C’est en raison de la législation en place que les brasseurs ayant un Permis de brasseur (industriel) ne peuvent pas vendre de produits à emporter dans les marchés publics du Québec. Ils peuvent seulement vendre pour la consommation sur place, comparativement aux détenteurs d’un Permis de producteur artisanal de bière. Cependant, ce sont 80 % des microbrasseries du Québec qui possèdent un Permis de brasseur (industriel), rapporte Jean-François Nellis, président de l’AMBQ et propriétaire de la microbrasserie Pit Caribou.
«On ne considère pas cette situation comme une injustice, on juge qu’il y a une mise à jour qui doit être faite au niveau de la législation au niveau des boissons alcooliques. La dernière réforme majeure date d’il y a plus de 50 ans et le Québec a évolué depuis 50 ans», partage le président de l’AMBQ.
Ainsi, l’AMBQ et l’AMPQ se sont alliées pour lancer La Pas Permise, une fausse bière composée d’eau, mais dont les revendications et toutes les informations requises sont indiquées sur la cannette en plus d’un code QR pour que les consommateurs s’informent davantage sur cette situation.
«C’est une façon de se faire connaître. Ce n’est pas parce que les microbrasseries ont un Permis de brasseur qu’elles ont toutes accès à un grand réseau de distribution et une force de vente. D’avoir accès aux marchés publics, ça leur permettrait de renflouer les coffres pendant l’été», soutient Jean-François Nellis.
Rappelons que l’an dernier, l’AMBQ a déposé un mémoire dans le cadre du projet de loi 17 qui visait à assouplir les règlements concernant les boissons alcooliques, dont les marchés publics et c’est plutôt une fin de non-recevoir que l’association a obtenu.
«Le gouvernement dit toujours qu’il veut favoriser l’économie locale et valoriser les produits de notre terroir, ce sont justement des produits de notre terroir qui encouragent l’économie locale», ajoute Jade Gosselin, l’une des coordonnatrices du Marché Fermier Ostara.
«Tout le monde a tout à gagner dans ce projet-là et il n’y a que du positif dans le changement de cette loi-là.»
«Ça fait 16 ans que j’ai ouvert le Corsaire et ça fait 16 ans qu’on en parle. Il n’y a aucune volonté politique dans ce dossier, c’est ça le problème, explique Martin Vaillancourt, propriétaire de la microbrasserie Le Corsaire. Je trouve ça déplorable comme situation. On nous approche pour participer à des marchés publics et on doit leur dire qu’on ne peut, c’est une loi que peu de gens connaissent et que personne ne comprend pourquoi ça existe.»
Une demande de la clientèle
Si les deux organisations se sont associées, c’est qu’une demande sur le terrain est bien présente auprès des marchés publics et l’ajout de produits de microbrasserie dans ces derniers serait une plus-value pour les deux partis.
«C’est sûr que pour remplir les tentes, il faut de la diversité. D’avoir une microbrasserie ou deux, c’est sûr que c’est un avantage. Plus on a une grande offre, plus on a d’achalandage, estime Jade Gosselin. Je crois que les autres artisans seraient accueillants de voir les microbrasseries arriver au marché. C’est tout à leur avantage, les marchands sont très solidaires entre eux. Il ne faut pas oublier que dans les marchés publics, tout le monde a le même format de kiosque, peu importe si l’artisan a une grande production ou non, donc tout le monde a la même visibilité et les mêmes opportunités.»
«On croit au bien-fondé des marchés publics et on considère qu’il manque un joueur, c’est-à-dire les microbrasseries qui représentent grandement les produits du terroir et qui s’impliquent dans l’économie d’ici. Les marchés publics savent que d’avoir accès à une offre de microbrasseries, ça attire une clientèle également», renchérit Jean-François Nellis.
C’est dans un esprit de faire rayonner les produits locaux et d’encourager les artisans d’ici que l’AMBQ et l’AMPQ ont décidé de lancer cette initiative pour inviter la population à prendre part au débat.
«Tout le monde a tout à gagner dans ce projet-là et il n’y a que du positif dans le changement de cette loi-là», conclut Martin Vaillancourt.