Par Jean-David Beaulieu
Nous avons assisté aux pétulants appels à l’injustice émanant de l’Hôtel de Ville chez nos voisins du nord. La décision du ministère des Transports de redonner aux citoyens de Lévis leur propre argent afin de financer leur transport en commun plutôt que de le détourner afin de financer des lignes d’autobus dans le fin fond de Val-Bélair a crée un festival de chemises déchirées, de rideaux grimpés et de grands chevaux montés sur l’autre rive.
Menée par le chef de l’opposition, tel une præfica[i] de la Rome antique, Claude Villeneuve a donné le ton des lamentations. Affublant cette décision d’une logorrhée d’épithètes aigries, Bruno Marchand, maire de Québec, emboîtant la parade, on dénonçait à hauts cris la décision de la CAQ de verser «enfin» à la Ville de Lévis les 1,3 M$ détournés annuellement dans les poches des résidents de Lévis par l’entremise du paiement de leur plaque d’immatriculation, pour financer le transport en commun de l’autre côté du fleuve.
Bon, certains pourraient dire qu’il va de soi que les Lévisiens contribuent au financement du transport en commun à Québec vu la magnanimité légendaire des Lévisiens et leur dépendance aux lignes 800 et 801. Je leur répondrai que certes, nous sommes généreux avec nos concitoyens, mais que la vaste majorité des Lévisiens bossent à Lévis et que de financer un RTC qui n’est pas capable d’arrimer ses horaires avec ceux du traversier n’a rien pour convaincre. Et que, pour clore le débat, vu leur nature particulièrement allergique aux taxes superflues, les gens de Lévis n’ont aucun intérêt à financer la gestion obèse de la pire société de transport des 10 plus grandes villes du Québec, en excluant la biprovinciale STO.
Bref, les seules larmes des Lévisiens que vous verrez couler sur ce dossier en seront d’humidité joyeuse lorsqu’ils prendront conscience que 100 % de leurs redevances seront investies chez eux pendant que les Dépensiers du Nord verront leurs redevances sur l’immatriculation augmenter de 60 $ annuellement afin de financer le salaire des 500 cols blancs qui encadrent les chauffeurs à 100 000 $ du RTC.
[i] L'Encyclopédie de Diderot et D’Alembert décrit l'usage de la Rome antique de placer des pleureuses en tête de cortège funéraire pour améliorer l'aspect de leurs funérailles. Elles étaient menées par une præfica qui donnait le ton des lamentations.