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Santé mentale

Lettre ouverte - Santé mentale : une demande pour redonner de l'espoir

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Photo : Arseny Togulev - Unsplash

06 avr. 2023 12:06

Monsieur le ministre de la Santé, j'aimerais vous partager mon chemin de croix et vous faire une demande pour une meilleure accessibilité aux soins alternatifs en santé mentale.

Note de la rédaction : Le Journal de Lévis n'endosse aucune opinion qui est partagée dans les lettres d'opinion ou ouvertes publiées dans notre section Opinions. Les opinions qui sont exprimées dans ce texte sont celles de l'auteur signataire.

Mon chemin de croix, c'est de vivre avec un trouble bipolaire sans avoir réussi à trouver une médication efficace que mon corps tolère bien.

J'ai 44 ans et mon parcours a débuté au début de la vingtaine. C'est à ce moment que la dépression est entrée dans ma vie pour la première fois. Mon médecin de famille m'a prescrit un antidépresseur, qui a provoqué chez moi le début des montagnes russes de la maladie, des idées suicidaires et la première tentative de suicide. L'espace manque ici pour vous raconter tout le parcours qui s'en est suivi. Ma chance, c'est que maintenant j'ai une psychiatre bienveillante qui m'accompagne depuis maintenant 5 ans.

La stimulation magnétique transcranienne (SMTR)

En début d'année elle m'a parlé d'une approche différente : la stimulation magnétique transcranienne (SMTR). C'est une approche utilisée pour les personnes qui ne réagissent pas aux médicaments ou ne les tolèrent pas. J'ai fait des recherches et je suis entré en contact avec Camille qui a bénéficié de ces traitements. Ça lui a rendu sa vie. Elle a même participé à un reportage pour faire découvrir cette alternative aux médicaments. Je vous invite à le visionner.

Moi, il m'a redonné un peu d'espoir. Près de chez moi, ce traitement est seulement offert à l'Institut universitaire en santé mentale de Québec. Ma psychiatre a fait la demande pour moi. Au début mars, elle a obtenu la confirmation que sa demande était bien reçue et complète. On lui demandait d'aviser son patient d'une attente d'un an avant la rencontre d'évaluation. Mon espoir s'est transformé en désespoir.

Je me sens incapable de passer encore une année à lutter contre l'idée de mourir. Je suis usé monsieur Dubé. La croix devient trop lourde à porter. Trop lourde pour moi seul. Alors, j'ai écrit un message sur Facebook pour demander du soutien et des prières. J'espérais un miracle. J'ai eu l'idée d'appeler au bureau de ma députée pour lui demander son aide. J'ai parlé à son attaché politique pour lui raconter mon histoire. Il m'a expliqué comment la situation pouvait être étudiée et a suggéré que ma psychiatre contacte un psychiatre de l'Institut.

Quand j'ai parlé à ma psychiatre, elle a senti mon désespoir et m'a recommandé d'être hospitalisé. Après trois jours à l'urgence psychiatrique à observer la souffrance humaine, j'ai finalement été transféré à l'Institut. J'y ai rencontré un psychiatre pour l'évaluation de la SMTR, qui m'a expliqué que ce n'est pas un traitement offert en urgence. Leurs deux appareils de SMTR fonctionnent seulement l'après-midi parce que l'avant-midi, le personnel est occupé à offrir d'autres types de traitements. Il m'a ensuite parlé des électrochocs qui sont offerts dans plusieurs hôpitaux et donc disponibles plus rapidement. Ça a suscité plus de craintes que d'espoir en moi.

J'ai passé une semaine à l'Institut durant laquelle j'ai beaucoup pensé à ce traitement de SMTR. Celui là, il ne me fait pas peur. Je commencerais demain matin. Pas d'effets indésirables à part peut-être un mal de tête, pas d'anesthésies ni de risques de pertes de mémoire qui sont possibles avec les électrochocs. L'efficacité n'est pas assurée, mais les commentaires que j'ai lus sont positifs. Pour les électrochocs, c'est différent. Pour certains c'est un succès, mais d'autres personnes regrettent de les avoir acceptés.

Maintenant, je suis sur la liste d'attente pour la SMTR et je pense à toutes les autres personnes qui attendent suite à leur parcours infructueux avec la médication. Elles sont peut-être aussi usées que moi. Est-ce que l'attente sera au dessus de leurs forces?

Voici ma demande monsieur Dubé : dans les fonds supplémentaires annoncés pour la santé mentale, est-ce qu'il y a un peu d'argent pour faire fonctionner les deux appareils de SMTR de l'Institut à temps plein? À long terme, ça pourrait même être économique d'avoir des appareils de SMTR pour davantage d'hôpitaux versus les traitements d'électrochocs qui nécessitent une anesthésiste, un inhalothérapeute et du personnel en salle de réveil.

Mais déjà si on commençait par utiliser pleinement les appareils déjà disponibles, on sauverait peut-être des vies. Peut-être celles de personnes qui en viennent, comme moi, à espérer l'aide médicale à mourir pour les personnes souffrant de troubles mentaux parce qu'elles sont usées de souffrir et qu'elles ne voient plus d'espoir. Ces nouveaux traitements alternatifs comme la SMTR pourraient devenir une aide médicale à vivre pour permettre à d'autres personnes comme Camille de retrouver la joie de contempler un beau ciel bleu.

Vincent Deschênes

Beaumont

Si vous en sentez le besoin, pour avoir une aide immédiate, vous pouvez visiter le suicide.ca ou appelez au 1 866 APPELLE (1 866 277-3553).

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