Le RGFCA est une table qui regroupe presque tous les organismes qui touchent les droits des femmes dans la région. Que ce soient les maisons d’hébergement, le CALACS, les groupes d’agricultrices, les cercles des fermières, ces acteurs œuvrent tous pour le même but : défendre les droits des femmes.
En plus de mener différentes études et projets, le réseau est «une courroie de transmission entre la réalité sur le terrain et les instances gouvernementales», explique Andréanne Moreau Baril, chargée de projets pour le RGFCA.
Une étude ciblée
Appelé Femmes et précarité économique : le fardeau invisible de la charge mentale des femmes en Chaudière-Appalaches, l’étude du RGFCA a été présentée à l’automne 2024 devant plusieurs acteurs du milieu.
Ce que le RGFCA avait pu constater dans sa première étude pandémique, c’est que la majorité des répondantes, qui étaient pour la plupart des femmes plus favorisées, se trouvaient des moyens personnels afin de pallier la charge mentale, comme en allant faire du yoga ou en faisant appel à une personne pour l’entretien ménager de la maison.
Andréanne Moreau Baril soutient toutefois que ce genre de solutions ne peut pas s’appliquer aux femmes qui se retrouvent en situation de précarité économique. Qu’elles soient monoparentales, immigrantes, en situation de handicap physique ou mental ou encore qu’elles bénéficient du programme d’aide sociale gouvernemental, celles-ci ne se rendent pas compte de ce qu’est la charge mentale, alors que le fait de vivre dans une précarité économique nécessite beaucoup de travail et d’efforts pour joindre les deux bouts.
«Je pense qu’elles ne le voient même pas comme une charge mentale, mais plus comme de la survie. Elles jonglent avec tellement d’organismes. Par exemple, si je veux faire un examen de la vue, il y a tel organisme qui l’offre gratuitement, tel jour puis là, j’ai telle autre affaire qui se rajoute. Ces femmes ont la même pression sociale que les femmes plus favorisées pour que leurs enfants mangent bien, qu’ils participent à des activités. Elles ne veulent pas que leurs enfants voient ou vivent cette précarité financière», décrit-elle.
Parmi les enjeux qui ont été ressortis par les répondantes, l’accessibilité aux ressources et à l’aide alimentaire en font parties.
«Oui, il y a des ressources qui sont créées pour aider les femmes, mais elles ne sont pas appropriées pour la réalité des femmes. Par exemple, il va y avoir de l’aide alimentaire, mais c’est le jour. On s’imagine souvent qu’une personne qui est pauvre n’a pas de travail ou bénéficient de l’aide sociale, donc qu’elle a la possibilité de se déplacer à ce moment de la journée, Mais ce n’est pas la réalité que nous ressortons de cette recherche», ajoute la chargée de projets du RGFCA.
En lien avec cet enjeu, le transport en est un qui ressort également. Comme les résultats s’étendent à l’ensemble de la Chaudière-Appalaches, celui-ci devient encore plus important à l’extérieur de Lévis, comme il n’y a pas ou très peu de transport en commun au-delà de ces lignes.
Andréanne Moreau Baril indique «qu’on peut présupposer que les femmes de Lévis peuvent avoir un avantage dans une situation de précarité parce qu’elles ont accès à des moyens de transport en commun et qu’il y a plus d’organismes dans la ville».
Du travail à faire
Après ces deux études, le RGFCA compte réaliser plusieurs initiatives afin de sensibiliser davantage la population à l’enjeu de la charge mentale. Bien que les femmes plus favorisées financièrement puissent bénéficier de moyens personnels pour mettre en pause cette charge mentale, il ne s’agit toutefois pas de solutions pour régler l’enjeu de la répartition de la charge mentale, principalement dans les couples hétérosexuels, indique la représentante du RGFCA.
«Notre objectif après l’étude est quand même de diminuer la charge mentale de ces femmes, donc nous voudrions faire des vidéos de sensibilisation pour faire comprendre ce qu’est la charge mentale. La majorité des couples étant hétérosexuels, on veut sensibiliser le partenaire à prendre une partie de la charge mentale, donc sensibiliser les hommes à la charge mentale pour qu’il y ait une meilleure répartition entre les partenaires», complète-t-elle.
Du côté des femmes en précarité financière, cette étude a permis de «mettre en lumière à quel point quand on vit certaines difficultés, c’est un parcours du combattant presqu’insurmontable pour s’en sortir» ajoutant que «c’est comme un cercle vicieux sans fin».
Le RGFCA souhaite également créer des outils pour les intervenants des organismes afin de pouvoir aider plus facilement les femmes à cet effet. La table régionale voudrait aussi présenter l’étude dans les centres femmes de la Chaudière-Appalaches et peut être, éventuellement, créer des ateliers pour aider à mieux redistribuer la charge mentale.