Martin Boucher, l’homme d’affaires originaire de Lévis et à la tête des enseignes Sports Experts, Atmosphère, l’Entrepôt du Hockey, Mathieu Performance et de JH Lamontagne est venu partager son parcours et ses stratégies à la communauté économique lévisienne lors d’un dîner-conférence de la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis (CCIGL), le 3 mai dernier.
Par Aude Malaret - audemalaret@journaldelevis.ca
Derrière le plus grand magasin de sport au Canada, le Sports Experts situé dans le centre commercial Laurier Québec, le Groupe Boucher Sports innove depuis 26 ans grâce à la vision de son président-directeur général, Martin Boucher. Chef de file dans la vente d’équipements, de vêtements et de chaussures de sport et de plein air au Québec, l’entreprise compte 1 100 employés ainsi que 30 franchises.
Celui qui est passé par le Collège de Lévis, avant d’ouvrir 36 lunetteries New Look en six ans, a connu le succès dans le commerce de détail d’articles de sport dès les années 2000. «J’ai l’impression que mon métier, c’est un des plus tough au monde. C’est exigeant, mais passionnant, a lancé à son auditoire Martin Boucher. Il n’y a pas beaucoup de métiers où l’on récolte à ce point les fruits de ce qu’on sème. Sauf que la ligne est très mince entre le succès et l’échec.»
Un secteur face à de nombreux défis
Pour l’homme d’affaires, son secteur d’activité n’a jamais connu autant de défis en même temps. «Aujourd’hui, les entreprises sont évaluées sur leur capacité à résister et à maintenir leur part d’affaires sur le marché, explique-t-il. Est-ce qu’on peut résister à Amazon? Ce que j’aime rappeler, c’est qu’Amazon ne commanditera jamais l’équipe de soccer de ton enfant.»
Si certains prédisaient la fin du commerce de détail pendant la pandémie, Martin Boucher constate que «non seulement, ce n’est pas arrivé, mais c’est ridicule de penser que des milliards d’affaires générés auraient pu être transférés du jour au lendemain sur le Web». D’ailleurs, il constate que ce sont 75 % des décisions d’achat qui se prennent en magasin.
Ce qui fait toute la différence, croit le PDG, c’est l’expérience vécue par le client. Parce qu’il constate que les acheteurs sont de plus en plus différents, certains viennent chercher des conseils tandis que d’autres se sont bien renseignés sur Internet et vont jusqu’à comparer les prix en ligne directement dans le magasin, il estime qu’il faut être en mesure de servir différemment les clients selon leur profil et toujours les surprendre en offrant des services, tels qu’une chambre froide pour essayer les manteaux d’hiver.
De plus, l’approvisionnement, avec des fournisseurs qui vendent eux-aussi en ligne et des commandes devant être prévues jusqu’à dix mois à l’avance avant même d’avoir commencé la vente des produits des saisons précédentes est un autre défi, ainsi que la main-d’œuvre. De ce côté, les difficultés pour les employés étrangers à mener à terme leurs démarches d’immigration sont «un désastre incroyable», qualifie Martin Boucher.
L’homme d’affaires a ensuite partagé quelques ingrédients de sa recette, dont il n’a «pas la prétention de penser que c’est la meilleure, mais c’est la nôtre». Ainsi, la culture du service, avoir une bonne compréhension de la façon dont les achats s’initient, avoir une vision de terrain, en étant proche de ses équipes, afin de s’assurer qu’elle «descend partout dans l’organisation», s’assurer de rester dans le bon chemin, viser l’excellence et garder les clients au cœur de ses préoccupations, encourager les jeunes qui s’investissent en leur permettant de gravir les échelons et partager la richesse, sans avoir peur de dire «qu’avec nos gérants de magasin, on fait des millionnaires, car ces gens-là s’enrichissent aussi», sont des éléments qui sont essentiels à la réussite de son entreprise.
Troisième lien autoroutier, une nécessité
Finalement, Martin Boucher s’est exprimé librement sur le dernier projet interrives présenté par la CAQ, qui «n’a pas de sens». Il a tenu à prendre la parole «car le citoyen n’a pas beaucoup de chance de se faire entendre, alors qu’on vient de découvrir que son vote ne compte pas. J’ai l’impression que le gouvernement ne nous écoute pas».
Pour l’entrepreneur, «le troisième lien est le seul vrai projet dont on avait vraiment besoin dans la région de Québec», alors qu’un lien autoroutier est «une nécessité en termes économiques». «Sans développement, on ne pourra pas créer de richesses», a-t-il argué. Il estime «qu’on a juste besoin d’un pont» et qu’il va falloir que le projet inclut les voitures, le transport de marchandises et le transport en commun. Il a salué le travail des chambres de commerce qui poursuivent leur combat en faveur d’un troisième lien pour tous les types de transport.