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Tarifs et achat local : quel est l’impact?

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Photo : Catherine D'Amours

18 mars 2025 05:34

Avec la menace des tarifs imposés au Canada par les États-Unis, une tendance à appeler au boycottage de produits américains tout en favorisant les produits canadiens et québécois se fait sentir, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias du pays. Le Journal s’est entretenu avec trois commerçants de proximité lévisiens afin d’aborder la situation.

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Rappelons que c’est le 31 janvier dernier que le président américain, Donald Trump, a annoncé qu’il imposerait des tarifs contre le Canada, le Mexique et la Chine. Le 3 février, un sursis d’un mois a finalement été accordé, ce dernier se terminant le 4 mars où 25 % de tarifs ont été émis contre le Canada et le Mexique. Toutefois, les 5 et 6 mars, de nouveaux sursis ont été émis jusqu’au 2 avril pour les deux pays voisins des États-Unis. Les tarifs contre l’acier et l’aluminium sont actuellement en vigueur.

Copropriétaire de la Boutique Josée Gagnon, Olivier Gauthier ne remarque pas encore un impact sur leurs ventes. Depuis 2014, la boutique cadeau située dans la côte du Passage dans le Vieux-Lévis se spécialise dans la vente de produits et de biens faits au Québec ainsi que de sa marque de vêtements, Chandail de loup.

«Ce que je sens dans le discours, c’est qu’il y a une certaine conscientisation par rapport à la provenance des produits et on s’en fait parler régulièrement. Comme nous ne vendons que des produits faits au Québec, nous avons des clients qui (apprécient de ne pas avoir besoin de regarder derrière chaque produit)», souligne le copropriétaire.

Si cette conscientisation à l’achat local fait plaisir à M. Gauthier, c’est plutôt l’impact des tarifs avec la hausse des prix et la diminution du pouvoir d’achat des consommateurs qui l’inquiètent.

«Notre domaine principal, c’est le cadeau. Lorsqu’il y a une insécurité économique, il y a des gens qui coupent dans les produits un peu plus de luxe ou moins essentiels. Tout le contexte d’incertitude ce n’est pas bon, mais ça amène une dose d’amour. Le prix demeure quand même un critère important pour les consommateurs», ajoute Olivier Gauthier.

Ce dernier conclut toutefois en rappelant que la boutique a su rester forte à travers les différents soubresauts économiques des dix dernières années et qu’elle est prête à faire face à ce qui s’en vient.

De son côté, Marie-Hélène Ouellet, propriétaire de la boutique Mo Mode, dans le secteur Charny, s’inquiète également du contexte économique qui s’installe. Cette dernière offre en boutique des collections vestimentaires pour femmes provenant de l’Europe ainsi que du Canada.

«Depuis la fin du mois de février, les clientes rentrent dans la boutique et disent que s’il y a quelque chose qui vient des États-Unis, elles n’en veulent pas. Les gens sont à l’affût de ça, mais pas tant que ça. Nous avons toujours de nouvelles personnes qui viennent nous voir tous les jours comme cela ne fait pas longtemps que nous sommes installées et on entend beaucoup que les gens sont contents de nous encourager», indique-t-elle.

Pour 2025, malgré les menaces et le contexte économique difficile qui planent sur le Québec, elle a choisi de garder ses portes ouvertes aux mois de janvier et février, alors que, par le passé, elle choisissait de fermer comme il s’agissait d’une période moins achalandée. Réouverte depuis un an et demi de la boutique, Marie-Hélène Ouellet souligne encore attirer les curieux.

Président-directeur général de Demers, Jacques Demers vit une situation un peu différente alors que l’entreprise exporte des produits aux États-Unis, les exportations représentant environ 20 % des produits de l’entreprise. Maraîcher qui se spécialise principalement dans la production de tomates et de fraises, Demers est présent dans tous les supermarchés du Québec ainsi qu’à son kiosque de Saint-Nicolas, où l’entreprise vend également d’autres produits locaux alimentaires.

«On s’attend (à voir une hausse de l’achalandage), on pense que ça va s’accentuer dans les prochaines semaines avec l’arrivée du printemps. On s’attend à voir encore plus de gens qui vont vouloir consommer des produits du Québec. Nous faisons un peu d’exportation du côté des États-Unis et cela est plus préoccupant pour nous, explique M. Demers. C’est certain que, d’un autre côté, c’est une opportunité pour nous et tous les producteurs du Québec de mettre en avant la consommation de produits locaux. L’achat local, ce n’est pas seulement un slogan publicitaire, c’est un levier important qui peut devenir une stratégie économique importante pour le pays ou pour la province. De consommer quelques produits de plus par semaine dans nos paniers d’épicerie peut faire une grosse différence.»

Les trois entrepreneurs lévisiens s’entendent tous pour dire que les répercussions officielles, que ce soit sur la demande des produits locaux ou sur le portefeuille des contribuables, seront plus faciles à décrire dans quelques mois selon l’imposition qui aura lieu ainsi qu’avec la conscientisation des Québécois.

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