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Crise du logement

Plaidoyer pour davantage de logements sociaux à Lévis

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Représentants de l'AQDR Lévis-Rive-Sud, de la CDC de Lévis, du FRAPRU, du GRT Nouvel Habitat et d'Espace Finances veulent des mesures concrètes pour s'attaquer à la crise du logement à Lévis. Photo : Gilles Boutin

15 janv. 2024 02:06

Avec des représentants d’organismes membres de Concertation logement Lévis, la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a fait une sortie sur le logement et la pauvreté à Lévis, le 15 janvier. Selon les organisations, la principale ville de Chaudière-Appalaches doit pouvoir compter plus de logements sociaux et communautaires «pour protéger les locataires lévisiens contre la crise du logement».

Pour étayer leur plaidoyer, le FRAPRU et les représentants du GRT Nouvel Habitat, d’Espace Finances, de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) Lévis-Rive-Sud et la Corporation de développement communautaire (CDC) de Lévis ont cité plusieurs données se trouvant dans le huitième Dossier noir sur le logement et la pauvreté du FRAPRU.

Véronique Laflamme, la porte-parole de cette organisation, a notamment rappelé que même si l’ensemble des ménages locataires lévisiens a un revenu médian plus élevé que ceux de la Chaudière-Appalaches, 4 550 ménages locataires lévisiens vivent en «logement inabordable», soit que ces derniers consacrent plus de 30 % de leur revenu pour se loger avec un revenu médian de 25 600 $.

Selon les constats du FRAPRU obtenus grâce à des données de Statistique Canada, 1 380 ménages locataires lévisiens consacrent plus de 50 % de leur budget à l’habitation avec un revenu médian de 19 000 $. D’ailleurs, 48 % des 3 780 ménages locataires de la Chaudière-Appalaches ayant des «besoins impérieux de logement», selon Statistique Canada, se trouvent à Lévis.

En ce qui a trait au portrait régional, 9 755 ménages locataires de la Chaudière-Appalaches consacrent plus de 30 % de leur budget pour se loger, avec un revenu médian de 23 000 $, et 2 930 ménages locataires de la Chaudière-Appalaches consacrent plus de 50 % de leurs sous à ce poste budgétaire, avec un revenu médian de 16 600 %.

Du même souffle, Véronique Laflamme a souligné que le taux d’inoccupation a chuté à Lévis de 3,3 %, en 2019, à 1 % en 2022. Une situation qui est aussi observée dans les autres grandes villes de la Chaudière-Appalaches. La rareté des appartements dans le marché lévisien a notamment eu un effet à la hausse sur les prix, le coût du loyer moyen étant passé de 864 $ en 2020 à 973 $ en 2022.

«À Lévis, et plus largement en Chaudière-Appalaches, il y a un contexte particulier, avec un très bas taux d’inoccupation. À Lévis, il n’a pas été aussi bas depuis 2010. Et ça teinte l’évolution rapide de la situation ainsi que de la situation des ménages locataires qui vivent déjà dans des situations de plus grande précarité. Il faut agir en amont avant que la situation ne se détériore davantage», a partagé Mme Laflamme, en ajoutant que les locataires sont en augmentation à Lévis alors qu’ils représentaient 34 % de la population lévisienne en 2021.

«Tous les jours, les organismes communautaires reçoivent des demandes de personnes en lien avec le logement. Et on constate que les personnes vulnérables le sont de plus en plus. […] Il y a beaucoup de constructions neuves à Lévis, mais elles ne sont pas accessibles pour les personnes ayant un revenu modeste», a quant à elle souligné Édith St-Hilaire, la directrice d’Espace Finances.

Aides gouvernementales demandées

 S’ils ont profité du point de presse pour saluer la récente annonce de la Ville de Lévis de construire 1 000 logements sociaux et abordables sur 10 ans, les intervenants estiment que le gouvernement fédéral, et particulièrement le gouvernement provincial, doit en faire plus pour s’attaquer aux impacts négatifs de la crise du logement à Lévis.

Plaidant pour davantage de concertation et soulignant l’importance que les logements sociaux et abordables concrétisés «soient exclusivement à but non lucratif», les organismes réunis le 15 janvier plaident déjà pour une réforme du nouveau Programme d’habitation abordable du Québec (PHAQ), qui a remplacé le programme provincial Accès Logis.

Selon Éric Gagnon Poulin, le directeur général du GRT Nouvel Habitat, le PHAQ doit être bonifié pour «qu’il devienne un programme autoportant», soit que les frais de réalisation d’un projet de logements sociaux et communautaires soient remboursés à la hauteur de 50 à 60 %.

M. Gagnon Poulin a alors déploré que dans sa forme actuelle, le PHAQ nécessite la recherche de multiples sources de financement pour compléter le montage financier d’un projet, ce qui rallonge la durée des préparatifs avant de lancer des travaux. Également, les intervenants réunis au Patro de Lévis n’ont pas caché leur déception face à la décision du ministère de l’Habitation de n’accorder le financement que pour un seul projet d’une centaine d’unités à Lévis (NDLR : Umano 1 – résidence pour aînés), à l’issue des deux appels de projets du PHAQmenés au cours des deux dernières années.

Ils espèrent donc que les gouvernements fédéral et provincial profitent du dévoilement prochain de leurs nouveaux plans en habitation ainsi que de son prochain budget, dans le cas de Québec, pour «offrir plus de prévisibilité» avec un programme de livraison de logements sociaux et communautaires, que ce soit par la construction de nouvelles unités ou la rénovation d’unités actuelles, étalé sur plusieurs années.

Concrètement, le FRAPRU aimerait que 50 000 logements sociaux et communautaires fassent leur apparition au cours des cinq prochaines années, tout en souhaitant que Québec conserve ou mette en place des mesures de protection pour les locataires dans sa réforme à venir pour le logement.

«La crise du logement est en cours et il faut maintenant agir. Pour notamment que la Ville de Lévis puisse atteindre ses objectifs, ça prend des investissements des gouvernements et un programme d’habitation qui marche. […] Plus on attend, plus ça va nous coûter cher, comme on a pu le voir dans les dernières années avec l’inflation», a conclu Mme Laflamme.

Vous pouvez voir plus de photos prises par notre photographe Gilles Boutin lors de la conférence de presse sur notre page Facebook.


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