Alors que le taux d’inflation officiel qui est de 5,2 % au Canada depuis février selon Statistique Canada , les organismes communautaires ont constaté une hausse des demandes d’accès à leurs services au cours des dernières années, un phénomène aggravé par la pandémie de la COVID-19.
Par Xavier Nicole - xaviernicole@journaldelevis.ca
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«Nous n’avons pas encore les chiffres pour démontrer la hausse des demandes faites, mais nous pouvons affirmer hors de tout doute qu’une grande augmentation a été observée. C’est un phénomène qui était vu avant la pandémie, mais ça a pris énormément d’ampleur dans les deux dernières années», a mentionné la conseillère budgétaire chez Espace finances à Lévis, Mélanie Rioux.
Selon une étude menée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), en 2023, il faut entre 27 047 $ et 37 822 $ à un ménage composé d’une personne seule pour «vivre dignement», hors de la pauvreté au Québec. À Québec, il faut un revenu annuel d’environ 31 000 $ pour une personne vivant seule, 43 000 $ pour un adulte et un enfant et 69 000 $ pour deux adultes et deux enfants pour vivre hors de la pauvreté. Selon les dires de Mélanie Rioux et du formateur chez Espace finances, Mario Pelchat, «la situation est semblable à Lévis».
«De notre côté, 25 % des gens qui demandent notre aide gagnent plus de 35 000 $ annuellement et il y a aussi près de 32 % des gens qui viennent nous voir qui gagnent moins de 2 000 $ par mois. Centraide du Grand-Montréal a fait un sondage sur une période de six mois pour mesurer l’indice d’anxiété financière des gens. Les chiffres sont assez révélateurs puisque 22 % des Québécois vivent de l’anxiété alimentaire ainsi que 23 % qui pensent ne pas être en mesure de payer leur loyer à la fin du mois et c’est vraiment ce que l’on constate dans nos bureaux», a indiqué Mélanie Rioux.
Les besoins de base affectés
Autant pour Espace finances que pour le Comptoir alimentaire Le Grenier de Lévis, l’alimentation est «l’un des éléments les plus fortement touchés par l’inflation». Le Grenier, un organisme qui vient en aide aux personnes qui vivent des difficultés à subvenir à leurs besoins alimentaires, a aussi vu «une forte éclosion de la demande d’aide dans les dernières années».
«Les gens ont l’idée préconçue que ce sont seulement des itinérants qui viennent demander l’aide alimentaire. C’était peut-être vrai avant, mais maintenant ce n’est plus le cas. Les gens qui viennent demander de l’aide ont tous des portraits différents et des raisons différentes. C’est encore plus vrai depuis la pandémie», a mentionné le directeur général du Comptoir alimentaire Le Grenier, Stéphane Clavet.
En 2021-2022, Le Grenier a distribué 6 203 paniers d’épicerie à des personnes en situation financière précaire, comparativement aux 5 872 en 2019-2020, 5 377 en 2017-2018 et 4 870 en 2012-2013.
Ne pas hésiter à demander de l’aide
Selon les différents organismes communautaires de Lévis, le plus gros pas à faire en cas de précarité financière est de «ne pas trop attendre avant d’aller demander de l’aide et de ne pas avoir peur du jugement des autres».
«Nous faisons beaucoup de formation en lien avec l’inflation et les risques actuels liés à ce phénomène en hausse. Ce que l’on remarque, c’est que les gens craignent de s’affirmer et de dire qu’ils ont des problèmes financiers. Ce n’est pas une bonne chose d’attendre avant d’aller chercher l’aide puisque, oui, il y a toujours des solutions pour s’en sortir, mais plus tu attends, moins les solutions sont nombreuses», a conclu Mario Pelchat.