Par Claude Genest – Collaboration spéciale
Il y a plusieurs années, j’avais eu une discussion sur le sujet avec mes collègues de l’ancien «comité économie» de la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis (CCIGL). À la suite de cet échange, le directeur général de la CCIGL de l’époque, Jérôme Gaudreault, m’avait informé qu’à ce moment il y avait «20 entreprises de transformation alimentaire qui représentent plus de 1 000 emplois directs» à Lévis. Voilà des chiffres intéressants pour les personnes qui s’intéressent à l’histoire économique et agroalimentaire lévisienne.
Pour sa part, le site Internet de la Ville de Lévis contient d’autres statistiques qui peuvent surprendre bien des Lévisiens de souche ou d’adoption. On sursaute en lisant que sur les 444 km2 formant la Ville de Lévis, 10 % seulement du territoire est urbanisé, 48 % sont cultivés, 36 % sont sous couvert forestier alors que les milieux humides comptent pour 6 % du territoire. Ajoutons enfin que l’on dénombre 120 fermes sur le territoire de distribution du Journal de Lévis. À la lumière de ces données, il va de soi que l’histoire agricole de Lévis et de tout ce qui en découle mérite d’être mieux connue.
Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire agricole de Lévis, l’ouvrage qui contient les pages les mieux documentées sur le sujet est celui publié sous la direction de Roch Samson, Histoire de Lévis-Lotbinière, paru en 1996 où j’ai d’ailleurs débuté dans le métier d’historien comme assistant de recherche à l’ancien Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC). Les équipes de recherche avaient fait des dépouillements importants de différentes sources documentaires et d’excellents chapitres de ce livre de référence traitent du volet agricole rédigé sous la plume d’Andrée Héroux.
Intimement liée à l’occupation du territoire et à la qualité des terres, l’histoire agricole a sans surprise des racines profondes sur la Rive-Sud qui datent de l’époque seigneuriale. En effet, on lit dans l’introduction du livre que la zone Lévis-Lotbinière est «une des plus anciennes zones de peuplement de la vallée du Saint-Laurent».
Avant le XIXe siècle, l’activité agricole est «le lot de presque tous les habitants», comme l’écrit Andrée Héroux. Même au recensement de 1831, les cultivateurs représentent 50 % de la population des paroisses de Saint-Joseph et de Saint-Jean-Chrysostome et 66 % à Saint-Nicolas. Dans l’est, le territoire s’urbanise davantage, si bien qu’en 1851, à peine 13 % des personnes de la paroisse Notre-Dame-de-la-Victoire sont des cultivateurs.
Le XXe siècle est marqué par de nouvelles réalités qui vont transformer le milieu agricole de Lévis comme ailleurs, soit un accroissement de la réglementation. Les mots quotas, subventions et assurance récolte font désormais partie du paysage sans compter la mécanisation, la croissance de la valeur des terres et la perte de terrains cultivables avec la montée de l’étalement urbain. Le Lévis agricole est donc un sujet vaste aux multiples ramifications, autant dans le passé que dans l’avenir.