable à un salarié affecté exclusivement, durant une période de paie, à la cueillette de framboises ou de fraises serait respectivement de 4,53 $ (+ 0,30 $) et de 1,21 $ (+ 0,08 $) du kilogramme.
Québec estime que la hausse du taux général du salaire minimum bénéficiera à 298 900 salariés québécois, dont 164 100 femmes. Du même souffle, le ministère du Travail s'est réjoui de maintenir, pour la période 2023-2024, «la cible d'un ratio de 50 % entre le taux général du salaire minimum et le salaire horaire moyen tout en tenant compte de l'évolution du contexte économique».
«Nous le savons, les défis liés au marché du travail sont grands : la pénurie de main–d'œuvre et la progression rapide des salaires en font foi. Le contexte économique que nous traversons actuellement nécessite que nous posions des gestes concrets afin d'améliorer le pouvoir d'achat des personnes à faible revenu tout en respectant la capacité de payer des petites entreprises, surtout en région. Je suis convaincu que la hausse du salaire minimum que j'annonce aujourd'hui fait partie de ces initiatives et qu'elle favorisera la participation des Québécoises et des Québécois au marché du travail pour ainsi contrer le fort taux de postes vacants qui demeure actuellement», a expliqué Jean Boulet.
Plusieurs organisations déçues
Cependant, pour diverses raisons, l'annonce du ministre du Travail a entraîné un lot de réactions négatives de la part d'organisations représentant les employeurs ainsi que les travailleurs.
Membre de la coalition Minimum 18 $ qui estime que la hausse annoncée est arrivée «trop peu, trop tard», la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) a notamment qualifié «d'insuffisante» la hausse du salaire minimum. Elle déplore également que la méthode de calcul utilisé par Québec «est désuète et ne reflète pas la réalité socio-économique actuelle».
«C'est en 2016 que nous demandions 15 $ l'heure. Comment est-ce possible de croire que 6 ans plus tard c'est suffisant pour vivre dignement, alors que rien qu'en 2022, l'inflation annuelle était de 6,7 %. C'est un minimum de 18 $ dollars l'heure que ça prend pour tenir compte de la situation actuelle», a argué le président de la CSD, Luc Vachon.
Pour sa part, si elle salue le «pragmatisme» de Québec en lien avec cet enjeu, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) reproche les impacts économiques provoquées par «cette hausse de 7 %, la plus importante depuis plus de 20 ans». Ainsi, l'organisation réclame que le gouvernement provincial soutienne les PME québécoises face à cette nouvelle augmentation de coûts d'opérations. La FCEI estime que l'augmentation du salaire minimum à 15,25 $ l'heure représente un coût supplémentaire annuel par employé au salaire minimum de 2 400 $, «sans oublier l'effet domino qu'elle engendrera sur la totalité de la masse salariale de l'entreprise».
«Les PME n'ont pas de répit. Les hausses des coûts s'enchaînent depuis un an et les entrepreneurs n'ont pas de portefeuille magique faisant apparaitre des billets de banque. Cela fragilise les petites entreprises qui ne peuvent pas, autant que les grandes, absorber les hausses et qui risquent de perdre des clients à cause d'une trop grande augmentation de leur prix. Il faudrait que le gouvernement du Québec accompagne cette augmentation du salaire minimum de mesures d'atténuation, comme des allègements fiscaux sur la masse salariale. La FCEI rappelle qu'il est nécessaire d'inclure les PME dans le bouclier anti-inflation», a conclué François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.