mercredi 23 avril 2025
Votre Journal. Votre allié local.

Transports > Actualités

Société de transports de Lévis

Électrification du transport en commun : l’ATUQ sonne l’alarme

Les + lus

Photo : Étienne Vallières

22 avr. 2025 02:27

Dans le cadre d’une conférence de presse regroupant les gestionnaires d’une dizaine de sociétés de transport de la province, l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ) a demandé au gouvernement du Québec de revoir sa stratégie en matière d’électrification afin de mieux protéger les services et de répondre aux besoins des usagers, le 22 avril.

Dans son Plan pour une économie verte (PEV), le gouvernement provincial a ordonné aux différentes sociétés de transport de la province d’électrifier 55 % des autobus urbains d’ici 2030. Selon l’ATUQ, c’est une cible qui est irréaliste et qui doit être revue.

«Les sociétés de transport déplacent 400 M de personnes par année, explique Harout Chitilian, directeur général de l’ATUQ. La durée de vie utile des autobus est de 16 ans. Chaque année, il faut donc remplacer un autobus sur 16 des 4000 au Québec. À ce rythme, nous arrivons à un chiffre théorique de 43 %, ce qui ne correspond pas aux attentes gouvernementales. En pratique, c’est encore plus irréaliste, puisqu’il faut mettre en place des infrastructures de recharge, acheter des autobus, adapter les modes d’opération, former les employés et mettre en place des mesures de mitigation particulières. Les chiffres réels sont donc beaucoup plus bas que le 43 % théorique.»

Si l’ATUQ a effectué une sortie publique afin de se faire entendre par le gouvernement provincial, c’est qu’elle considère qu’elle n’est pas écoutée par la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault. L’organisation se dit sans réponse lorsqu’elle martèle que la fin du financement pour les autobus électriques pourrait créer des bris des services, surtout considérant l’impact environnemental de l’électrification de la flotte d’autobus.

«Si on électrifiait l’ensemble du parc d’autobus de nos sociétés de transport, la réduction de gaz à effet de serre serait seulement de 0,4 %. Imaginez tous les milliards de dollars qu’on va dépenser dans un contexte budgétaire précaire pour 0,4 % de réduction. Dans le présent contexte, le maintien de cette orientation risque d'accélérer le vieillissement du parc, d'alourdir les coûts d'entretien, de diminuer la fiabilité du service et, ultimement, d'impacter directement les usagers et usagères du transport collectif», explique les représentants de l’ATUQ.

Des propositions concrètes

Lors de sa conférence de presse, l’ATUQ a présenté quelques propositions qui aideraient les sociétés de transport de la province à réformer la stratégie d’électrification.

D’abord, l’organisation somme le gouvernement provincial de recentrer sa stratégie sur les besoins des usagers du transport collectif en réaffirmant sa mission, soit d’assurer des déplacements sécuritaires, fiables et accessibles à l’échelle du Québec.

Encore parmi les propositions de l’ATUQ, le groupe exige que Québec confirme le financement des projets d’infrastructure pour lesquels les sociétés de transport sont en cours de réalisation et qui permettraient d’Accueillir les premiers autobus électriques pour lesquels le gouvernement a déjà autorisé l’octroi d’un contrat de plusieurs milliards de dollars.

Ensuite, l’ATUQ désire que la cible d’électrification de 55 % soit repoussée pour qu’elle soit plus réaliste et atteignable.

L’organisation demande également au gouvernement provincial de réviser ses programmes de financement pour permettre l’acquisition d’autobus hybrides, qui permettraient de «faire le pont avec le rythme adéquat d’électrification des autobus des sociétés de transport».

La situation à Lévis

Selon Steve Dorval, président du conseil d’administration de la Société de transport de Lévis (STLévis), les coûts d’électrification d’une petite société comme la STLévis auront un impact énorme sur les états financiers de l’organisation, à tel point que le gouvernement provincial devrait financer le projet à 100 %.

«La problématique qu’on a aujourd’hui, ce n’est pas la cible du gouvernement de vouloir électrifier, c’est l’échéancier, indique Steve Dorval. Si je dois payer sept ou huit millions de dollars pour avoir un garage pour les autobus électriques, je vais devoir couper dans les services offerts à la population. Si on pouvait le faire graduellement, on pourrait améliorer le service en même temps de réaliser l’électrification.»

Si la STLévis ne craint pas un bris de service en soi, elle sait que l’électrification de sa flotte ne permettra pas d’améliorer ses services.

«Si on investit dans l’électrification, c’est sûr qu’on ne peut pas investir dans les nouvelles lignes d’autobus, dans l’augmentation de la fréquence des autobus ou dans des nouveaux véhicules pour donner un meilleur service à la clientèle, souligne Steve Dorval. On a la société de transport qui a la plus belle croissance en termes d’achalandage à Lévis, ce n’est pas le temps d’arrêter.»

Les + lus