La SMTr augmente ou diminue sélectivement l’excitabilité des neurones dans les régions du cerveau. Photo : Robina Weermeijer - Unsplash

Souffrant d’un trouble bipolaire, Vincent Deschênes, un Beaumontois âgé de 44 ans, éprouve depuis plusieurs années des difficultés avec les médicaments normalement prescrits aux personnes vivant avec ce problème de santé mentale. Depuis plusieurs mois, il espère pouvoir profiter d’une thérapie alternative, la stimulation magnétique transcranienne (SMTr), mais l’accès à ce type de soin dans la grande région de Québec est très difficile.

Après une phase d’hypomanie à l’été 2017, Vincent Deschênes a été hospitalisé à la fin de 2017 pour des idées suicidaires, épisode lors duquel son trouble bipolaire a été diagnostiqué. À la suite de ce passage à l’hôpital, le résident de Beaumont a pu se trouver au printemps 2018 une psychiatre, dans le privé, et il s’est vu prescrire du lithium et d’autres médicaments pour contrôler son état.

Cependant, après plusieurs essais et erreurs, Vincent Deschênes a constaté que cette solution ne fonctionnait pas avec lui. «Le médicament qui est efficace, je ne le tolère pas. Les autres, ça ne fonctionne pas et en plus, je subis les effets indésirables, comme des problèmes de sommeil et de digestion ou des maux de cœur. J’ai utilisé plusieurs stratégies, comme prendre du gingembre, mais ça ne fonctionne pas», illustre-t-il.

Alors qu’il était déprimé par ces insuccès et craignant les effets secondaires des traitements par électrochocs comme la perte de mémoire, Vincent Deschênes a appris de la part de sa psychiatre, au début de cette année, que les personnes bipolaires pouvaient recevoir un autre type de traitement n’impliquant pas de médicaments : la SMTr.

Cette dernière est une technique de stimulation par laquelle un champ magnétique est appliqué sur une région du crâne, induisant un courant électrique local. Selon le Centre universitaire de santé McGill, la recherche actuelle suggère que la SMTr «a un potentiel thérapeutique valable» pour de nombreuses autres maladies et troubles, en plus de la dépression, en raison de sa «capacité unique» à augmenter ou diminuer sélectivement l’excitabilité des neurones dans les régions du cerveau.

Une porte qui ne veut pas s’ouvrir

Emballé par cette possibilité d’être soigné sans souffrir d’effets secondaires de médicaments ou des électrochocs, Vincent Deschênes a également découvert dans un groupe de soutien sur Facebook destiné aux personnes bipolaires que la SMTr avait changé positivement la vie de certaines de ces personnes.

Aussitôt, il a demandé à sa psychiatre de déposer une demande pour qu’il puisse recevoir le traitement dans l’établissement le plus près de chez lui disposant des machines de SMTr, l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (IUSMQ - NDLR : Robert-Giffard). C’est alors qu’il constate que la «porte» d’espoir vue par le Beaumontois ne s’ouvrira pas de sitôt, le délai d’attente pour recevoir un traitement de SMTr étant d’un an dans la région.

Découragé et tombant dans le désespoir, Vincent Deschênes a par la suite été hospitalisé. Suivant une recommandation de sa psychiatre, le quadragénaire a effectué ce nouveau séjour en centre hospitalier du côté de Québec afin d’être transféré à l’IUSMQ et recevoir un traitement de SMTr. Vincent Deschênes vit alors une autre désillusion, apprenant à l’IUSMQ que le traitement de SMTr n’est pas offert en urgence. De plus, les deux machines permettant le traitement ne fonctionnent qu’en après-midi, le personnel pouvant les utiliser étant occupé à offrir d’autres types de traitements en avant-midi.

En plus, la déception de Vincent Deschênes s’est récemment accentuée alors qu’une membre du groupe de soutien Facebook à lequel il participe lui a fait savoir qu’elle n’avait eu qu’à attendre trois jours afin de profiter d’un traitement de SMTr dans sa région, à Rivière-du-Loup.

Faciliter l’accès

 En raison de sa souffrance psychologique, Vincent Deschênes a ainsi multiplié les demandes au cours des dernières semaines, notamment auprès de l’équipe de la députée de Bellechasse, Stéphanie Lachance, et avec une lettre ouverte destinée au ministre de la Santé, Christian Dubé, pour que les machines de SMTr de l’IUSMQ puissent fonctionner à plein temps. Selon le Beaumontois, le tout permettrait de réduire la liste d’attente et de soigner efficacement plusieurs personnes souffrant de problèmes de santé mentale.

«Mon idée, c’est de ne pas passer avant des personnes qui attendent peut-être depuis 10 mois pour avoir accès à la SMTr. Dans le dernier budget, ils ont annoncé des sommes d’argent supplémentaires pour la santé mentale. Est-ce qu’une partie de ces sous pourraient permettre l’utilisation à temps plein des machines puisque cela pourrait aider des gens qui ont essayé autre chose avant (et que cela n’a pas fonctionné)? Sinon, en attendant, est-ce qu’il peut y avoir une entraide entre les régions pour diminuer la liste d’attente? L’autre option, c’est aller dans une clinique privée à Montréal, mais le traitement coûte 4 000 $», a affirmé M. Deschênes.

Un nouveau traitement à intégrer

Invité à commenter le dossier, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a affirmé que s’il était très sensible aux situations vécues par les personnes vivant avec un trouble de santé mentale important, il «n’était pas en mesure de se prononcer sur le cas précis de M. Deschênes».

Toutefois, l’une des porte-parole du MSSS, Marie-Hélène Émond, a rappelé que la SMTr était une option récente dans l’offre médicale.

«Ces traitements ne sont pas indiqués pour tous patients et peuvent comporter certaines contre-indications, notamment pour les personnes souffrant de migraines ou ayant des antécédents d’épilepsie. Il faut savoir qu’un traitement de la dépression se compose de 20 à 30 séances de SMTr, sur une période de quatre à six semaines consécutives (jours ouvrables seulement). Ainsi, ce traitement ne pourrait être le seul offert pour les personnes atteintes de trouble bipolaire. Bien qu’il y ait eu d’importantes recherches sur l’utilisation de la SMTR comme traitement de la dépression et que l’équipement médical ait été reconnu par Santé Canada, la communauté médicale considère toujours la SMTR comme un traitement relativement nouveau. De ce fait, le MSSS ne possède pas de données sur les requis pour ce genre de traitements. De plus, à l’heure actuelle, il n’existe pas de programme de suivi au MSSS pour l’utilisation de cette technologie spécifique», a déclaré Mme Émond.

Du même souffle, la porte-parole du MSSS a indiqué qu’il «est encore trop tôt, selon l’état d’avancement des analyses de répartition financière, de confirmer si des sommes seront réservées spécifiquement au fonctionnement d’appareils de SMTR parmi les sommes annoncées en santé mentale dans le budget 2023-2024».

Si vous en sentez le besoin, pour avoir une aide immédiate, vous pouvez visiter le suicide.ca ou appelez au 1 866 APPELLE (1 866 277-3553).

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