vendredi 24 janvier 2025
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Chronique historique

Un Lévisien discrètement visité depuis 1986

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Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré en hiver. – Photo : Claude Genest

14 janv. 2025 05:31

Site de pèlerinage majeur en Amérique du Nord, le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré accueille les pèlerins québécois, canadiens, américains, sans compter les peuples des Premières Nations. La majorité des visiteurs y vont pour prier la bonne Sainte-Anne, mais d’autres y vont aussi pour visiter le tombeau du Lévisien Alfred Pampalon (1867-1896).

Par Claude Genest

Natif de Lévis, Alfred Pampalon voit le jour dans le Vieux-Lévis en 1867. Il étudie au Collège de Lévis où, selon Mgr Élias Roy, il est «un as» au populaire jeu de la balle au mur. Plus tard, il embrasse la vie religieuse chez les Rédemptoristes et voilà qu’il se dirige en Belgique où il fait son noviciat. De santé fragile, il est de retour au Canada à Sainte-Anne-de-Beaupré en 1895. Il y affronte la maladie et meurt l’année suivante en 1896. En tout et partout, il n’aura été que quelques mois dans le village de la Côte-de-Beaupré et pourtant on parle encore de lui, car son tombeau est exposé à l’intérieur du sanctuaire depuis 1986.

Le tombeau de granit repose dans un endroit calme et dans une pièce soigneusement décorée. C’est ici que les gens vont à sa rencontre spirituelle tout en étant en présence de ses restes. Des individus, mais aussi des familles et des proches de personnes aux prises avec des problèmes de dépendance à l’alcool et aux drogues se confient en pensées à lui. Dans leur petit ouvrage Sainte-Anne-de-Beaupré un rayonnement, Jean-Marie Lebel et Brigitte Ostiguy nous disent que «le pape Jean-Paul II proclama officiellement le 14 mai 1991 l’héroïcité de ses vertus et l’éleva au rang de vénérable. […] De nombreux pèlerins s’arrêtent prier au tombeau de celui que l’on appelle le patron des alcooliques et des drogués».

Pendant longtemps on pouvait feuilleter un cahier où les gens témoignaient, à la fois de guérison, mais aussi de leur désarroi face à une dépendance quelconque, ce mal qui malheureusement transcende les époques. Des textes bouleversants écrits à la main dans la discrétion en français, en anglais ou autres langues, mais aussi visibles à quiconque osaient y poser son regard. Témoignages de joies devant des guérisons, mais aussi d’espoir qu’un proche, qu’un fils, qu’une fille ou qu’un ami guérisse. Des textes empreints de blessures vives à fleur de peau. Bref, un mélange d’humanité sans censure qui bouleverse les lecteurs.

Ici à Lévis, une plaque commémore le souvenir du vénérable père Alfred Pampalon. Celle-ci est apposée sur sa maison natale de la rue Wolfe, au cœur du Vieux-Lévis. À son image, la plaque est discrète, mais son souvenir demeure vivant à Lévis, mais surtout à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Cet objet de mémoire nous rappelle ce jeune homme as de la balle au mur, religieux et malade, dont le tombeau reçoit la visite de milliers de gens encore aujourd’hui. Mystère de la vie…

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