Cet honneur, remis chaque année dans le cadre des Prix d’excellence du réseau de la santé et des services sociaux du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), récompense un projet qui a amélioré la sécurité des soins et des services. Menée pendant près de deux ans, la réorganisation clinique de l’unité TSC-CHSLD a permis de s’attaquer à plusieurs problèmes qui gâchaient l’expérience, autant des patients que du personnel déployé dans ce département.
L’unité TSC-CHSLD du Centre Paul-Gilbert est en quelque sorte «une unité d’urgence» des services d’hébergement. Ils accueillent les patients qui ne peuvent plus demeurer dans les autres milieux de vie. Les personnes accueillies à l’unité TSC-CHSLD souffrent de pertes cognitives ou ont des troubles de comportement sévères, comme des comportements agressifs envers eux-mêmes, les autres résidents et le personnel.
«Quand je suis arrivée en poste dans le secteur, l’équipe avait besoin de soutien pour bien gérer les comportements des résidents. Ça entraînait de la souffrance chez nos résidents et une grande détresse au sein de notre personnel. Il y avait eu un rapport du Protecteur du citoyen portant sur un résident maintenant décédé et qui n’avait pas eu les soins qu’il aurait dû avoir, à cette époque. On avait aussi beaucoup de congés de maladie et beaucoup d’employés qui ne voulaient plus aller travailler au TSC. On avait une grande difficulté à recruter et à retenir des travailleurs pour le TSC parce qu’ils avaient peur de nos résidents», s’est rappelée Chantal Caron, directrice adjointe de l’hébergement du programme Soutien aux personnes aînées (SAPA) du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) de 2019 à 2022.
Changer l’approche
Pour améliorer la situation, Chantal Caron, qui est désormais la directrice de l’hébergement du programme SAPA du CISSS-CA, son équipe et l’équipe de l’unité TSC-CHSLD du Centre Paul-Gilbert ont lancé une réorganisation clinique.
Élaboré par un comité composé de membres de l’équipe interdisciplinaire, d’experts et de collaborateurs de différentes directions, de concert avec les syndicats, le projet a permis plusieurs changements. Pour concrétiser la réorganisation clinique désirée par les intervenants, des titres d’emplois ont dû être révisés et l’utilisation des mesures de contrôle, les méthodes d’intervention utilisées ainsi que les rôles et responsabilités des divers membres du personnel ont été revus.
«Nous avons rehaussé le nombre de personnes présentes dans l’unité lors de chaque quart de travail. Également, on a diversifié la composition des équipes pour mieux répondre aux besoins particuliers de nos résidents. Par exemple, avant la réorganisation, il y avait des agents de sécurité d’une firme évoluant dans ce domaine présents en tout temps. Mais ce n’est pas nécessairement les personnes les mieux placées pour interagir adéquatement avec des personnes âgées ou avec une déficience intellectuelle ou un trouble du comportement. Alors, on a ajouté le titre d’emploi d’agent d’intervention, des employés que nous avons formés aux approches spécifiques utilisées à l’unité TSC. Aussi, on a retravaillé les espaces pour installer du mobilier intégré aux unités plutôt que d’avoir des unités avec des meubles pouvant être projetés. De plus, on a mis en place une salle de désescalade», a illustré Mme Caron.
Et quelques mois après la concrétisation de la réorganisation clinique, les intervenants gravitant au tour de l’unité TSC-CHSLD constatent déjà de grandes améliorations. Parmi ces dernières, Chantal Caron cite la fin des mesures de contrôle pour une majorité des 11 résidents de l’unité (selon un portrait réalisé en novembre 2022), les bains maintenant acceptés par plusieurs résidents qui le refusaient net auparavant, la diminution des accidents et la fin des problèmes d’attractivité auprès de la main-d’œuvre. Le prix reçu en mai est donc une autre belle marque de reconnaissance pour les artisans de la réorganisation clinique.
«C’est un prix d’équipe. On a obtenu de beaux résultats, mais l’équipe a dû relever de bons défis. C’était un gros changement de culture qui a nécessité un important travail. J’étais donc très fière de voir toutes les membres de l’équipe être récompensées», a conclu Mme Caron.