jeudi 23 janvier 2025
Votre Journal. Votre allié local.

Politique > Actualités

Intimidation et harcèlement

Des directrices municipales sonnent l’alarme

Les + lus

Jolyane Houle, Dosquet, Mélanie Lacasse, Joly, Sandra Bélanger, Lotbinière, Émilie Marcoux-Mathieu, Val-Alain Dany Lehoux, Saint-Narcisse-de-Beaurivage, dénoncent le comportement de certains citoyens. Photo : Mélanie Labrecque ​

20 janv. 2025 05:30

«J’ai été bien formée. Un budget, je savais comment faire, mais là, je n’ai plus de moyen, je suis détruite.» Ces mots, ce sont ceux de la directrice générale de la Municipalité de Lotbinière, Sandra Bélanger. Depuis deux ans, elle doit composer avec un citoyen qui la harcèle à un point où elle est en arrêt maladie depuis près d’un an. Elle et des collègues d’autres municipalités de la MRC en ont assez et dénoncent ce genre de comportement.

À lire aussi : Un sondage révélateur

Mme Bélanger est visée par des commentaires sur les réseaux sociaux. Parfois, sous-entendus, d’autres fois où elle est nommée. «Je ne comprends pas pourquoi je suis sa cible», se questionne-t-elle.

De plus, elle recevait des visites régulières de cette personne au bureau municipal, notamment au lendemain des séances du conseil. Après plusieurs visites qui l’ont inquiétée, elle a contacté la Sûreté du Québec. La recommandation des policiers était d’installer des portes qui se verrouillent.

«Vous vous trompez dans votre travail, vous devenez insécure envers vous-même, vous n’avez plus confiance, vous avez des pertes de mémoire, vous ralentissez dans votre travail», a énuméré Mme Bélanger.

Sandra Bélanger a une longue carrière dans le domaine municipal, avant d’arriver à la direction générale de la Municipalité de Lotbinière, elle l'a été à la Municipalité de Saint-Gilles et a également œuvré à la Ville de Lévis pendant plusieurs années.

Cette dernière a porté plainte aux policiers et attend un suivi des procédures.

Un événement qui a tout changé

En 2022, une décision n’a pas plu à un employé qui a milité à l’encontre de celle-ci à l’aide d’une pétition. Cette action est contraire au Code d’éthique et de déontologie des employés municipaux. Cet employé a indiqué préférer perdre son travail pour pouvoir défendre ses valeurs, a soutenu Mme Bélanger. C’est là que tout a changé.

«Lui, il a pris ça à ce moment et en a fait une montagne», mentionne-t-elle. Progressivement, il est devenu de plus en plus insistant auprès de la Municipalité et de Sandra Bélanger. «La guerre a commencé, c’était l’enfer, tout ce qu’on faisait n’était plus bon. Il arrivait au bureau et nous menaçait. C’était de l’incivilité, du harcèlement.»

Pas qu’à Lotbinière

Sandra Bélanger n’est pas seule, plusieurs de ses confrères et consœurs directeurs généraux de la MRC de Lotbinière la soutiennent. Certaines ont aussi eu à composer avec des citoyens difficiles. C’est le cas d’Émilie Marcoux-Mathieu, directrice générale de Val-Alain.

Cette dernière a été menacée au téléphone par un citoyen et a décidé de porter plainte. Elle sera entendue en cour municipale. «Je trouve que c’est inadmissible. On fait ce métier, on met notre vie familiale sur pause pour des citoyens et c’est comme ça qu’on est remercié. Je pense qu’on mérite le respect, c’est pour ça que j’ai entamé des procédures.»

Mélanie Lacasse, directrice générale à Joly, n’a pas essuyé directement les foudres des citoyens, mais son adjointe qui est aussi à la réception en fait les frais. «Les gens lui crient dessus et sacrent. Ce n’est pas acceptable de faire ça. Il y a une façon de demander des choses.»

Certains employés municipaux subissent également la colère des citoyens, ce qui les pousse à démissionner. C’est ce qui est arrivé à Saint-Antoine-de-Tilly lorsqu’en juin dernier, une employée a démissionné en raison du climat malsain qui régnait entre les élus et dans la population.

Toutes souhaitent aussi que les citoyens comprennent qu’elles exécutent des décisions politiques qui viennent autant des gouvernements municipal, provincial et fédéral.

«On les applique parce que c’est notre travail. C’est aussi de protéger nos employés et c’est de plus en plus difficile de le faire. Le plus important c’est de dénoncer, car si on ne le fait pas, ça n’arrête jamais», a rajouté Mme Lacasse.

Elles ont également le soutien du préfet de la MRC de Lotbinière, Daniel Turcotte, dans leur combat. «L’intimidation, ça arrive fréquemment dans le domaine municipal. Il faut que ça arrête. Nous devons appliquer des règlements que nous n’avons pas choisis, qui sont imposés par le gouvernement et nous devons les livrer aux citoyens et c’est à nous qu’ils s’en prennent, mais on a les mains liées.»

Les + lus