«Gilles Lehouillier a promis qu’il n’y allait plus avoir de sifflet de train à Charny en décembre 2022 et qu’une enveloppe était réservée pour effectuer les travaux nécessaires pour qu’il n’y ait plus de sifflet. […] Ça fait 10 ans qu’on se bat et rien n’a changé. Le maire fait tout pour ne pas le faire», a d’emblée déploré Alain Bilodeau, l’un des membres du groupe de citoyens réclamant l’abolition des sifflets de train à Charny.
Rappelons qu’à la suite de demandes de ces citoyens, l’administration Lehouillier se penche depuis 2013 sur le dossier afin d’atténuer ou abolir l’usage des sifflets de train en plein cœur de Charny. En novembre 2020, la Ville de Lévis avait même entamé les démarches pour que les trains du Canadien National (CN) cessent de siffler lors de leurs passages sur quatre traverses de ce quartier, situées sur les avenues des Églises et des Générations, le chemin de Charny et la rue de la Traverse.
Toutefois, en décembre dernier, interrogé une nouvelle fois sur l’évolution du chantier par des citoyens, Gilles Lehouillier avait indiqué que le dossier était bloqué en raison des demandes du CN pour concrétiser ce souhait de plusieurs citoyens de Charny.
Alors que la Ville avait prévu investir entre 1 et 2 M$ pour réaliser des travaux de sécurisation nécessaires pour permettre l’arrêt de l’usage du sifflet de train lors de leur passage dans le quartier, le CN demandait des investissements de 5 M$ à la municipalité pour atteindre cet objectif, selon le maire. Comme l’Office des transports du Canada et le gouvernement fédéral «semblaient refuser de s’en mêler», le maire voulait alors rencontrer le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, pour discuter du dossier.
S’inspirer d’ailleurs
Toutefois, le groupe de citoyens estime que Gilles Lehouillier et son parti politique manquent d’une «réelle détermination» pour résoudre le problème. Selon le comité, qui se base sur un échange avec un fonctionnaire pour s’en prendre sur ce point à l’administration Lehouillier, la Ville aurait pu être mieux préparée lors de la médiation avec le CN tenue devant l’Office des transports du Canada.
«Quand le dossier est arrivé devant le juge pour l’arbitrage, le dossier était mal monté et il n’avait rien qui indiquait le côté négatif sur la santé des citoyens. Aucune mention. Alors, le juge a rejeté la (demande de la Ville)», a clamé M. Bilodeau.
Également, ces résidents de Charny s’inquiètent que le projet d’abolition du sifflet de train à Charny ne soit désormais qu’à l’étude dans le programme quinquennal d’immobilisations (PQI) 2024-2028 de la Ville de Lévis «alors que toutes les études sont faites».
Déplorant que l’équipe de Gilles Lehouillier ne les prenne «pas au sérieux, ne collabore pas avec eux et n’écoute pas leurs propositions», le groupe de citoyens aimerait que Lévis s’inspire du Comité pour la quiétude des Sherbrookois. Ce groupe a été formé en avril 2023 afin de faire cesser les sifflets de train la nuit dans leur ville.
«La mairesse et les conseillers de Sherbrooke leur ont offert un soutien immédiat. En 2024, la mairesse a demandé à la députée de Sherbrooke qu’une motion soit adoptée à l’Assemblée nationale pour demander au ministre fédéral des Transports de revoir la réglementation sur le sifflement des trains pendant la nuit, qui a été adoptée à l’unanimité. La Ville de Sherbrooke a obtenu le rapport d’un médecin spécialiste et la présentation d’un scientifique sur les effets négatif et dangereux des sifflets de trains sur l’être humain. De plus, le comité de Sherbrooke est reconnu par la ville et il participe aux négociations entre la Ville, la compagnie ferroviaire et Transport Canada. En raison de l’étroite coopération et de la réelle détermination de tous les acteurs sherbrookois impliqués, ils ont franchi dans un très court laps de temps des étapes importantes», a argué le comité lévisien.
Toujours une priorité
Invité par le Journal à réagir à cette sortie, le maire de Lévis a réitéré que ce «dossier est très important» pour son équipe, mais que la Ville faisait face à une certaine intransigeance du CN, la compagnie à qui appartiennent les voies ferrées dans le secteur Charny.
«La Ville est prête à mettre entre 2,5 et 3 M$ pour effectuer les travaux nécessaires pour permettre l’abolition du sifflet de train à Charny. Le problème, c’est que le CN veut la totale, des investissements de 10 M$ de notre part. On veut rencontrer prochainement le CN pour discuter du dossier et voir s’il est possible de s’entendre sur des solutions mitoyennes. Je ne verrais pas pourquoi le CN n’accepterait pas de mettre de l’eau dans son vin. Aussi, on veut rencontrer la direction de la santé publique pour qu’elle étudie les impacts des sifflets de train sur les résidents de Charny», a conclu Gilles Lehouillier.