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Rachat du pont de Québec

Ottawa investira 1 G$ sur 25 ans

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Photos : Xavier Nicole

15 mai 2024 01:44

De passage à Québec, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a confirmé, le 15 mai, la conclusion d’une entente avec l’actuel propriétaire du pont de Québec, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), pour le rachat de ce dernier par le gouvernement fédéral. Pas moins de 40 M$ par année y seront investis pour les 25 prochaines années afin d’en assurer l’entretien.

Ces investissements permettront de prolonger la durée de vie utile du pont pour les décennies à venir, notamment grâce à une augmentation de la fréquence de remplacement des pièces. Le programme de réhabilitation comprend aussi un volet de contribution pour la peinture et l’esthétique de cette infrastructure historique.

«Par jour, on parle de plus de 33 000 véhicules qui l’empruntent, dont 270 autobus de transport en commun et 8 trains passagers en plus des trains de marchandises. C’est donc absolument essentiel que le pont de Québec reste ouvert, sécuritaire et fonctionnel. C’est un engagement qu’on a pris auprès des gens de la région de Québec et aujourd’hui, on remplit notre promesse», a mentionné d’emblée le premier ministre.

Construit en 1917, le pont de Québec est la propriété du CN depuis 1993. La vente du CN au gouvernement fédéral se réalise pour la somme symbolique de 1 $. En échange, le CN s’engage à payer 6,1 M$ par an pour les 25 prochaines années, montant qui sera indexé de 2 % à partir de la 26e année, pour un investissement total de 350 M$.

La somme de 1 G$ proviendra donc à 60 % du fédéral, à 25 % du gouvernement québécois pour l’entretien du tablier et à 15 % du CN.

«Je pense que c’est une excellente nouvelle pour toutes les communautés de Québec et de Lévis. Au niveau national, c’est un symbole. C’est ce symbole qu’on s’engage à restaurer. Pour nous, aujourd’hui, c’est une excellente nouvelle. C’est un travail colossal de la communauté et là enfin, il y a un aboutissement», a expliqué le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, qui était aussi présent lors de l’annonce.

Un dossier qui traînait

C’est un sentiment de «fierté» qui habitait les nombreux acteurs du projet, mercredi matin, alors que le dossier de ce pont traîne donc depuis 1993, alors que le CN refuse, depuis cette date, de payer les coûts de peinture et d’entretien requis sur la structure. Le Parti libéral du Canada (PLC) s’était engagé, en 2015, à régler ce dossier lors de l’année 2016. Le gouvernement fédéral avait aussi confirmé son intention de rachat en 2019 et en 2021, il avait nommé Yvon Charest pour mener les négociations.

«Ça n’a pas été si facile de négocier avec le CN. Comme dans Les Boys, c’est grâce à la dureté du mental. On n’a pas lâché et on l’a eu notre deal», s’est réjoui Pablo Rodriguez, ministre des Transports et lieutenant du Québec.

«Il n’y a rien qui se passe aujourd’hui s’il n’y a pas de volonté politique. Nous avons tous envie que ce pont reste dur pour Lévis, pour Québec, pour nos régions, mais aussi pour sa valeur patrimoniale qui coule dans nos veines. S’il n’y a pas de volonté en hauts lieux, la complexité fait en sorte qu’on en a encore pour peut-être 5 à 20 ans à essayer sans réussir peut-être», a ajouté le maire de Québec, Bruno Marchand.

Un argument en moins pour le troisième lien

Interrogé quant à l’impact de cette annonce sur un possible troisième lien, le premier ministre a avoué que l’argument de sécurité «n’est plus un argument valable» en faveur du projet.

«On va être là en tant que partenaire pour les investissements dans des projets d’infrastructures, dont un projet structurant en transport collectif. On attend tous le rapport de la CPDQ infra. La réalité est que nous allons faire partie des conversations sur l’avenir du transport à Québec. Avec ce pont qui est maintenant garanti pour les prochaines générations, ça enlève de la pression sur certains arguments», a mentionné Justin Trudeau.

De son côté, Gilles Lehouillier s’est dit «surpris» de voir le premier ministre démontrer «une ouverture» qu’il n’avait jamais vue du côté du premier ministre du Canada pour un troisième lien autoroutier.

«Assurer la pérennité du pont n’a rien à voir avec un troisième lien puisque même si on ne faisait rien, le pont de Québec est encore là pour minimalement 10 à 15 ans, alors ça ne tient pas la route [l’argument de sécurité]. Un nouveau lien autoroutier sera nécessaire, qu’on le veuille ou non. La position de M. Trudeau semble plus nuancée qu’elle l’était il y a quelques mois. C’est pour moi quelque chose de nouveau, je constate une certaine ouverture aujourd’hui en regard du lien autoroutier», a conclu le maire de Lévis.

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