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Chronique historique

Jeunes lévisiens à la défense des Franco-Ontariens

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09 mai 2024 08:49

Le vendredi 23 juin 1916, les lecteurs du quotidien Le Droit à Ottawa voient à la une de leur journal un article qui s’intitule L’attitude des jeunes. L’auteur du papier, Thomas Poulin, y parle d’un document produit par des élèves lévisiens «qui devra rester à jamais dans l’histoire de nos luttes scolaires». Rien de moins.

Par Claude Genest – Collaboration spéciale

 Depuis plusieurs années, mes activités professionnelles m’amènent à travailler avec nos compatriotes franco-ontariens. De passage à Ottawa en décembre dernier, une collègue me racontait que son «arrière-grand-père était un des deux conseillers scolaires qui a fait de la prison pour avoir embauché une enseignante de français, à la suite du règlement 17».

Adopté par le gouvernement ontarien en 1912, le règlement 17 a jadis fait couler beaucoup d’encre au Canada français et il a donné lieu à des luttes épiques. Comme le souligne l’historienne Susan Mann Trofimenkoff dans son livre Visions nationales, les francophones de l’Ontario et du Québec «estiment ensemble que le règlement 17 revient à condamner l’enseignement du français en Ontario», d’où les fortes réactions face à cette menace aux visées assimilatrices.

Dès lors, les actions en vue de défendre les francophones de l’Ontario se multiplient et le débat trouve écho ici à Lévis. Deux événements ont lieu coup sur coup les 27 et 28 janvier 1915.

Le 27 janvier, le Collège de Lévis reçoit la visite du secrétaire de l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario.

Le lendemain, comme nous le rappelle Mgr Élias Roy dans sa monographie du Collège, «les citoyens de Lévis étaient invités à une séance publique» où ils entendent les conseillers législatifs Adélard Turgeon et Thomas Chapais plaider la cause de nos voisins de l’Ontario. Mais il y a plus encore, grâce à l’engagement des jeunes lévisiens.

Le geste le plus spectaculaire a lieu à la fin de l’année scolaire 1915-1916 où, comme l’écrit Élias Roy, «dans un geste spontané, les élèves du Collège sacrifièrent les prix qu’ils avaient mérités et la valeur de ces prix, soit 280,25 $, fut envoyée à l’Association d’éducation d’Ontario au profit de leurs petits frères de l’Ontario». Plus encore, on joint à cette somme un cahier «où les élèves pouvaient dire le pourquoi de leurs sacrifices».

Ce sont ces deux actions qui font la une du Droit du 23 juin 1916. Thomas Poulin affirme alors que «l’acte généreux que vient de faire la classe écolière du Collège de Lévis est non seulement une leçon de patriotisme à la génération actuelle, mais aussi un exemple pour les phalanges de l’avenir», tout en exprimant le souhait que le geste des jeunes de Lévis reste à jamais graver dans l’histoire. Quelque 108 ans plus tard, ce devoir de mémoire se perpétue par l’entremise de cette chronique.

Première page du Droit du 23 juin 1916. Photo : Collection numérique BAnQ

Le combat des jeunes et autres francophones du Canada ne fut pas en vain, car on compte aujourd’hui plus de 480 écoles francophones en Ontario, selon des chiffres officiels de la province voisine.

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