Rappelons que le gouvernement du Québec a confirmé sa volonté d’acheter les terres de Rabaska, situées à l’est de Lévis, pour en faire un développement industriel. Le gouvernement a toutefois confirmé vouloir retourner 109 des 272 hectares en terre agricole, un projet qui est également en ligne avec la volonté du maire de Lévis, Gilles Lehouillier.
Parmi les actions touchant le collectif, un processus judiciaire a été enclenché par l’Union des producteurs agricoles (UPA) de Lévis avec la Société en commandite Rabaska, il y a déjà plusieurs mois. Une demande d’injonction temporaire a été effectuée lorsque l’UPA de Lévis a constaté que les territoires seront vendus. Celle-ci a toutefois été refusée par le juge.
Le processus judiciaire a été mis sur pause au mois de février 2024, lorsque le gouvernement a annoncé qu’il souhaitait acheter les terres de Rabaska. L’UPA de Lévis avait obtenu une prolongation jusqu’au mois de septembre qui finalement a été renouvelé d’une nouvelle extension jusqu’au mois de mars 2025.
Ce processus a été enclenché en lien avec une clause du contrat initial qui sera transféré au gouvernement du Québec lors de l’achat.
«Il existe une entente entre l’UPA et Rabaska. Cette entente, ce qu’elle explique, c’est que si jamais le projet de port méthanier ne se fait pas, les deux parties font les efforts pour remettre l’ensemble des terres à la zone agricole. C’est une obligation contractuelle et cette obligation est transférée à l’acheteur annoncé qui est ici le gouvernement du Québec», explique Françoise Legault, agricultrice et porte-parole du Collectif Sauvetage.
L’UPA de Lévis attend donc que le nouveau propriétaire soit officialisé par la vente des terres afin de pouvoir poursuivre son processus judiciaire.
«La Société en commandite Rabaska est officiellement au registre des entreprises, le port de Québec a une offre d’achat, la Ville de Lévis a une résolution d’expropriation et le gouvernement du Québec dit qu’il va les acheter au complet. C’est ce qui nous bloque, qui est propriétaire? », ajoute Jean-Paul Tardif, président de l’UPA de Lévis.
Volonté de protéger les terres
En parallèle, en juin dernier, le ministre de l’Environnement, Benoît Charrette, a lancé un appel à projets d’aires protégées en territoire public méridional. Le Collectif Sauvetage a déposé un projet, le 10 octobre, touchant la protection des terres de Rabaska en zone agricole et pour tout ce qui touche la biodiversité et les milieux humides situés sur les 272 hectares.
Le ministère de l’Environnement a confirmé la recevabilité du projet le 17 octobre, mais, pour que Québec puisse procéder à l’analyse du dossier, une résolution d’appui des élus de la Ville de Lévis est nécessaire. La Ville de Lévis a toutefois refusé l’adoption d’une résolution d’appui à l’analyse du projet du collectif.
En conférence de presse, le Collectif Sauvetage a annoncé l’envoi d’une lettre en date du 3 décembre au ministre de l’Environnement qui lui demande de soulever l’obligation d’obtenir la résolution de la Ville pour aller de l’avant avec l’analyse du projet.
Dans celle-ci, on peut, entre autres, lire «notre projet vise la protection de la biodiversité d’un territoire habité, terrestre et aquatique, dont le paysage et ses composantes naturelles, façonnés, au fil du temps, par des activités humaines en harmonie avec la nature, présentent un caractère distinct. La conservation de ce caractère nique dépend fortement de la poursuite des pratiques qui en sont à l’origine».
Le collectif poursuit en indiquant que «il est important de souligner qu’une résolution d’appui de leur part ne représentait pas un engagement de soutien au projet, mais simplement l’étude de la demande».
Miser sur l’acceptabilité sociale
En marge de cette lettre, une pétition a également été lancée par le Collectif Sauvetage et a été soutenue par le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti. Ceux-ci souhaitent démontrer que les citoyens de Lévis et d'ailleurs veulent la création d’une aire protégée agricole et naturelle sur le territoire de Rabaska à Lévis. Au moment d’écrire ces lignes, la pétition comptait près de 700 signatures.
«On appuie le Collectif Sauvetage depuis le début parce que les terres agricoles au Québec, dont celle du projet Rabaska, sont extrêmement précieuses et on ne peut se permettre d’en perdre une seule», explique Sol Zanetti quant à l’implication de son parti dans cet enjeu.
Le Collectif Sauvetage prévoit également multiplier leur présence sur le territoire afin de sensibiliser les gens à leur cause. Des pancartes, des cartes d’affaires, de la distribution d’informations seront réalisées par le collectif qui souhaite prouver au gouvernement que leur projet n'a pas l'acceptabilité sociale.