jeudi 19 septembre 2024
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De l’audace, encore de l’audace et toujours de l’audace

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19 sept. 2024 08:05

Si pour ma deuxième chronique, vous vous attendiez à des critiques, vous aurez plutôt droit à une pluie d’éloges. Je tiens cette semaine à lever mon chapeau à la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF – PWHL)! Le choix de l’organisation d’attribuer un nom propre et original à chacune de ses six équipes permettra au circuit professionnel de poursuivre sur la belle lancée qu’il connaît depuis ses débuts, à l’hiver dernier.

Par Érick Deschênes

À titre de rappel, la LPHF, premier circuit proposant réellement une alternative professionnelle aux meilleures joueuses de hockey au monde, a amorcé sa première campagne avec six formations n’ayant pour identité que leur ville d’accueil. En plus de permettre aux amateurs de se concentrer d’abord et avant tout sur le produit qui leur était offert, cette décision a permis à la ligue de prendre le temps de développer la meilleure identité possible pour ses équipes.

Ainsi, dès cet automne, le Fleet de Boston, le Frost du Minnesota, les Sirens de New York, la Charge d’Ottawa, les Sceptres de Toronto et la Victoire de Montréal tenteront de ravir les grands honneurs de cette deuxième campagne de l’histoire de la LPHF.

Toutefois, dès le dévoilement des noms qu’arborent désormais les six équipes de la LPHF, des analystes sportifs et certains amateurs de hockey y sont allés de critiques. Et ils ont lancé plusieurs commentaires négatifs, particulièrement envers le choix du circuit de nommer son équipe québécoise la Victoire de Montréal.

Nom prétentieux ou difficultés d’écriture à venir pour les journalistes couvrant l’équipe, comme quoi les scribes ne pourraient utiliser que le mot victoire pour parler d’un gain sportif, ont été nommés par ces derniers. Même que certains plaisantins, obtus, même dirais-je, ont déjà commencé à faire des blagues douteuses sur le logo de l’équipe de Montréal en faisant d’inutiles comparaisons avec une partie intime féminine.

L'identité visuelle de la Victoire de Montréal. Photo : Courtoisie - Victoire de Montréal

Identité propre pour un produit extraordinaire

Vous avez compris en lisant le début de cette chronique que je ne me trouve pas dans ce camp. Pour moi, nommer l’équipe la Victoire de Montréal est tout simplement un coup de génie marketing, cadrant parfaitement à la célèbre phrase du révolutionnaire français Danton que j’ai utilisé pour titrer cette chronique.

Plusieurs commentateurs de la scène sportive montréalaise poussaient depuis la saison inaugurale de la LPHF pour que la formation montréalaise s’appelle les Canadiennes de Montréal. C’était le nom que portait la troupe qui a défendu les couleurs de Montréal à l’époque de la défunte Ligue canadienne de hockey féminin.

En choisissant la Victoire plutôt que les Canadiennes, la LPHF a donné une identité propre à son équipe montréalaise, en évitant une nouvelle association trop directe avec les Canadiens de Montréal. Ressusciter les Canadiennes n’était pas nécessaire. L’hiver dernier, le nouveau circuit professionnel féminin a démontré que son produit est unique avec plusieurs innovations aux règles du hockey féminin ainsi qu’aux façons de faire dans le monde du hockey. La LPHF n’est pas une pâle copie de la puissante Ligue nationale de hockey (LNH), son pendant masculin fondé il y a plus de 100 ans.

Ayant rêvé depuis des années de pouvoir évoluer dans un tel circuit, les hockeyeuses d’élite de la planète ont affiché une passion constante sur la glace l’hiver dernier ainsi qu’un souci de demeurer proches de leurs partisan.e.s. Un dévouement rafraîchissant qui contraste avec le produit offert depuis plusieurs années par la LNH, où certains soirs, on a l’impression de voir évoluer 20 PME contre 20 autres PME. Même que les Canadiens de Montréal, réputés pour leur conservatisme dans les communications et la promotion, devraient grandement s’inspirer de la LPHF.

Avec aussi des billets à des prix plus accessibles, la LPHF est aussi un produit familial qui connaît tout un succès aux guichets, comme a pu le voir dans les derniers mois à Montréal. D’ailleurs, la Victoire disputera la grande majorité de ses matchs en 2024-2025 à la Place Bell de Laval. Ce complexe peut accueillir le double de spectateurs que l’Auditorium de Verdun, la maison de l’équipe de Montréal lors de la saison inaugurale de la LPHF.

Si nommer l’équipe de Montréal la Victoire lui permet d’avoir son identité propre, ce choix permet aussi à la LPHF de ne pas oublier la communauté dans laquelle elle est établie. La Victoire rappelle la tradition gagnante des équipes de sport montréalaises tout en assumant avec fierté que la formation représente le seul État majoritairement francophone en Amérique du Nord.

Mais qui sait si la Victoire sera la seule équipe féminine professionnelle du Québec bien longtemps? Advenant une expansion dans la LPHF et que d’autres formations rejoignent les «six équipes originales», la ville de Québec, avec son Centre Vidéotron, serait un marché à ne pas négliger et permettrait à la Vieille-Capitale de renouer avec le hockey professionnel et d’alimenter assurément une rivalité toujours bien présente avec Montréal.

Espérons, comme le souhaite Jackie Smith, une conseillère municipale à la Ville de Québec, que la Victoire disputera bientôt l’un de ses matchs en terrain neutre dans notre région afin que les amateurs de sport puissent découvrir ce nouveau circuit excitant et inspirant!

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