Par Érick Deschênes
Un grave accident, c'est sensiblement ce qu’ont vécu une nouvelle fois les Canadiens de Montréal samedi soir, lors d’un match préparatoire contre les Maple Leafs de Toronto. La guigne des blessures, qui frappe le club montréalais depuis quelques années, a de nouveau frappé. La grande acquisition estivale du Tricolore, Patrik Laine, a dû retraiter au vestiaire au début du premier vingt, résultat d’une collision genou contre genou lors d’un contact avec l’attaquant Cédric Paré.
Selon plusieurs journalistes sportifs à Montréal, l’état-major des Canadiens s’attend à une longue absence pour le marqueur finlandais, lui qui avait déjà enfilé l’aiguille à 44 reprises lors de l’une de ses campagnes dans le circuit Bettman.
En un claquement de doigts, la Sainte Flanelle doit donc revoir à la baisse ses attentes en vue de la nouvelle campagne. Vous pouvez me taxer de pessimiste, mais avec l’absence pour une longue durée de Laine, je crois malheureusement que le Tricolore doit dire adieu à son objectif d’être cette saison une formation qui se battra pour une place en séries dans la conférence Est de la Ligue nationale de hockey (LNH).
Grâce à la progression des jeunes talents de l’équipe et l’arrivée de Lane Hutson pour une saison complète, on aura encore le droit à une saison où le CH aura un club combatif. Mais une équipe qui manquera au final d’outils pour prolonger son parcours au printemps. C’est dommage qu’un Ivan Demidov soit toujours en Russie, il aurait amené cette profondeur offensive qui aurait évité aux Canadiens de vivre la situation actuelle.
En effet, avec l’acquisition de Laine, Kent Hughes, le directeur général du Tricolore, réglait une lacune de sa troupe : la profondeur offensive des deux premiers trios des Canadiens. Au cours des deux dernières campagnes, la troupe de l’entraîneur-chef Martin St-Louis ne pouvait compter que sur son premier trio, mené par Nick Suzuki et Cole Caufield, comme dynamo offensive. La saison dernière, les équipes adverses n’avaient souvent qu’à maîtriser les deux droitiers et leur nouvel acolyte, Juraj Slafkovsky, pour paralyser offensivement le CH.
Malheureusement, la blessure de Laine ramène le Tricolore à ce niveau. Kirby Dach (s’il peut demeurer en santé) et Alex Newhook peuvent tirer leur épingle du jeu sur la deuxième unité, mais aucun autre attaquant actuel des Canadiens pouvant être appelé à lui succéder sur le deuxième trio n’est un compteur potentiel de 40 buts comme l’est le Finlandais.
Et à moins d’un nouveau coup de baguette magique de Kent Hughes, l’état-major des Canadiens ne pourra dénicher facilement un attaquant efficace pouvant évoluer régulièrement sur un deuxième trio dans le circuit Bettman. Pour ce qui est des transactions, les autres équipes attendront le club montréalais avec une brique et un fanal et demanderont la lune pour céder un marqueur désiré par le CH. Le directeur général des Canadiens ne doit pas tomber dans le panneau, soit celui de ne pas respecter son plan de reconstruction, en offrant trop de ses appâts pour acquérir un attaquant qui complétera Newhook et Dach et qui ne s’avérerait qu'un bandage sur la plaie.
En plus de l’absence de Laine, l’organisation montréalaise devra vraisemblablement se passer des qu services du défenseur autrichien David Reinbacher, son choix de premier tour en 2023, pour plusieurs mois. Le jeune espoir a lui aussi été victime d’une blessure au genou, samedi dernier. S’il ne connaissait pas un camp du tonnerre et qu’il semblait destiné à rejoindre le club-école du Tricolore à Laval, Reinbacher sera de nouveau privé de matchs qui l’aurait grandement aidé dans son développement. L’an dernier, l’Autrichien avait subi en Suisse une blessure à son autre genou, ce qui l’avait mis sur la touche aussi pendant un certain temps.
Personne ne mérite ça
En plus de transformer la fin du calendrier préparatoire de la Sainte Flanelle en véritable cauchemar, la blessure de Patrik Laine a pu démontrer la laideur de certains partisans au cours des derniers jours.
Ces «courageux» amateurs ont décidé de se défouler contre Cédric Paré, un hockeyeur de 25 ans de chez nous qui roule sa bosse dans le hockey professionnel depuis quelques années. Sans y penser une seconde avant de se laisser aller sur leur clavier, ils ont multiplié les menaces envers l’imposant attaquant ainsi qu’envers les membres de sa famille. C’est tout simplement dégoûtant!
Le hockey demeure un jeu. Un sport où il y a des contacts lors duquel malheureusement on peut se blesser, même sans se faire frapper. Cédric Paré n’a jamais voulu mettre en échec Patrik Laine pour le blesser et l’empêcher de vivre sa passion, qu’il partage avec le Finlandais tout comme les autres hockeyeurs. Personne ne mérite de voir ses proches et soi-même être menacés en raison d'un jeu!
Quelques réflexions
Toutefois, si Paré n’a pas voulu blesser Laine, les deux arbitres et les deux juges de ligne à l’œuvre samedi ont malheureusement pris une mauvaise décision. En n’appelant pas de punition majeure pour le geste du hockeyeur lévisien, ils ont perdu le contrôle du reste de la rencontre.
Par réflexe ou en manquant sa mise en échec à l’épaule, l’attaquant de l’équipe torontoise a frappé Laine genou contre genou, en tentant de ralentir le Finlandais dans son incursion en territoire torontois. Le jeu est toujours de plus en plus rapide dans la LNH et il se peut que les quatre officiels en fonction n’aient pas vu le contact. Malheureusement, la reprise vidéo les a fait mal paraître et a alimenté la frustration des joueurs du club montréalais ainsi que des partisans du Tricolore.
Une colère, qui, encore une fois, a fait prendre une mauvaise décision à Arber Xhekaj. Pour faire respecter le «bon vieux code non-écrit» de la LNH et venger son coéquipier finlandais, l’imposant défenseur s’est jeté à la première occasion sur Paré pour le mitrailler de coups de poing. Comme Paré n’a pas engagé le combat, Xhekaj a été expulsé de la rencontre par les officiels, pour avoir tenté d’amorcer une bagarre.
Grâce à sa merveilleuse idée, le défenseur a ainsi forcé son club à survivre pendant 55 minutes à quatre défenseurs, David Reinbacher ayant dû retraiter aux vestiaires pour de bon avant toute la saga Laine.
Il n’aurait pas été plus judicieux pour le «Shérif» de suivre l’exemple du vétéran et coéquipier en défense David Savard? Le grand gaillard québécois ne s’est pas gêné pour «donner du Sherwood» à Paré dès qu’il en avait l’occasion pour lui faire sentir que sa mise en échec sur Laine avait provoqué sa colère et celle de ses coéquipiers.
Ce n’est pas la première fois que Xhekaj tombe dans ce type de piège. Une bonne mise en échec légale, un coup de bâton sur les jambières de l’adversaire ou une mêlée où l’on se lance des bêtises tout en se bousculant sont plus efficaces que d’amorcer un combat seul et se faire expulser ou se lancer dans un pugilat et courir la chance de terminer la rencontre à l’infirmerie. Arber Xhekaj est l’un des hommes forts les plus craints dans le circuit Bettman.
Il devrait maintenant se concentrer sur son jeu défensif et éviter de mettre son équipe dans le trouble dès qu'il veut jouer le matamore, lui qui ne connaît pas un camp préparatoire du tonnerre avec les Canadiens.