dimanche 19 mai 2024
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Un brin d'histoire, par Claude Genest

Un oublié de l’histoire

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Louis-Georges Desjardins et sa famille. De gauche à droite : Émile, Georges, Amélie, Louis-Georges, Joséphine et Omer. Photo : Archives historiques du Mouvement Desjardins

09 nov. 2023 08:45

Il arrive que des personnes très connues publiquement de leur vivant soient pratiquement oubliées par l’histoire. C’est le cas de Louis-Georges Desjardins (1849-1928), personnalité lévisienne très active et qui a eu une intéressante carrière nationale en son temps.

Chronique historique - Collaboration spéciale

Le 1er mai 1888, un petit événement est organisé pour souligner le déménagement de Louis-Georges Desjardins à Québec. Citoyen très impliqué à Lévis, il eut pour mentor nul autre que Joseph-Godric Blanchet (1829-1890), ancien président de l’Assemblée législative à Québec et premier président francophone de la Chambre des communes à Ottawa. Lors de la petite cérémonie du 1er mai, L-G. Desjardins déclare qu’il fait partie de ceux qui ont vu naître Lévis et participé à son développement. À la suite de la remise de présents par ses amis lévisiens, il souligne qu’il avait «l’obligation, comme citoyen de Lévis et comme homme public, de favoriser cet avancement, et je me suis efforcé de la bien remplir».

L-G. Desjardins a fait ses études au Collège de Lévis et à l’école militaire de Québec. Il s’est grandement impliqué dans la vie militaire et associative lévisienne, notamment à la Chambre de commerce. Son nom apparaît un peu partout et il s’impose graduellement comme un personnage public d’importance. En 1875, il devient propriétaire du journal quotidien Le Canadien à Québec, où il travaille en compagnie d’Israël Tarte et autres grosses pointures du monde politique d’allégeance conservatrice. Il est élu député à Québec pour deux mandats et siège aussi à Ottawa avant de poursuivre sa carrière à titre de greffier de l’Assemblée législative à Québec à partir de 1892.

Homme de lettres et d’opinions, L-G. Desjardins écrira de nombreux articles, éditoriaux, chroniques, plaquettes et livres sur des sujets chauds de son temps. Parfaitement bilingue, il publie dans les deux langues et ses écrits font échos dans tout le Canada. C’est lui qui répond par écrit à un discours célèbre de Wilfrid Laurier sur le libéralisme prononcé à Québec en 1877, par l’entremise d’une plaquette qui s’intitule M. Laurier devant l’histoire : les erreurs de son discours et les véritables principes du Parti conservateur. Il rédige aussi une série de lettres qui sont publiées dans le Toronto Empire et The Montreal Gazette qui se veulent une réponse aux positions anticatholique et francophobe de l’orangiste Dalton McCarthy. Sans compter ses écrits concernant l’annexion aux États-Unis et sur l’idée conservatrice dans l’ordre politique.

Plus tard en 1917, il rédige un livre important en pleine Première Guerre mondiale (1914-1918) qui se veut, entre autres, une réponse aux positions sur la guerre d’Henri Bourassa du journal Le Devoir. L’ouvrage a pour titre L’Angleterre, le Canada et la Grande Guerre. Deux ans plus tard, il présente une synthèse de sa pensée sur l’unité canadienne qu’il publie sous le titre de L’harmonie dans l’union. En ce qui concerne Lévis, ajoutons son petit historique du 17e bataillon d’infanterie de Lévis et ses publications concernant les décisions des présidents des parlements de Québec et d’Ottawa, dont son ancien mentor Blanchet.

Voilà donc quelques facettes de cette carrière publique diversifiée. Frère aîné du fondateur des caisses populaires, Alphonse Desjardins (1854-1920), notre oublié de l’histoire est paradoxalement plus connu que son cadet de son vivant, mais beaucoup moins aujourd’hui. Mystère de l’histoire!

Louis-Georges Desjardins décède à Montréal en juin 1928 et ira reposer au cimetière Notre-Dames-des-Neiges dans la métropole.

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