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Contrat de 3,25 G$ pour le Chantier Davie

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Photos et vidéo : Gilles Boutin

08 mars 2025 02:46

Le gouvernement fédéral a annoncé l’octroi d’un contrat de 3,25 G$ au Chantier Davie pour la construction du brise-glace PolarMax, le 8 mars. Une partie de la production sera effectuée en Finlande pour répondre aux échéances, prévoyant la livraison du bateau en 2030.

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Le premier ministre, François Legault, le ministre de l’Éducation, ministre responsable de la région de la Chaudière-Appalaches et député de Lévis, Bernard Drainville, le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne, ainsi que le président-directeur général du Chantier Davie, James Davies, étaient tous présents au chantier maritime lévisien pour en faire l’annonce.

«Ce contrat positionne le Chantier Davie comme future plaque tournante de la construction brise-glace dans le monde», a lancé Jean-Yves Duclos.

Alors qu’une guerre commerciale s’est récemment déclenchée entre les États-Unis et le Canada, le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement croit que la nouvelle renforcera la souveraineté économique du pays.

«On n’a pas choisi cette guerre, mais nous allons la gagner, a clamé M. Duclos. Nous ne pouvons pas changer le président Trump, mais nous pouvons nous changer nous-mêmes. Les événements des derniers temps nous convainquent de la nécessité d’accélérer nos efforts pour bâtir une économie canadienne plus intégrée, plus résiliente, plus forte et plus diversifiée. Nous avons appris que sans la souveraineté économique, il n’y aurait pas de souveraineté nationale. Nous devons veiller à ce que le Québec et le Canada demeurent et deviennent un endroit formidable où investir et faire des affaires.»

 
Lors de la période de questions des journalistes, Bernard Drainville a partagé l'engouement que connaît l'attestation d'études professionnelles en construction navale qui sera offerte par le CSSDN. - Vidéo : Gilles Boutin

Le PolarMax est le plus grand brise-glace jamais construit au Canada. Ce contrat permettra au Chantier Davie de créer environ 3 250 emplois à Lévis d’ici 2030. Ce sont ces emplois et la formation professionnelle en construction navale qui permettront d’assurer la livraison du contrat, selon Bernard Drainville.

«On a créé une attestation d’études professionnelles, les inscriptions ont commencé et le cours se donnera en septembre. Le Centre de services scolaire des Navigateurs (CSSDN) a fait une initiation et il y a eu beaucoup d’inscriptions. Ce qui est bien, c’est que tu as des jeunes actuellement qui s’intéressent à ces métiers, parce qu’ils savent qu’ils vont avoir de l’emploi grâce aux contrats de la Davie», a expliqué le député de Lévis.

Implication du gouvernement provincial dans le dossier

Rappelons qu’en avril 2023, le gouvernement provincial avait offert 519 M$ au Chantier Davie pour la modernisation de ses infrastructures en plus d’un montant de 110 M$ en novembre 2023 pour faire l’acquisition du chantier Helsinki Shipyard Oy, en Finlande, le plus grand constructeur de brise-glaces au monde. En marge de l’annonce, François Legault s’est entretenu avec le Journal pour indiquer que ce sont les investissements du gouvernement provincial qui avaient permis au Chantier Davie d’obtenir ce contrat.

«Je pense que dans l’annonce d’aujourd’hui, ce qui a été le plus stratégique, c’est l’acquisition du Helsinki Shipyard Oy. C’est là qu’on a obtenu une technologie plus avancée. Il y avait des questionnements avant à savoir si la Davie était capable ou non de produire ce genre de bateaux. Avec l’acquisition du chantier d’Helsinki, ça devenait (une) meilleure (option) à la Davie que dans les deux autres chantiers canadiens et dans tous les chantiers américains. Ça nous donne un premier gros contrat ici», a mentionné le premier ministre du Québec.

Vanté par Jean-Yves Duclos, François-Philippe Champagne et François Legault dans sa gestion du dossier, Bernard Drainville a expliqué que ce sont l’opportunisme ainsi que beaucoup de travail qui ont permis ces développements.

«Quand je suis arrivé comme député, j’ai dit à Pierre Fitzgibbon (ancien ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie) qu’on devait aller de l’avant avec le projet de modernisation des infrastructures du Chantier Davie. Sans les 500 M$ du gouvernement provincial, la Davie n’aurait pas été intégrée dans la Stratégie nationale de construction navale. Ensuite, on a travaillé tout l’été avec James Davies pour l’acquisition du chantier d’Helsinki. À ce moment-là, le chantier était entre les mains des Russes. On était donc dans une course contre la montre parce qu’on ne pouvait pas laisser Vladimir Poutine (président de la Fédération de Russie) se réveiller et conserver le premier chantier fabriquant de brise-glaces au monde. J’ai travaillé tout l’été pour convaincre le gouvernement canadien d’embarquer et, malheureusement, ils n’ont pas pu investir. Comme on avait une entente qui venait à échéance, on a dû décider à la dernière seconde si le gouvernement du Québec investissait l’ensemble des 110 M$ nécessaires à l’acquisition du chantier. François Legault a accepté la dépense à la toute fin et, sans ça, on n’aurait pas le contrat du PolarMax à la Davie. Il y a une part d’audace là-dedans, mais c’était un risque calculé», a précisé Bernard Drainville.

L’expertise finlandaise permettra au Chantier Davie d’obtenir des compétences nouvelles pour devenir un leader mondial en construction de brise-glaces. D’ailleurs, ce sont 30 % des travaux du PolarMax qui seront effectués à Helsinki, ce qui permettra d’atteindre la cible de construction établie pour 2030, selon Jean-Yves Duclos. Cette alliance s’imbrique dans l’ICE Pact, une entente entre le Canada, la Finlande et les États-Unis pour accélérer la production de brise-glaces en Occident.

Relations internationales

Si la guerre commerciale lancée par l’administration américaine a effrité les relations entre les États-Unis et le Canada, François Legault espère que l’alliance économique pourra perdurer.

«Il y a toujours un risque avec M. Trump, parce qu’il est très imprévisible, a-t-il lancé en entrevue. Cela dit, quand on regarde les technologies, c’est nous qui avons la meilleure et celle qui est possible de mettre en place le plus rapidement. Ce n’est pas mauvais que ça se passe au Canada, puisque dans les secteurs aéronautique et naval, on va être difficile à battre et il y a une grosse demande de brise-glaces aux États-Unis. Ça peut peut-être prendre un an ou deux régler cette chicane avec les États-Unis, mais je pense qu’on a avantage à ce que le Canada et les États-Unis soient des alliés, entre autres, face à la Chine.»

Un salut aux syndicats dans le dossier

Le premier ministre a tenu à saluer le travail des syndicats dans le dossier, sans qui le développement du Chantier Davie n’aurait pas été possible.

«Il fallait avoir une entente avec le syndicat pour savoir où on s’en allait avec les coûts de la main-d’œuvre avant d’investir 500 M$. James Davies voulait savoir où il s’en allait à long terme. Les syndicats jouaient un rôle important et la CSN a joué le jeu. Ça prenait la paix industrielle pour obtenir un contrat de 3,25 G$», a ajouté François Legault.

Vous pouvez également consulter les photos de notre photographe, Gilles Boutin, sur notre page Facebook.

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