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La MRC adopte son règlement

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Photo : Mélanie Labrecque

14 févr. 2025 02:45

Lors de sa séance du 12 février dernier, la MRC de Lotbinière a adopté son règlement modifiant le schéma d’aménagement et de développement révisé (SADR) qui intégrait et bonifiait des dispositions relatives aux éoliennes commerciales. Il s’agit du règlement qui avait soulevé des craintes chez des citoyens pendant la consultation publique du 8 janvier. Malgré les questions et mémoires envoyés, il a été adopté sans aucune modification par le conseil des maires.

«La MRC avait déjà un règlement en vigueur qui encadrait l’implantation d’éoliennes. Nous avons décidé d’intégrer cette nouvelle réglementation à son schéma d’aménagement en tenant compte des inquiétudes exprimées durant les deux dernières années, notamment en ce qui a trait à la protection du territoire agricole. Concrètement, on lui a donné plus de mordant pour mieux protéger le territoire», a expliqué le préfet de la MRC de Lotbinière, Daniel Turcotte, avant l’adoption du règlement.

Parmi les modifications que le règlement amène, il y a la distance proposée entre une éolienne et un bâtiment qui passe de 500 à 700 mètres. Il intègre la notion d’usages sensibles et de rayon de protection autour de ceux-ci. Il prévoit des distances séparatrices avec les chemins publics. Il ajoute des distances à respecter près de tous les bâtiments, une norme de 300 autour des tourbières et le maintien des dispositions du précédent règlement.

Daniel Turcotte précise qu’en tenant compte de la forêt de la Seigneurie, c’est 90 % du territoire de la MRC de Lotbinière qui est préservé du développement éolien. Par ailleurs, ce règlement, poursuit-il, n’a pas été adopté uniquement pour le parc Lotbinière-Ndakina, mais en pensant à l’avenir. «Il est adopté pour protéger le territoire agricole et pour instaurer des normes d’implantations plus encadrées sur le territoire des 18 municipalités de Lotbinière.»

Cependant, les villes ne pourront pas y inclure des dispositions locales.

«Je veux rappeler que les élus de Lotbinière se sont positionnés en faveur du développement éolien au bénéfice de toutes nos communautés. Il est de notre responsabilité de faire preuve de leadership et d’aller de l’avant avec cette modification. […] L’acceptabilité sociale ne veut pas dire l’unanimité sociale. Je pense qu’on peut dire, sans se tromper, que la vaste majorité des citoyens sont d’accord pour avancer», a conclu M. Turcotte.

Questions et inquiétudes

Plusieurs citoyens ont pris la parole lors de la période de questions qui a précédé l’adoption du règlement. Certains ont rappelé que personne n’avait été consulté sur l’implantation des éoliens et voulaient savoir ce qui avait été modifié dans le règlement. En apprenant que les questions et commentaires déposés pendant et après la consultation publique du 8 janvier n’ont eu aucun impact, une citoyenne s’est demandé si les élus «étaient vraiment intéressés à entendre les citoyens».

Un autre citoyen a demandé s’il était possible qu’un comité indépendant soit mis sur pied pour recueillir les plaintes des citoyens pendant la construction. On lui a répondu que le comité de liaison était là pour ça, mais que la question serait étudiée.

Une autre citoyenne s’est interrogée sur la protection des bâtiments agricoles. La distance prévue ne serait pas suffisante pour préserver les animaux.

Par ailleurs, un citoyen a fait part de ses préoccupations quant aux démarches des entreprises auprès d’agriculteurs situés plus au sud. Ils vérifieraient l’intérêt des producteurs à accueillir d’éventuelles installations. On lui a expliqué qu’il s’agissait de pratiques normales et que l’obtention d’un permis des municipalités n’était pas nécessaire.

L’UPA n’est pas rassurée

Au lendemain de l’adoption du règlement, le président du syndicat de l’UPA de Lotbinière-Nord, Denis Paquet, est loin d’être convaincu que tout est fait pour protéger les terres agricoles.

«C’est devenu un problème national. On sacrifie nos richesses collectives pour l’électricité, surtout nos terres agricoles. Elles deviennent des parcs industriels au profit des compagnies privées pour des retombées locales temporaires qui vont laisser des cicatrices sur notre territoire agricole à jamais. Notre tissu social aussi qui est brisé entre les citoyens et les producteurs», se désole-t-il.

À l’instar du Regroupement vigilance énergie Québec, M. Paquet souhaite qu’un moratoire sur le développement éolien soit mis en place pour qu’un Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) générique soit mis en place pour étudier la question.

Par ailleurs, il remet en cause la validité des consultations publiques, «Ce sont des séances d’information auxquelles on pose des questions. Ça prendrait des référendums dans chacune des municipalités. […] Les éoliennes, c’est une nuisance en milieu agricole dynamique et avec le dernier règlement, ça ouvre la porte à ce que ça s’étend à toute la MRC.»

 

 

 

 

 

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