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Une vie de député en temps de pandémie

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Si François Paradis, Marc Picard et Steven Blaney ont repris le chemin de Québec et d’Ottawa, plus rien ne ressemble à l’avant COVID-19. CRÉDIT : ARCHIVES - ÉRICK DESCHÊNES ET COURTOISIE

03 juin 2020 08:50

Les travaux parlementaires ont repris à Québec comme à Ottawa. Mais les activités sont réduites et le nombre de parlementaires limité. Les députés provinciaux et le député fédéral du territoire partagent leur nouvelle réalité au Journal.

«On a repris dans un format un peu différent et qui nous permet quand même de réaliser les travaux parlementaires», partage le président de l’Assemblée nationale du Québec et député de Lévis, François Paradis, sur son quotidien politique bouleversé par la pandémie.

Deux périodes de questions ont été organisées dès la mi-mai, en présence d’un nombre réduit de députés. Et depuis le 25 mai, les travaux se tiennent au rythme de trois séances par semaine, le rythme habituel, mais toujours à effectif minimal.

«C’est historique. On n’avait jamais vu le Salon bleu de l’Assemblée nationale recommencer à fonctionner à 36 députés au lieu de 125», partage François Paradis.

Essentiel au fonctionnement de la démocratie puisqu’il permet le contrôle de l’action gouvernementale, le parlement s’est vu transformé par la crise sanitaire. «Le travail des députés a changé dans sa forme. Mais, il était important qu’on retrouve les rencontres présentielles, d’être face à face, souligne le député lévisien. On entre avec notre masque. Il y a des périodes de désinfection dès qu’il y a suspension pour combattre la propagation du virus.»

Peu de gens circulent dans les couloirs. Seule une petite partie du personnel de l’Assemblée nationale et des cabinets se trouve sur place. «On minimise au maximum la présence de celles et ceux qui peuvent travailler à distance en télétravail. Alors, on a beaucoup moins de monde, mais avec des mesures sanitaires et de sécurité beaucoup plus importantes.»

Au plus près des besoins

Si les travaux sont restés suspendus plusieurs semaines, François Paradis rappelle que les députés sont restés présents sur leur territoire et leurs équipes actives pendant le confinement, pour soutenir et accompagner citoyens et organismes face à la nouvelle réalité causée par le coronavirus.

Même ton chez le député des Chutes-de-la-Chaudière Marc Picard, qui travaille davantage dans sa circonscription depuis le début de la pandémie, que dans les périodes où il partage son temps entre son bureau et le parlement.

«On limite les contacts le plus possible et on accompagne les gens à distance avec les moyens technologiques à notre disposition. On est chanceux de pouvoir disposer de tous ces outils, comme Teams ou Zoom, qui permettent de garder le contact et de se réunir virtuellement avec les acteurs économiques ou les organismes du territoire», partage Marc Picard. 

Le député provincial reconnaît toutefois qu’être sur le terrain auprès des organismes communautaires et de participer à des activités avec les citoyens lui manque, puisque c’est l’un des aspects de son rôle qu’il apprécie tout particulièrement.

Après avoir suscité nombre d’interrogations dans ses premières semaines, le confinement, puis le déconfinement, ont créé des situations inhabituelles et parfois problématiques dans la population. «On a dû intervenir pour permettre à une citoyenne dont la mère était mourante dans une autre région de la province d’être avec elle. On a contacté la députée du comté pour permettre à la personne de pouvoir s’y rendre malgré la fermeture des régions. Elle a pu vivre les derniers moments avec sa mère.»

Retrouver les leviers d’action au plus vite

 Des habitudes et une logistique nouvelles qu’a aussi adoptées le député fédéral de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis Steven Blaney, en déplacement à Ottawa pour la première fois depuis la pause forcée des travaux, lors de l’entrevue avec le Journal.

«Une adaptation a été nécessaire. Les rencontres sont virtuelles et on pratique la distanciation», indique-t-il. Les activités du bureau ont donc été maintenues, alors que le parlementaire n’a pu que constater combien l’action de proximité reste «importante».

«L’équipe a redoublé d’ardeur pour faire face aux inquiétudes». C’est d’abord les problèmes rencontrés par les Canadiens pour revenir au pays qui ont occupé ses services, puis des questions relatives aux prestations et aides gouvernementales.

Quant au travail à Ottawa, «les échanges se poursuivent», constate Steven Blaney. Mais en tant que député de l’opposition face à un gouvernement minoritaire, il considère que «pour effectuer notre rôle de chien de garde, s’assurer que les programmes sont bien ciblés et diminuent les effets pervers de la crise, on doit s’assurer de restaurer l’ensemble des activités parlementaires».

Steven Blaney regrette que seule une portion des activités se fassent, au détriment du travail législatif, alors que seul un comité plénier est maintenu, «où on peut interroger le gouvernement, mais on ne peut pas adopter des législations et modifier des mesures».

«Il y a des sommes colossales engagées par le gouvernement, donc c’est une question d’imputabilité et de transparence. Il est essentiel pour une saine démocratie que le parlement joue pleinement son rôle et pour l’instant, ce n’est pas le cas.» 

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