dimanche 22 décembre 2024
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Chambre de commerce et d'industrie du Grand Lévis

Kim Thúy invitée à la CCIGL

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Photo : Aude Laurence Lamontagne

19 déc. 2024 05:30

Le 10 décembre s’est tenu le Brunch de Noël de la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis (CCIGL) avec Kim Thúy comme conférencière invitée. Elle a raconté son parcours atypique ainsi que les événements marquants de sa vie comme réfugiée vietnamienne, événements qui auront inspiré l’écriture de ses romans à succès international.

Kim Thúy a quitté le Vietnam à l’âge de 10 ans comme «boat people», quelques années après la Guerre du Vietnam. Ce sont 218 personnes entassées dans un petit bateau de pêcheur faisant une dizaine de mètres qui se sont enfuies avec l’espoir d’une vie meilleure. Les chances de survie étaient alors presque impossibles.

Après avoir quitté son camp de réfugiés vers le Canada, elle et sa famille se sont installées à Granby, où elle a vécu une grande partie de son enfance. Elle raconte y avoir été accueillie à bras ouverts par les gens du coin, qui souhaitaient venir en aide aux nouveaux arrivés. Elle était alors fascinée par la différence culturelle, mais également par la langue française, qui lui a permis d’apprendre des mots dont elle ne connaissait pas le sens ou l’existence.

Son parcours

Diplômée en traduction et en droit, Kim Thúy a pratiqué plusieurs métiers, dont couturière, avocate, interprète ainsi que propriétaire de restaurant avant de se lancer dans le domaine de l’écriture.

Après la fermeture de son restaurant, alors qu’elle était dans la quarantaine, Kim Thúy a confié que son conjoint l’a placé en «assignation à domicile» puisqu’elle avait l’habitude de changer d’emploi aux cinq ans et était indécise quant à sa carrière.

Durant «ce mois de pénalité», elle s’est rapprochée d’un ancien client de son restaurant, André Dupuis, avec qui elle échangeait des moments d’amitié. Il lui a alors demandé de voir ses notes et a ensuite proposé à l’autrice de les présenter à la maison d’édition avec qui elle fait affaire aujourd’hui.

«Quand l’écriture est arrivée dans ma vie, c’était vraiment accidentel. Je n’avais jamais pensé que je pouvais devenir écrivaine, car pour pouvoir le faire, il fallait maîtriser une langue quelconque. Je fais encore des fautes grossières aujourd’hui, après 45 ans de vie au Québec», a partagé Kim Thúy.

Son parcours d’écrivaine s’est entamé peu de temps avant la fermeture de son restaurant, alors que l’autrice a commencé à rédiger des notes. Ses notes se sont transformées en texte et son premier roman, Ru, a été publié aux Éditions libre expression en 2009. Ru raconte son parcours en tant que réfugiée vietnamienne, son arrivé au Québec, ses études, sa famille ainsi que la vie de son enfant autiste.

«J’écris pour une seule raison, c’est pour partager la beauté de nous, les êtres humains devant l’adversité. Comment on peut devenir tellement plus grand que soi. Comme ces gens de Granby, ils ont réussi à être plus grands que nature. Je sais que ce ne sont pas tous les immigrants qui ont eu la chance d’une arrivée ou d’un accueil aussi extraordinaire que le mien. Je tiens à le répéter et à le dire autant et aussi souvent que possible pour rappeler à nous tous qu’on a cette capacité-là. On a oublié qu’on est capable d’être grandiose. On ne réalise pas à quel point on a un impact sur l’autre», a ajouté la romancière.

La conférencière a souligné que bien qu’elle ait habité seulement 10 ans au Vietnam, son parcours a exercé une grande influence sur la femme qu’elle est aujourd’hui. Elle a expliqué que, pour elle, d’avoir immigré au Canada, ce n’était pas seulement d’apprendre une nouvelle langue, mais «quand on a une deuxième culture, on aime encore plus notre première et notre deuxième». Elle a soulevé la beauté au sein de la différence.

«Quand on vit dans une société aussi parfaite que la nôtre, c’est-à-dire que tout fonctionne, qu’il neige, qu’il pleuve, peu importe, nous avons des moyens pour y arriver. On s’attend à ce que tout le monde soit à table, que tout soit parfait. Quand tu viens d’un pays où c’est une zone de conflits, tu ne sais pas. La personne peut ne pas arriver parce qu’elle a marché sur une mine. Il y a un lâcher-prise étrangement dans un milieu imparfait, on accepte beaucoup mieux l’imperfection, on ne contrôle plus rien», a-t-elle conclu.

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