dimanche 19 mai 2024
Votre Journal. Votre allié local.

Histoire et patrimoine > On se souvient

Chronique historique

La naissance du journal Le Quotidien de Lévis

Les + lus

Reproduction du prospectus du 28 juin 1879 à partir de la version numérisée du journal hébergé par Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Reproduction : Claude Genest

08 juin 2023 06:43

Le samedi 28 juin 1879 paraît à Lévis un prospectus qui vise à préparer le terrain en vue du lancement d’un journal quotidien sur la Rive-Sud. Idée du libraire, relieur et imprimeur Joseph-Edouard Mercier, le journal Le Quotidien offrira aux habitants du territoire un organe de presse spécialement conçu pour eux pendant plus de 50 ans.

Par Claude Genest - Collaboration spéciale

Né à Québec, J-E Mercier publie au début de l’été 1879 son prospectus qui annonce la naissance d’un journal quotidien. Basé au 16, côte du Passage, il lance la nouvelle feuille en adressant gratuitement le premier numéro «à un grand nombre de personnes et celles qui ne le renverront pas d’ici à lundi, le 7 juillet, seront considérées comme abonnés». Il donne donc aux futurs lecteurs un délai de 10 jours pour retourner le prospectus, sinon ils seront des lecteurs d’office. Il profite de l’occasion pour informer ses clients potentiels qu’à partir du 7 juillet, le tarif d’un abonnement annuel sera de deux dollars. De leur côté, les non-abonnés pourront acheter leur exemplaire au tarif d’un sou par jour.

Qualifiant sa nouvelle entreprise de «téméraire», Mercier arrive dans un marché «qui a vu s’éteindre dans son sein trois ou quatre journaux». Le défi est de taille en face de la ville de Québec qui compte alors huit feuilles quotidiennes. D’entrée de jeu, il pose la question aux éventuels lecteurs : «Comment se fait-il donc que la ville de Lévis que l’on se plaît à appeler parfois la rivale de Québec et que l’on a baptisée, un jour – toute proportion gardée – du nom de Brooklyn canadien, comment se fait-il, disons-nous, que Lévis n’ait pas un seul journal?». Pour lui il ne fait pas de doute que Lévis peut faire vivre un quotidien d’autant plus qu’il s’engage d’être «toujours à l’affût des nouvelles garantissant la primeur pour celles de la Rive-Sud et des comtés environnants».

Homme d’affaires accompli, il débute l’aventure avec un format modeste, mais garantit aux lecteurs que l’existence de son journal «est assurée pour un an, et si après ce temps nous venons à tomber, la chute serait moins forte». Outre la distribution gratuite du prospectus, Mercier annonce que dès le lundi 30 juin, ses «agents commenceront à solliciter des abonnements» en vue du lancement officiel du 7 juillet. Il livre la marchandise et le lundi 7 juillet est publié un premier journal de quatre pages, dont une page complète d’annonceurs. Le premier éditorial souligne que le prospectus distribué le 28 juin a reçu du public un «accueil bienveillant». Tout cela est de bon augure.

L’entreprise s’avère un succès et le professeur Adolphe-Basile Routhier, dans un court texte qu’il consacre à Joseph-Edouard Mercier en 1900, souligne que ce dernier a su donner à son journal un effet de levier en le combinant avec une librairie, une reliure et une papeterie. Plus encore, il développe à partir du 13 janvier 1883 L’Hebdomadaire qui s’adresse aux gens qui ne lisent pas quotidiennement son journal et en 1884 il fonde au Bas-Saint-Laurent Le Journal de Fraserville (aujourd’hui Rivière-du-Loup) de même qu’une succursale de sa librairie lévisienne. Cet écosystème permet à Mercier, aux dires de Routhier, de «retirer un bénéfice, pécuniaire, tangible et substantiel» et donne un emploi régulier à 72 personnes. Mercier sera propriétaire du Quotidien jusqu’en 1908, avant de mourir à Fraserville en 1915.

Les + lus