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Lettre ouverte

L’irresponsabilité : un billet direct pour la catastrophe

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17 mars 2025 01:29

Le monde municipal, jadis perçu comme un pilier fondamental de la démocratie et de la gestion locale, traverse actuellement une période de turbulence. Période de turbulence pour certains rétrogrades ou occasion en or pour les plus rigoureux. Je vous laisse choisir votre camp!

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles des auteurs signataires.

Cependant, une chose est certaine, l’art de se déresponsabiliser aux dépens des autres; provincial, fédéral et citoyens, est notable et même valorisé par plusieurs élus et fonctionnaires. En psychologie, on classe les comportements sous deux groupes : innés ou acquis. Il ne fait aucun doute, que la déresponsabilisation est innée pour plusieurs au palier municipal. Cette stratégie est utilisée intentionnellement afin d’éviter d’être imputable lorsque des situations exposent leur manque de compétence. Une technique digne du célèbre jeu télévisé : Le tricheur

Cependant, cette pratique soulève chez les citoyens des préoccupations croissantes quant à l'efficacité de la gouvernance municipale. Elle contribue à créer un fossé entre les attentes réalistes de la population et les réponses idéalistes des acteurs municipaux en plus de renforcer le sentiment de désillusion des citoyens. La population s’attend, mais surtout mérite, que leurs représentants assurent une gestion rigoureuse et transparente de l’argent qu’elle leur confie.

Malheureusement, le déclin de l’imputabilité des élus et fonctionnaires est bien présent pour plusieurs raisons; manque de professionnalisme et de formation, l'absence de sanction exemplaire, le peu de reddition de comptes auprès des citoyens et la centralisation de l’attention sur les paliers provincial et fédéral. Vous avez juste à penser à l’horrible histoire concernant SAAQCLIC où personne n’est responsable d’avoir dilapidé plus de 1 G$. Quel beau modèle de responsabilisation pour les acteurs municipaux…

Pourtant, la politique locale, autrefois vue comme un terrain de rivalités où se tenait des débats honnêtes et surtout où chacun pouvait dévoiler sa position avec fierté et sans crainte de représailles, souffre maintenant d’une hyperpartisanerie toxique qui privilégie le nivellement vers le bas aux dépens de la promotion de l’excellence. Aujourd’hui, chaque élu appui son chef sans broncher même si celui-ci perd plus de 1 G$ ou imagine des signes racismes en séance du conseil. Les comportements toxiques sont bien ancrés dans la structure décisionnelle et ils écartent systématiquement toute remise en question comme un antibiotique rejette les bactéries. Pour les gens qui ont dégusté la pizza d’un célèbre entrepreneur beauceron dernièrement, vous aurez un sourire en coin. 

Pour ces raisons, je suis d’avis que l’interdiction de présenter un parti politique au municipal permettrait de réduire significativement cette toxicité. La formation d’un parti politique éloigne systématiquement les citoyens des dirigeants, mais elle offre surtout, aux élus, l’opportunité de se déresponsabiliser individuellement en se fondant dans la masse.

Une importante réforme est nécessaire afin de retrouver la vitalité d’antan, un retour à l'essentiel, celui de servir de plus près les préoccupations des habitants, tout en rétablissant la confiance et en renouvelant les pratiques de politiques locales fondamentales.

Cette dérive n’est cependant pas un hasard. Elle nous rappelle l’importance d’une vigilance citoyenne constante, d’une transparence accrue et d’un renouvellement politique qui ne soit pas qu’un simple changement de visage. Si nous laissons l’élu d’aujourd’hui devenir le problème de demain, c’est que nous avons abandonné notre rôle de garde-fou du pouvoir.

Sans changement drastique, le SAAQCLIC d’aujourd’hui sera monnaie courante dans monde municipal de demain!

Renaud Labrecque

Directeur général de la Municipalité de Parisiville et chroniqueur à CHOI Radio X 98,1

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