Un groupe d’élèves de secondaire 3 et 4 de l’École Pointe-Lévy a pu vivre une expérience hors de l’ordinaire en avril dernier. Ces adolescents de la région ont alors pu prendre part au Parlement des jeunes, une simulation qui permet aux jeunes élèves de troisième et quatrième secondaire de vivre pendant quelques jours le quotidien d’un député à l’Assemblée nationale du Québec.
C’est sous l’impulsion de deux enseignants en histoire du Québec et du Canada de l’école secondaire du quartier Lévis, Marc-André Boucher et Jimmy Grenier, que le projet d’une première participation d’élèves de Pointe-Lévy au Parlement des jeunes a été lancé.
«J’ai pu vivre l’expérience des simulations parlementaires au cégep et à l’université. Je jugeais que ce pouvait être une belle expérience pour mes élèves comme la simulation permet de développer le sens civique, l’esprit critique et le sens politique», s’est rappelé M. Boucher, lors d’une entrevue avec le Journal le 12 mai.
«Dans une autre vie, j’en ai fait un petit peu de politique et je me suis même présenté à titre de candidat lors d’élections (NDLR : pour le Parti québécois dans Lévis en 2008). J’ai toujours eu un œil sur la politique et j’essaie toujours de le faire d’une façon neutre. Quand on discute de sujets à l’Assemblée nationale, on parle de l’avenir de nos élèves. Je trouve donc important de les intéresser à la politique. Peu importe leur allégeance, je trouvais cela important qu’ils s’impliquent (dans la vie démocratique)», a renchéri Jimmy Grenier.
Pour trouver les potentiels candidats qui allaient possiblement devenir des députés lors du Parlement des jeunes, Marc-André Boucher et Jimmy Grenier ont présenté le projet à tous les élèves de troisième et quatrième secondaire de l’École Pointe-Lévy. À leur grand plaisir, une quarantaine d’adolescents fréquentant l’établissement public ont levé la main pour participer au projet.
Après le début de la préparation, les deux enseignants se sont retrouvés avec un heureux problème puisqu’une dizaine d’élèves voulaient toujours participer au projet, alors que chaque école sélectionnée ne peut envoyer qu’une délégation de quelques élèves. Après évaluation, Marc-André Boucher et Jimmy Grenier ont sélectionné cinq élèves.
«Ce n’est pas tous les jours que tu peux aller dans le Salon bleu et dans les coulisses du pouvoir. Il n’y a pas des milliers d’opportunités pour pouvoir siéger à l’Assemblée nationale. Je trouvais également intéressante la possibilité de pouvoir échanger avec d’autres jeunes de mon âge sur des sujets qui nous touchent», a notamment expliqué Charles Fecteau, un élève de troisième secondaire, sur ses motivations à se lancer dans le projet.
Discuter d’un sujet méconnu au Québec
Mais avant de pouvoir participer au Parlement des jeunes, le groupe de l’École Pointe-Lévy s’est réuni à plusieurs reprises dans l’année scolaire pour se préparer, notamment en s’exerçant à discourir en chambre.
De plus, les élèves et leurs professeurs ont planché sur leur candidature puisque chaque école participante est sélectionnée par un comité de l’Assemblée nationale du Québec. Dans leur dossier, chaque institution désirant prendre part au Parlement des jeunes doit notamment transmettre un projet de loi qu’il défendra lors de l’événement et une motion. Pour se démarquer des autres écoles et obtenir une place, une élève du groupe de l’établissement lévisien, Mathilde Arel, a suggéré de consacrer leur projet de loi à un sujet qui commence à être discuté au Canada : les congés menstruels.
«Il y a environ un an, ma mère a appris qu’on avait découvert des fibromes dans son utérus. Pour en apprendre davantage sur ce problème de santé, elle a fait des recherches et elle a découvert que des congés menstruels étaient offerts à des femmes dans certains pays. Elle m’a suggéré d’aborder cet enjeu avec le projet de loi. Même si ma mère s’est finalement fait opérer en février, je trouvais l’idée très intéressante», a partagé l’élève de quatrième secondaire.
Selon les enseignants qui supervisaient le groupe, c’est cette bonne idée qui a permis à l’École Pointe-Lévy d’obtenir son billet pour le Parlement des jeunes 2022. «Ce projet est contingenté et il faut le souligner, ce sont souvent des écoles privées qui obtiennent les places pour prendre part au Parlement des jeunes. Le projet de loi de Mathile, Loi encadrant les congés menstruels, nous a permis d’être sélectionnés parce que ça détonnait avec les sujets habituellement abordés lors du Parlement des jeunes, comme l’environnement», a affirmé M. Boucher.
Une expérience enrichissante
Du 20 au 22 avril, quatre élèves de Pointe-Lévy, Kélianne Veilleux, Éléonore Daigle, Charles Fecteau et Ariane Fortin, accompagné par Marc-André Boucher, ont pu prendre part à la simulation parlementaire, Jimmy Grenier et Mathilde Arel ne pouvant alors participer à l’événement.
Si les quatre élèves lévisiens ont connu les activités moins étincelantes de la politique, comme les commissions parlementaires, ils ont savouré chacune des minutes de cette expérience unique, notamment les rencontres avec certains véritables élus de l’Assemblée nationale ainsi que les discours livrés au Salon bleu.
«Ça m’a permis d’avoir plus confiance en ce que je disais. J’ai trouvé cela vraiment intéressant de pouvoir débattre sereinement sur des sujets un peu tabous, comme les menstruations. […] C’était un peu spécial parfois d’avoir à parler la langue de bois lors de nos interventions. Le Parlement des jeunes m’a permis d’apprendre beaucoup de choses», ont, entre autres, illustré Éléonore Daigle et Ariane Fortin, des élèves de quatrième secondaire.
Même que ce passage à l’Assemblée nationale a donné le goût à certains membres du groupe de Pointe-Lévy d’essayer de revenir au Salon bleu lorsqu’ils seront adultes. «Cette expérience m’a confirmé que je veux aller en politique plus tard. J’avais déjà prévu étudier en droit. J’adore débattre. C’est sûr que ça peut paraître compliqué, mais quand tu connais les rouages, c’est un monde vraiment fascinant», a souhaité Kélianne Veilleux, une élève de troisième secondaire.
Notons finalement que devant le succès de leur première participation au Parlement des jeunes de leur projet, Marc-André Boucher et Jimmy Grenier entendent bien faire revivre cette expérience à leurs élèves l’an prochain, si leur candidature est retenue.
Sur la 1re photo : Marc-André Boucher, Ariane Fortin, Éléonore Daigle, Charles Fecteau et Kélianne Veilleux ont représenté l’École Pointe-Lévy au Parlement des jeunes. Sur la 2e photo : Mathilde Arel et Jimmy Grenier.