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Une des spécificités de ces clientèles est qu’elle demande de l’assistance ou des soins tous les jours, et ce, à longueur de journée.
Propriétaire de RI pour les personnes âgées en perte d’autonomie, Rémi* indique, que ses résidents requièrent «trois heures de soins par jour, en moyenne, par personne. Ils ont besoin d’une assistance constante. Ça veut dire environ 15 minutes toutes les heures de la journée».
Joueur majeur dans ce domaine, comptant plus de 100 places en RI à Lévis, le propriétaire dénonce un impact important pour lui du manque de places dans ses ressources : l’aggravation des cas.
«L’impact que ça va avoir, c’est que le réseau va prioriser les cas plus lourds, donc c’est sûr que les cas qu’on reçoit sont toujours de plus en plus difficiles. Ce sont des personnes de moins en moins autonomes, avec plus de cas d’agressivité, qui sont plus dures à gérer», déplore-t-il, ajoutant également la pression que cela met sur le personnel des établissements.
Ces problèmes de comportement sont souvent moins abordés dans les RI. «On a eu des cas assez graves de personnes agressives qui battaient d’autres résidents. Que fait-on dans ce temps-là?, questionne Rémi. On appelle la police? La police débarque et s’en va au poste de police avec une personne âgée en perte cognitive. Les policiers ne sont pas équipés pour faire face à ça.»
Étant également propriétaire de résidences pour aînés autonomes ou semi-autonomes, Rémi souligne qu’il réussit à obtenir une certaine rentabilité en tant que propriétaire comme il compte des revenus plus diversifiés. Il constate toutefois que ce n’est pas tous les propriétaires de RI qui ont cette chance.
«Ils ont énormément de poids sur les épaules. Avec la pandémie et l’augmentation des coûts, ça leur coûte plus cher (d’opérer) et ils ne peuvent compenser que d’une seule façon : en travaillant plus. Ce n’est pas rare que je voie des petits propriétaires qui travaillent sept jours par semaine. Moi, j’ai un peu plus d’outils pour me battre et mettre des balises avec le réseau et ce n’est quand même pas facile», explique-t-il.
Pour le propriétaire, ce qu’il manque pour le réseau des ressources intermédiaires, c’est «le financement et la volonté politique». Un manque de reconnaissance pour le travail effectué auprès des résidents des RI est également observable, selon lui. Rémi conclut en disant ne pas être «optimiste» pour l’amélioration du réseau des RI dans un futur proche.
*Nom fictif pour protéger l’anonymat de l’interlocuteur.