Ce projet aurait pour but de protéger la perpétuité des 272 hectares du secteur patrimonial de Ville-Guay et d’y conserver la fonction nourricière des terres agricoles sur ce territoire en sauvegardant «une agriculture dynamique dont l’histoire remonte à près de 350 ans». La fiducie est dite, par les représentants des organismes régionaux, comme «la seule option permettant de pérenniser les activités agricoles exercées sur le site, le développement du potentiel acéricole et la conservation des forêts et des milieux naturels répertoriés».
Une unité prendrait donc possession des terres et s’organiserait pour trouver des producteurs intéressés à cultiver. Ce sont des baux qui se signeraient pour plusieurs années et ces terres seraient louées.
Rappelons que le gouvernement provincial avait annoncé, en février dernier, aller de l’avant avec l’achat des terres de Rabaska, un défunt projet de 2007 qui visait l’installation d’un projet méthanier. Lors de cette annonce, le gouvernement provincial a annoncé que 109 hectares du site allaient être de retour en zone agricole tandis que les 163 autres hectares acquis allaient être consacrés à des fins industrielles.
«Lorsque le gouvernement l’a annoncé, on a salué le geste, mais on ne sait pas s’ils nous retournent la partie cultivée ou la partie boisée. Il est clair dans notre tête que nous voulons les 272 hectares. Ça fait 20 ans qu’il n’y a pas d’écoute et aujourd’hui, c’est le peuple de Lévis qui parle. Ce serait de vivre dans un monde de licornes que de croire que ces terres agricoles et forestières, une fois cloisonnées par les industries, survivront encore bien des années. Lorsqu’elles seront prises entre la zone urbaine et les industries, ce parc industriel deviendra très rapidement un cancer qui peu à peu s’emparera de chaque centimètre carré de notre garde-manger collectif. C’est à la population de se prononcer sur l’avenir de ces terres. Une fiducie est la solution qui s’impose», a indiqué Jean-Paul Tardif, président du Syndicat de l’UPA de Lévis.
Nouveau décret du gouvernement
Notons que, peu avant l’annonce des acteurs régionaux, Radio-Canada a rapporté que le gouvernement «s’apprête à couper l’herbe sous le pied des citoyens qui luttent pour conserver l’entièreté des terres de Rabaska» en adoptant un nouveau décret où «le gouvernement veut soustraire le dossier des mains de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) pour s’assurer du dénouement».
«Ce n’est pas surprenant. Je n’en souhaitais pas de décret. Passez par le processus normal des choses. Je crois que notre proposition est réaliste. Les gens de Lévis ne veulent pas d’industrie sur ces terres. Je trouve immoral qu’un gouvernement qui force les agriculteurs à respecter des normes très sévères au niveau environnemental veuille acheter les terres sur lesquelles les milieux sont très sensibles. D’un côté, ils nous disent de protéger les terres et de l’autre ils les mangent», a réagi Jean-Paul Tardif.
«C’est comme si le gouvernement demandait aux gens du milieu de mettre en place les bonnes pratiques, mais il ne le fait pas lui-même. On lui demande aujourd’hui de faire les bonnes pratiques. Un décret, c’est l’opposé de la démocratie. Ça se décide dans un conseil de ministres et ils arrivent d’un coup avec une décision qui est passée par-dessus tout le monde. On va appuyer jusqu’au bout les mobilisations sur le terrain», ont conclu Carole-Anne Lapierre, analyste en agriculture et en systèmes alimentaires chez Équiterre et coordonnatrice de l’Alliance SaluTERRE, et Françoise Legault, productrice maraîchère et porte-parole du Collectif Sauvetage pour le patrimoine agricole à Lévis et Beaumont.