«C’est une solution qui existe depuis 2016. La médication pour prévenir le VIH est approuvée par Santé Canada. C’est quelque chose qu’on n’avait pas dans la région, au moment où on a décidé de développer l’offre de services. On avait des patients qui demandaient aux infirmières des CLSC d’avoir ce service parce qu’ils avaient des pratiques sexuelles à risques avec leur partenaire. Les infirmières n’avaient pas d’endroit où les référer. C’est à la suite des discussions que nous avons eues avec ces infirmières qu’on a su que ce besoin existait», explique Andréanne Huot, cheffe du service régionale des infirmières praticiennes spécialisées du CISSS-CA.
C’est grâce à une collaboration entre les infirmières praticiennes spécialisées de première ligne et des médecins infectiologues que l’équipe a pu développer un service d’accès à la PrEP dans la région de la Chaudière-Appalaches. Ce médicament peut être administré préventivement à une clientèle à risque de contracter le VIH lors de relations sexuelles entre hommes.
«Ça s’adresse aux hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). On ne parle pas d’une clientèle qui est homosexuelle, ça a une terminologie au niveau de la santé publique. C’est le groupe qui est le plus à risques de contracter le VIH, on parle de 7 % de cette population-là qui contracte le virus», ajoute Andréanne Huot.
L’Organisation mondiale de la santé a pour objectif de réduire la propagation du VIH afin d’éventuellement pouvoir l’enrayer. La PrEP ne s’adresse pas à une clientèle ayant déjà contracté le virus, mais permet plutôt de l’empêcher de se reproduire et de s’installer dans les cellules immunitaires.
«Ce sont souvent des gens oubliés avec des risques de transmission, des besoins qui ne sont pas répondus puisque c’est une classe minoritaire. On ne veut pas oublier personne. On veut vraiment donner des services à toute la population, peu importe leurs activités. Souvent, ces comportements sexuels à risques sont grandement jugés. Ce sont des personnes qui vont être mises de côté ou qu’on ne traitera pas en disant qu’ils ont juste à se protéger, mais ce n’est pas comme ça que ça marche. On est vraiment dans la réduction de méfaits et de répondre aux besoins», indique la représentante du CISSS-CA.
Depuis 2016, le médicament joue un rôle actif en matière de prévention du VIH, mais ce n’est que depuis quelques années qu’il est plus facile d’accès en Chaudière-Appalaches. Aujourd’hui, ce sont 13 CLSC de la région qui offrent un suivi auprès de la clientèle à risques. Dès la première année, 130 suivis actifs ont été réalisés.
«Les seuls patients qui étaient pris en charge dans notre région l’étaient par des médecins infectiologues, qui sont des médecins spécialistes. Ils étaient sur des listes d’attente. C’est de la santé préventive, ce n’est pas un problème de santé aigu qu’on doit traiter. On parle de 2020 pour le premier lancement, en pleine pandémie de COVID-19. Les médecins infectiologues avaient beaucoup de choses à faire à l’hôpital autre que de voir des patients pour ça», partage-t-elle.
C’est à ce moment que le groupe a eu l’idée de développer l’offre de service en Chaudière-Appalaches, offre qui lui a valu l’obtention du Grand Prix Innovation infirmière Banque-Nationale.
«On a essayé de voir comment on pourrait offrir ce service-là à la population, mais étendu sur tout le territoire. La Chaudière-Appalaches, c’est grand, donc on s’est servi des CLSC et des infirmières qui y faisaient déjà du dépistage d’infections transmissibles sexuellement, par le sang et les produits sanguins, pour être la porte d’entrée. Nous avons associé à ces CLSC des infirmières praticiennes qui peuvent répondre rapidement aux besoins des infirmières. Nous avons donc créé une collaboration entre elles», conclut Andréanne Huot.