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Santé : de grands défis pour 2023

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Photo : Gilles Boutin - Archives

19 janv. 2023 08:39

À l’aube de la nouvelle année, le directeur général du Centre intégré de santé et services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA), Patrick Simard, fait le point sur les défis qui attendent l’organisation en 2023.

Par Mélanie Labrecque - Collaboration spéciale

Pénurie de main-d’œuvre 

La pandémie de la COVID-19 a eu un énorme impact sur le réseau de santé de la région. Près de trois ans après le début de la crise sanitaire, le réseau en ressort «fragilisé», analyse M. Simard, notamment par la pénurie de main-d’œuvre qui touche le CISSS-CA.

S’ajoute le vieillissement de la population. «On vit une diminution de notre main-d’œuvre, avec un taux de chômage très faible, et en même temps, nous constatons une augmentation des besoins de la population. […] Plus la population vieillit, plus elle consomme des services de santé et de services sociaux ainsi que des besoins en santé mentale et psychosociale. La période de COVID-19 a fragilisé ces personnes qui vivent davantage de détresse.»

Conséquemment, combler ces besoins en ressources humaines n’est pas facile, surtout dans le contexte où plusieurs médecins partent à la retraite et ne sont pas remplacés et où l’effectif infirmier est surchargé de travail. Pour Patrick Simard, le recrutement n’est pas tout. Selon lui, il est temps de penser en dehors de la boîte pour régler ces problématiques.

«Oui, on a des projets de recrutements de travailleurs de la santé à l’étranger. On compte aussi sur les démarches nationales avec les ordres professionnels pour décloisonner les titres d’emploi. Cela permettrait davantage de flexibilité et de marge de manœuvre pour exploiter au maximum les compétences des professionnels. Ce qu’on a vu avec la campagne de vaccination contre la COVID-19 en est un bel exemple.»

Travail multidisciplinaire, embauche d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS), les supers infirmières, création de nouveaux titres d’emploi, formation à l’interne pour certains postes moins spécialisés et embauche d’agentes administratives ne sont que quelques-unes des avenues qui sont explorées par le CISSS-CA.

«On intègre aussi des agents administratifs, du personnel technique pour soulager les cliniciens, [des tâches administratives] qui les supporteront dans leur travail et feront en sorte qu’ils auront davantage de temps à consacrer à la clientèle», a soutenu le directeur général.

Médecins de famille

Avec les nombreux départs à la retraite des médecins de famille et près de 80 000 patients orphelins en Chaudière-Appalaches, le CISSS-CA doit faire preuve de créativité afin d’offrir des services de santé à toute la population.

Cela passe notamment par l’augmentation des admissions en médecine. Cette stratégie nationale prendra plusieurs années avant de donner des résultats concrets, rappelle M. Simard. 

Pendant ce temps, le CISSS-CA mise sur les services qui peuvent être offerts par les IPS qui peuvent réaliser plusieurs actes médicaux. Enfin, il y a le déploiement du guichet d’accès à la première ligne destiné aux patients orphelins.

«La centrale téléphonique a des plages de rendez-vous disponibles dans les groupes de médecine familiale. Lorsque le patient va appeler, elle sera en mesure de lui offrir une place. Il y aura aussi une évaluation du besoin de l’usager pour déterminer s’il a vraiment besoin d’un médecin. Sinon, il y a de l’orientation vers un autre professionnel de la santé et des services sociaux.»

Les urgences

Afin d’améliorer la situation dans les urgences, le CISSS-CA doit travailler sur plusieurs fronts à la fois. Un plan d’action est présentement en déploiement et veille à assurer de meilleurs soins en amont, une meilleure fluidité des personnes hospitalisées et améliorer les services offerts en aval.

Ainsi, le CISSS-CA, explique Patrick Simard, veut faciliter le parcours des gens dès qu’ils ont un besoin d’un service de première ligne. Les patients dont le cas est moins urgent pourraient, par exemple, ressortir du triage de l’urgence avec un rendez-vous dans un groupe de médecine familiale (GMF).

Pour ceux qui nécessitent une hospitalisation, le parcours de soins doit être planifié de l’arrivée à la sortie. C’est pour cette raison que le CISSS-CA veut faire affaire avec des gestionnaires de proximité dans chacun de ses hôpitaux. Ils veilleront à ce que tous les éléments de la chaîne de soins soient déployés au bon moment.

Enfin, l’un des problèmes rencontrés et qui affecte directement les urgences sont les patients qui n’ont plus besoin de «soins actifs», mais qui doivent demeurer à l’hôpital, faute de places en CHSLD. L’organisation souhaite développer plus de places en hébergement, mais aussi favoriser le retour à domicile des patients en déployant plus de ressources de maintien à domicile, mais aussi en créant des ressources de transition pour les personnes qui ne sont pas encore aptes physiquement à retourner à la maison.

«Pour que tout le monde puisse faire son travail au bon moment, ça prend des données. En janvier, nous allons nous doter d’un centre de coordination pour pouvoir mettre en place [ces stratégies]. L’implantation se fera de façon graduelle. Ce chantier s’étirera pendant toute l’année, mais nous allons commencer à le livrer concrètement au début de l’année», a soutenu M. Simard.

Attractivité

Le maintien des services de proximité devient aussi un enjeu dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre. «Dépendamment des régions et des territoires, ça peut être plus difficile d’amener des travailleurs. […] J’ai des défis de recrutement, mais il manque de logements sur le territoire, il manque de garderies, il peut y avoir des enjeux de transport», a rappelé Patrick Simard.

C’est pour cette raison que le CISSS-CA veut travailler en collaboration avec les MRC de la Chaudière-Appalaches, les organisations locales et les différents ministères.

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