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Coupures majeures en francisation : une «catastrophe», estime le Tremplin

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Photo : Archives - Gilles Boutin

05 nov. 2024 07:33

Le Centre de service scolaire des Navigateurs (CSSDN) annonçait, le 29 octobre, qu’à compter du 4 novembre, son offre de cours de francisation allait être réduite de 90 %. Il restera seulement une trentaine d’élèves en classe sur les plus de 300 inscrits à ces cours offerts au Centre d’éducation des adultes des Navigateurs (CÉAN). Pour Guillaume Boivin, directeur général du Tremplin, centre pour personnes immigrantes, cette situation, hors du contrôle du CSSDN, représente un recul de près de 15 ans en efforts de francisation des nouveaux arrivants.

À lire aussi : Le CÉAN dans l’obligation de réduire de plus de 90 % son offre de cours de francisation

«On a accueilli la nouvelle avec beaucoup de stupeur et consternation. C’est une catastrophe comme nouvelle. Depuis 15 ans, j’ai été témoin de tous les efforts qui ont été faits pour que la francisation puisse se bâtir à Lévis. Ce qu’on avait à l’époque, c’est ce à quoi nous sommes réduits aujourd’hui. C’est ni plus ni moins qu’un recul d’une quinzaine d’années. 15 ans d’efforts pour que le CSSDN puisse bâtir une offre complète intéressante et reconnue, c’est tout un retour en arrière», a partagé Guillaume Boivin en entrevue avec le Journal.

Ce dernier soutient l’importance d’avoir accès à des cours «reconnus» par les instances et ainsi pouvoir bénéficier d’allocations et de permettre l’avancement des dossiers des personnes immigrantes qui souhaitent aller plus loin dans leur démarche d’immigration.

Alors, tous ceux qui ne seront pas en mesure de poursuivre leur parcours en francisation se retrouveront sans allocations, qui permettent notamment d’avoir un petit revenu supplémentaire afin de se payer un service de garde pour les enfants et boucler les fins de mois, explique le directeur général du Tremplin.

«Ce qu’on anticipe, c’est qu’en particulier, les femmes immigrantes vont être pénalisées. Dans le sens où, sans allocation, les familles n’auront plus d’argent pour payer les coûts d’un service de garde, par exemple. Les enfants devront demeurer à la maison et, habituellement, ce sont davantage les femmes qui se retrouveront dans l’impossibilité de travailler ou d’étudier le français et qui sont isolées à la maison, a déploré Guillaume Boivin. Il faut anticiper aussi, une précarité au sein de ces familles. On va avoir des citoyens qui auront possiblement besoin de soutien alimentaire et avec la pression que les banques alimentaires vivent dans la région, je ne pense pas qu’elles pourront répondre à la demande de toutes ces personnes-là.»

Un accès aux solutions limité

Le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) promet de prendre en charge les élèves qui ont perdu leur place en classe. Ils seront référés, entre autres, vers des organismes soutenus par le MIFI qui offrent des cours de francisation en présentiel, pour les niveaux 1 à 4, et vers des cours en ligne, pour les niveaux 5 à 8. L’organisme communautaire qui accompagne les personnes immigrantes estime que ces dernières n’ont pas nécessairement les ressources pour y accéder. Notons également qu’il n’existe pas d’organisme sur le territoire du CSSDN qui offre des cours de francisation soutenus par le MIFI.

«On reçoit un gros volume d’appels en ce moment pour s’informer où ils peuvent poursuivre leur formation en francisation et, malheureusement, on a très peu d’information à leur donner parce qu’il existe peu d’endroits où l’on peut les référer», a indiqué le directeur général de l’organisme lévisien.

«Un espoir déçu»

Le représentant du Tremplin estime que plusieurs vivent ou vivront de la détresse et de l’anxiété face à cette annonce, mais ne blâme aucunement le CSSDN qui a démontré «énormément de volonté» afin de maintenir les cours.

Si ce sont un peu plus de 270 personnes qui n’ont plus accès à leur classe de francisation, plusieurs autres avaient déjà été refusés en raison des compressions avec lesquelles le CSSDN devait jongler.

Pour Guillaume Boivin, les cours de francisation sont cruciaux pour ces personnes, qui d’ailleurs souhaitent ardemment apprendre le français, afin d’accéder à un emploi de qualité, de recevoir des services de santé et d’accompagner leurs enfants dans leur éducation.

«Ces gens-là ont tout laissé derrière, ils avaient un emploi, une famille et un réseau. Ils ont quitté leur pays parce qu’ils avaient une condition sociale qui leur permettait d’immigrer. Ils se retrouvent ici avec un espoir déçu en se faisant claquer la porte au nez», a conclu M. Boivin.

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